* La conjoncture nationale et internationale, qui nest pas favorable, va peser sur certains indicateurs. * Plusieurs hypothèses, retenues par la Loi de Finances, peuvent être révisées. 2008 est une année difficile pour léconomie marocaine dans la mesure où la conjoncture nationale et internationale nest pas assez favorable. Dans ces conditions, les équilibres macroéconomiques sont-ils tenables ? Le gouvernement, confiant dans ses prévisions, affiche prudemment son optimisme. Mais plusieurs hypothèses établies par la Loi de Finances 2008 semblent difficilement réalisables. Au niveau national, la croissance sera impactée par les mauvaises prestations du PIB agricole. La campagne agricole na pas tenu toutes ses promesses. Les récoltes ne devraient pas dépasser les 50 millions de quintaux. Alors que les prévisions tablaient sur un niveau moyen de 60 millions de quintaux. Au niveau du PIB non agricole, la situation ne se présente pas sous de bons auspices. Les secteurs-phares de léconomie nationale présentent des signes dessoufflement. Le BTP, surtout limmobilier, a perdu de sa vitesse de pointe. Les produits sont devenus trop chers au point quils sont hors de portée des acquéreurs. Les promoteurs et les banques ont dressé le constat : 2008 ne présentera pas la même tendance de croissance que les deux années précédentes. Le tourisme, lui aussi, présente des résultats mitigés durant le premier trimestre. Si le nombre de touristes a augmenté de 14% durant le premier trimestre 2008, celui des nuitées a baissé de 4% durant la même période. Le phénomène a concerné les principaux marchés émetteurs (France, Espagne, Grande-Bretagne et Allemagne). Les touristes étrangers et les MRE semblent plus séduits par les maisons dhôtes, les riads et les résidences secondaires. Cette situation a eu un effet direct sur les recettes voyages qui ont atteint 11,7 milliards de DH contre 12,2 milliards à la même période de 2007, soit une baisse de 3,5%. Interrogés sur cette question, les avis divergent chez les opérateurs touristiques. Certains affichent leur optimisme et prévoient une reprise à partir de lété prochain. «Avec un Euro fort et des offres produits très attractives, la destination Maroc est toujours bien cotée et très accessible aux touristes européens», indique un voyagiste de Marrakech. Dautres restent très sceptiques et pensent que le marasme de léconomie mondiale et surtout européenne devraint réduire la demande de voyages à létranger. Lautre prévision de la Loi de Finances, qui sera difficilement réalisable, concerne le déficit budgétaire. Le gouvernement doit faire face à de grands efforts pour couvrir certaines charges. La compensation vient en tête des défis à relever. Le budget alloué à ce poste ne dépasse pas les 20 milliards de DH alors que les estimations plus réalistes avancent un niveau de près de 37 milliards de DH. «La Loi de Finances a fixé un prix de pétrole à 75 dollars le baril, il se négocie actuellement à plus de 125 dollars et il est probable quil grimpe jusquà 140 dollars pendant la période estivale, soit le double du niveau prévu par la Loi de Finances. Avec une année agricole en deçà de la moyenne, il est difficile de réaliser un taux de croissance aux alentours de 6% comme prévu par le gouvernement», a indiqué Youssef Oubouali, professeur à la faculté de droit de Settat. Un autre défi à relever concerne les dépenses publiques. Abbas El Fassi a donné ses orientations pour une forte maîtrise des dépenses de lEtat afin dhonorer tous les engagements de lexécutif dans le cadre du dialogue social. Les différentes augmentations de salaires et dallocations familiales devraient coûter au Budget de lEtat près de 16 milliards de DH. Le ministère des Finances mise sur lexcédent budgétaire de 2007 avec près de 10 milliards de DH et la croissance des recettes en 2008 pour faire face à ce renchérissement exceptionnel des dépenses publiques. Linflation est lautre indicateur très suivi par les observateurs et autres analystes de la macroéconomie. Selon la note dinformation relative à lindice du coût de la vie (ICV), publiée dernièrement par le Haut Commissariat au Plan (HCP), «lICV au cours du mois davril 2008 a enregistré une hausse de 3,7% par rapport à la même période de lannée 2007». La même source précise que «cette augmentation a concerné aussi bien les produits alimentaires, dont lindice a progressé de 6,4%, que les produits non alimentaires dont lindice a augmenté de 1,4%. Pour ces derniers, la hausse sinscrit dans une fourchette allant de 0,4% pour les «Soins médicaux» à 2,9% pour le groupe «Equipements ménagers». En comparaison avec le mois de mars, lICV est en progression de 1,3%. Lévolution à la hausse est toujours causée par limpact des produits alimentaires qui ont augmenté de 2,5%. Mais quen est-il des tendances inflationnistes pour le reste de lannée. «Si les conditions de renchérissement des prix perdurent, notamment la forte demande de consommation et une incapacité de loffre à y répondre, la hausse des coûts de production, linflation devrait être tirée vers le haut. LEtat aura peu de marge de manuvre pour contenir son augmentation», a expliqué Oubouali.