* Le projet de LF 2009 table sur un taux de croissance de 6%, un niveau dinflation autour de 2,5% et un déficit budgétaire de 3%. * La déprime de léconomie mondiale et la flambée des prix du brut vont perturber les équilibres. * Lamélioration des recettes fiscales est confrontée à une hausse des dépenses difficilement maîtrisable. Le département des Finances sactive pour achever le projet de Loi de Finances 2009 qui sera soumis au gouvernement et au Conseil des ministres pour approbation avant dêtre présenté au Parlement en octobre prochain. Le projet se veut ambitieux malgré une conjoncture économique nationale et internationale difficile. Il table sur un taux de croissance de 6% contre 6,8% pour 2008. Sans échapper à la règle des précédents textes, la LF 2009 est respectueuse des équilibres macroéconomiques, notamment le maintien de linflation et du déficit budgétaire respectivement autour de 2,5 et 3%. Pour ce faire, il ny a pas de remède miracle. Il est question de doper la croissance, daméliorer les recettes fiscales et de maîtriser les dépenses. «Le projet de Loi de Finances 2009 vise notamment à accélérer le rythme de la croissance, immuniser l'économie nationale, promouvoir la solidarité, réduire les écarts sociaux et régionaux et à instaurer un climat propice à la promotion de l'emploi, comme il comprend des mesures relatives à la réforme fiscale, la consolidation de l'économie sectorielle et à la mise en oeuvre des engagements pris dans le cadre du dialogue social», a indiqué Salahedine Mezouar, ministre de lEconomie et des Finances lors de la présentation du projet en Conseil de gouvernement récemment. Conscient de limpact dune conjoncture internationale difficile sur léconomie nationale, largentier du Royaume a, par ailleurs, souligné que «les prévisions de développement de l'économie mondiale requièrent la mise en place de mesures à même de préserver les acquis nationaux à travers la maîtrise du déficit et des besoins de trésorerie d'une part, et la préservation d'un cadre macroéconomique permettant de promouvoir les investissements privés nationaux et étrangers et de renforcer la compétitivité et l'intégration de l'économie nationale dans son environnement régional et international, d'autre part. Commentant ces données, le professeur Driss Benali, économiste, estime que «les objectifs sont réalistes mais encore faudraient-il quils soient réalisables. La flambée record des prix du pétrole devrait compromettre leffort de croissance, surtout que le PIB non agricole, notamment le secteur industriel, est fortement dépendant du facteur énergétique. La déprime de léconomie mondiale, surtout dans la zone Euro, pourrait à coup sûr avoir des effets néfastes sur léconomie nationale». Benali a souligné que «la demande des pays européens de produits marocains va se décélérer. Le phénomène est visible au niveau du tourisme où les principaux marchés émetteurs connaissent un certain marasme. Les exportations marocaines seront également pénalisées par le renchérissement de la valeur du Dirham adossé en grande partie à lEuro. Les économies en zone Dollar seront plus compétitives à lexport. Le textile est le plus touché par le phénomène de la baisse du Dollar et de la hausse de lEuro». Malgré une démarcation de plus en plus soutenue du secteur primaire, le PIB marocain continue de dépendre de la saison agricole. Le département de Salaheddine Mezouar table sur une récolte de 60 millions de quintaux. Pour certains observateurs, la saison agricole qui sachève devrait avoir ses effets sur la prochaine saison. Une récolte en deçà de la moyenne (50 millions de quintaux) ne permettra pas de constituer un stock de semences adéquat. Dautant plus que le cumul pluviométri que est insuffisant pour renforcer les retenues des barrages. «Les apports en eau pour lirrigation de certains périmètres irrigués comme ceux du Tadla, des Doukkala ou du Souss où le taux de remplissage des barrages est insuffisant, seront rationalisés», explique une source du Secrétariat chargé de lEau. Au niveau des recettes fiscales, la tendance à la hausse se confirme notamment avec une évolution favorable des principaux impôts (IR, IS et TVA). Le dépassement des objectifs nest pas à écarter surtout avec lamélioration des mesures de contrôle et de recouvrement. La baisse des taux dimpôt surtout lIS, a été un stimulateur pour beaucoup dentreprises. Le taux a été ramené à 30%. Dans le secteur financier, il va passer de 37% en 2008 à 35% en 2009. Lun des défis auxquels le gouvernement pourrait être confronté durant lannée en cours et au cours de lannée 2009, serait la maîtrise des dépenses. «Les engagements de lEtat dans le cadre du dialogue social, le lourd fardeau de la compensation devraient énormément peser sur le Budget. La situation déquilibre se fera comme pour lannée 2008 au détriment dautres postes budgétaires», a indiqué Benali.