- Toujours absents de la scène électorale, les sondages dopinion relatifs aux préférences de vote pourraient représenter un instrument de prévision fiable de la prochaine carte politique. - Si les partis politiques sont manifestement incapables de financer un sondage, ils ne sont pas non plus en mesure de trouver un terrain dentente sur léchantillon de la fiabilité des résultats. Ce nest pas tant la question de lobjectivité déventuels sondages qui semble guetter lesprit des acteurs politiques. Pour Lahlou Daoudi, membre du secrétariat général du P.J.D, «les citoyens marocains ne sont pas encore habitués à ce genre denquêtes où ils peuvent sexprimer ouvertement». «Il y a aussi un problème pour constituer un échantillon qui serait représentatif de lensemble du tissu social marocain», constate-t-il. Même si les sondages relatifs aux préférences de vote sont un instrument de prévision fiable, Lahcen Daoudi fait remarquer que «les instituts de sondage disposent actuellement de peu de données. Ce nest pas la question de leur neutralité qui se pose, mais cela tient plutôt de la récurrence des difficultés pratiques». Le membre du secrétariat général du P.J.D pense aussi que les partis nont pas lassise financière pour commander des sondages. Il suggère que «des rédactions se regroupent, par exemple, au niveau de Casablanca pour réaliser un tel sondage. Si on a des indicateurs pour la métropole, cest déjà pas mal», conclut-il. Aziz Chahir, enseignant chercheur à la Faculté Hassan II de Casablanca, croit pour sa part que les enquêtes relatives aux préférences de vote sont indispensables dans la démocratie. «Il y a une vertu démocratique certaine dans ce genre de prospection, constate-t-il ; il existe une série de conditions pour rendre les sondages crédibles. Il suffit de publier les données statistiques et techniques qui ont permis aux instituts de faire leur travail pour pouvoir contrôler la marge derreur». Aziz Chahir rappelle quun projet de loi sur les sondages dopinion a été élaboré par le gouvernement de Driss Jettou. «Un projet, fait-il remarquer, qui a posé les premiers jalons pour des enquêtes publiques», sans pouvoir se concrétiser encore. Il faut remarquer que face au taux dabsentéisme inquiétant qui plane sur les prochaines communales, ce genre de sondages de préférence de vote pourrait savérer comme un stimulant pour les électeurs. Généralement, les résultats publiés ont un effet de mobilisation chez les sympathisants et les sans-opinion en vue de leur permettre de prendre part au «jeu» politique. Ce qui frappe aussi, cest quil y a une confusion dans lesprit des acteurs politiques entre les résultats dune enquête et les lectures possibles quelle peut susciter. En dautres termes, la plupart des partis politiques ont encore peur de recourir à ce genre de procédé. A tort ou à raison, ils continuent à croire que lélecteur marocain préfère voter «en cachette», sans dire un mot sur sa réelle appartenance politique.