* Les prémices dune bonne campagne agricole se précisent. Le Maroc aura moins recours aux importations pour satisfaire ses besoins. * Le recul des tensions spéculatives, labondance de loffre et la faiblesse de la demande, devraient réduire les cours des céréales. * La part des importations alimentaires va sensiblement diminuer, permettant une amélioration de la Balance commerciale et des réserves en devises. Le Maroc payera moins cher sa facture alimentaire à limportation au titre de lannée 2009 et même pour le début de 2010. Plusieurs facteurs contribueront à cette tendance. Il sagit des prémices dune bonne année agricole qui commence à se préciser et dune baisse substantielle des cours des produits agricoles dans le marché mondial sous leffet de la baisse des pressions spéculatives et de la demande. En effet, les conditions climatiques favorables ont engendré un cumul pluviométrique très important. Lapport en eau a été bien réparti dans lespace et dans le temps jusqu'à la première semaine du mois de mars. Selon le ministère de lAgriculture, létat végétatif est très favorable dans lensemble des régions du Royaume. Les inondations de certaines régions, notamment dans le Gharb, ne peuvent avoir quun effet limité sur lensemble de la campagne agricole. Dautant plus que les programmes de reconversion et de substitution, par des cultures printanières, va considérablement limiter le manque à gagner. Le rendement de la saison agricole reste lié aux pluies du mois de mars et davril pour ce qui est du calibre des grains. Mais dores et déjà, les spécialistes annoncent une campagne à 70 millions de quintaux. Un scénario vraisemblablement raisonnable. Ce qui est déjà largement en - dessous de la moyenne et des 60 millions de quintaux prévus par la Loi de Finances. Dans un scénario plus optimiste, les récoltes devraient dépasser les 80 millions de quintaux. Dans les deux cas, les importations céréalières seront tirées vers le bas. Le Maroc ne va importer, dans le meilleur des cas, que 20 millions de quintaux. La valeur de ses importations va, elle aussi, être revue à la baisse. Lévolution mensuelle des achats de blé a révélé que le prix moyen de la tonne importée a baissé en janvier 2009 à 2.322 DH, soit le niveau le plus bas enregistré depuis une année. Cette tendance est aussi à souligner pour limportation des oléagineux. Les prix à la consommation des huiles de table pourraient être revus à la baisse. La part des importations alimentaires dans les importations globales va également reculer. Les statistiques de lOffice des changes pour le mois de janvier 2009 prouvent cette tendance : les importations alimentaires ont atteint 2.421MDH contre 3.208,8 MDH, soit -24,6% ou -787,8 MDH, comparativement à lannée 2008. Ce résultat est imputable à la baisse de 63% des approvisionnements en blé ou moins de 938,7 MDH en valeur. Pour les pommes de terre de semence, la régression est de 75 de MDH soit une baisse de 43,1%. Alors que le maïs a vu ses importations reculer de 68,3 de MDH, soit 27,1%. La part des produits alimentaires dans le total des importations sest située à 12,9% contre 13,5% en janvier 2008. La moyenne prévue au titre de lannée 2009 est en deçà de 10%. La crise internationale a eu des ondes de choc sur léconomie marocaine mais elle a, par la même occasion, eu des effets favorables sur certains paramètres économiques, surtout les importations alimentaires et pétrolières. Les raisons qui expliquent ce renversement de tendance sont plus liées à la quasi disparition des opérations spéculatives. Les fonds dinvestissement ont subi un sérieux coup suite à la crise. Le marasme dans la plupart des pays a fait que la consommation et, par conséquent, la demande ont sensiblement régressé. La course vers les biocarburants commence à sessouffler. Ces hydrocarbures de dernière génération, plus écologiques, avaient les faveurs des gouvernements à travers des mesures de soutien. Mais les déficits énormes engendrés par la déprime ont poussé les Etats, surtout occidentaux, à opter pour des choix budgétaires plus orthodoxes. Mais le plus important cest que le marché mondial des céréales sera bien approvisionné. Du fait que la plupart des pays importateurs de blé devraient connaître des récoltes satisfaisantes et que les pays exportateurs ont, à leur tour, maintenu leur rythme de production. Loffre devrait largement dépasser la demande. Dans son dernier rapport mensuel publié le 26 février, le Conseil international des céréales (CIC) estime les conditions climatiques pour le blé toujours favorables dans lhémisphère nord, ce qui conduirait à une récolte 2009 de 649 millions de tonnes. Selon lorganisation, peu de pertes dues à la rigueur de lhiver sont enregistrées, que ce soit en Europe, dans les pays de la Mer Noire ou aux Etats-Unis, même si le sud des grandes plaines américaines a besoin deau. Le CIC évalue la diminution des surfaces mondiales de blé à 1 % par rapport à lannée dernière et estime la récolte à 649 millions de tonnes, soit 5,7 % de baisse par rapport à 2008. La campagne 2009/2010 devrait toutefois démarrer avec un stock en reconstitution de 157 millions contre 115 millions de tonnes en 2007/2008, soit une hausse de 36 %. La baisse de la facture alimentaire aura un effet favorable sur la balance commerciale. Le déficit sera lui aussi ajusté à la baisse. Les importations alimentaires et pétrolières sont la cause de 50% du déficit. Avec moins de blé à importer, le Maroc pourrait épargner plus de 200 millions de dollars dans ses transactions avec létranger. Ce qui représente des gains au niveau des avoirs en devises.