* En tête figurent les tomates, les viandes rouges, les figues sèches et les produits de pâtisserie. * Le refus des éleveurs de vendre leur bétail et la faiblesse des importations en sont les principales causes. Le risque de flambée des prix lors de ce Ramadan sest confirmé dès les premiers jours. Les variations ne sont pas dans la limite de lacceptable comme cétait le cas les années précédentes. Mais pour certains produits, les augmentations dépassent parfois les 100%. A part les produits agroalimentaires dont les prix sont fixés ou sont insensibles à une fluctuation automatique et sévère du marché, les autres produits, notamment les viandes rouges, blanches, le poisson, les fruits et légumes et les fruits secs ont vu leurs prix progresser sensiblement. Certes, la demande joue un rôle important durant cette période pour tirer les prix vers le haut mais pour cette année, cest aussi une question doffre. Contrairement au discours officiel véhiculé par la Commission interministérielle chargée de suivre la situation du marché, laquelle «a enregistré avec satisfaction lapprovisionnement suffisant et régulier des marchés en denrées de première nécessité», une tournée dans les différents marchés montre clairement que le panier de la ménagère en ce mois sacré revient nettement plus cher. «A part les tomates qui ont flambé à cause de la vague de chaleur qua connue le pays durant les mois de juillet et août et qui a causé des pertes conséquentes aux agriculteurs, les autres produits nont connu pratiquement aucune augmentation», souligne la Commission. La détente des prix attendue pour les prochains jours semble peu probable. Le Ramadan est connu pour ses habitudes alimentaires exceptionnelles qui passent pratiquement du simple au double, à commencer par les viandes rouges dont les prix ont augmenté en moyenne de 17%. Ils se situent dans une fourchette de 70 à 80 DH le kilo en milieu urbain et de 65 à 70 DH le kilo en milieu rural. Cette flambée a accentué le phénomène de labattage clandestin. Une activité qui permet doffrir de la viande à moins de 55 DH. Selon les investigations de la Commission interministérielle, «cest une question doffre, les éleveurs préfèrent garder leur bétail». «Nous rencontrons de plus en plus de difficultés à nous approvisionner en marchandises bon marché. Loffre est en deçà de la demande», explique un chevillard du souk hebdomadaire de Sebt de Tit Mellil. Le comportement des éleveurs est compréhensible. Plusieurs facteurs lexpliquent. Ils préfèrent garder leurs bêtes pour lAïd El Adha qui sera célébré dans un peu plus de trois mois. «La faiblesse de loffre de moutons, lannée dernière, et la flambée de leurs prix durant les derniers jours avant lAïd ont incité les éleveurs à investir en masse pour cette occasion, espérant réaliser des marges conséquentes», a indiqué Mohamed Taki, président de lassociation déleveurs dans la région de Benslimane. Autre facteur qui a milité en faveur de ce phénomène, nous explique Taki : «les résultats favorables de la campagne agricole qui sest soldée par une abondance de laliment de bétail notamment lorge, la luzerne et le foin. Les récoltes ont permis également une nette amélioration de la trésorerie des agriculteurs, ce qui permet le déroulement de leur activité dans de bonnes conditions qui leur permettent de ne vendre quune partie du bétail ou de le garder en entier». Cette pression sur la viande ovine, fortement appréciée dans le monde rural, a eu un impact sur les autres types de viandes notamment bovine et caprine qui, à leur tour, nont pu échapper à la tendance haussière. Pour la viande blanche, malgré une baisse des prix de 10 à 15%, les produits avicoles continuent dévoluer dans une fourchette largement au-dessus de la moyenne. Les prix au départ de la ferme se négocient à partir de 15 DH tandis que les prix à la consommation, eux, évoluent autour de 18 DH. Les ufs sont également concernés par la flambée : leur prix est passé en moyenne de 1 DH à 1,10 DH. Pour le marché des légumes, la détente commence à se faire sentir. Une baisse de 10 à 15% est enregistrée. Mais le niveau des prix devrait descendre encore plus bas sil nest impacté par leffet de la spéculation. En effet, la différence entre le prix à la production et celui à la consommation demeure flagrante. Les mesures de contrôle et de répression restent insuffisantes pour rétablir lordre. La flambée a touché également dautres produits alimentaires fortement demandés en ce mois béni, notamment les dattes et les figues sèches. «A cause de la crise, nous avons jugé opportun de procéder à des importations mesurées. Tous les importateurs nont pas voulu saventurer pour des quantités importantes», a souligné un importateur à Derb Omar. Les figues sèches ont connu une hausse conséquente du fait de la faiblesse de loffre. Les produits importés, notamment de Turquie, sont vendus en moyenne à 100 DH le kilo. Les prix des autres produits très sollicités pour la pâtisserie comme le sésame, lanis, les noix de muscade ou la cannelle ont connu à leur tour un renchérissement sans précédent. La hausse se situe entre 25 et 50%. Les importations de sésame se font généralement à partir de lEgypte avec qui le Maroc est lié par laccord dAgadir. Les produits locaux sont de meilleure qualité mais ne peuvent satisfaire les besoins du marché national. Un retour à la normale est attendu pour les deux dernières semaines de Ramadan suite à la baisse de la demande. Les consommateurs devraient se tourner, en partie, vers dautres dépenses comme les articles vestimentaires à loccasion de lAïd ou de la rentrée scolaire.