* Certains producteurs se trouvent lésés car ils nont pas encore commercialisé leurs produits. * Les consommateurs et les éleveurs sont les principaux bénéficiaires, mais les prix nont pas encore connu de baisses sensibles. La décision du gouvernement de baisser les droits de douane sur les importations de céréales a eu un impact mitigé au niveau du secteur agricole. Cette initiative a été dictée par des considérations sociales. Il était question de venir en aide aux consommateurs, notamment les couches les plus défavorisés, datténuer le poids de la facture alimentaire à lapproche du mois sacré et de barrer la route aux spéculateurs et autres intermédiaires. Le département de tutelle ne voulait en aucun cas refaire la même erreur de lannée passée où la décision des exonérations est venue trop tard et les négociants en céréales ne pouvaient effectuer les achats sur les marchés mondiaux. Les prix ont atteint des niveaux record aidés en cela par des campagnes agricoles en deçà des attentes dans les principaux pays exportateurs. Chez les professionnels, les réactions divergent. Pour la Confédération de lagriculture marocaine (Comader), «il est question de préserver lintérêt des agriculteurs en leur permettant les meilleures conditions de commercialisation. Son Président, Ahmed Ouayach, prône une relation directe entre lagriculteur et les minotiers. «Certains collecteurs sont de mauvaise foi et essaient de tirer profit au maximum du système de compensation et de protection à des fins spéculatives. Ils faussent ainsi les mécanismes du marché», a-t-il affirmé. Certains gros producteurs de céréales dans la région du Gharb sont montés au créneau pour dénoncer cette décision qui, soulignent-ils, porte sérieusement atteinte à leurs intérêts. Une bonne partie des récoltes na pas été commercialisée lors de la décision qui est entrée en vigueur le 16 août dernier. Malgré lengagement de lEtat à fixer un prix à 300 DH. «Le marché des céréales a connu une flambée record après les moissons surtout durant les mois de juin, juillet et début août, après la décision de baisser les droits de douane», a souligné Mohamed Jilali, membre dune coopérative dans la région de Benslimane. Il a précisé que «la flambée était surtout due aux spéculateurs et non à une baisse de loffre». Le secteur de lélevage serait le principal bénéficiaire de la baisse des droits de douane. Le Maroc importe lessentiel de ses besoins de létranger, notamment le maïs et le soja. Pour Mohamed Adiwi, Président de lAssociation des producteurs de volailles (APV), «les prix du maïs ont légèrement baissé alors que ceux du soja restent stables en attendant larrivée des importations à bas prix». Il est à souligner que le marché mondial des céréales a connu ces derniers mois une certaine détente. Les prix sont revenus à leurs cours normaux. Lindustrie de lalimentation de bétail devrait profiter de lexonération des droits de douane jusquau mois de mai 2009. «Nous avons actuellement de la visibilité et nous pouvons produire dans les meilleures conditions», a souligné Mohamed Mohmal, administrateur chez Al Sahel. Cest tout le secteur qui devrait tirer profit dune offre abondante et bon marché des aliments de bétail. «Jespère que les prix baisseront davantage. Les coûts de production deviennent excessifs et insupportables pour tous les éleveurs surtout à lapproche de lAïd El Adha. Nous voulons éviter à tout prix le scénario de lannée dernière», a souligné Benbarek Fenniri, Président de lAssociation nationale ovine et caprine (ANOC).