La rivalité entre Mohammed Sajid et Karim Ghellab nest un secret pour personne. Les Casaouis qui suivent de près la gestion des affaires locales le savent très bien. Les deux hommes se livrent en fait une bataille sans merci. À lorigine du conflit entre les deux hommes : la mairie de Casablanca. Ghellab, seul candidat pour le poste, après le retrait de Khalid Alioua de la course, était sûr de lui. Conforté par sa majorité, issue de la Koutla (Istiqlal, USFP et PPS), et par un deal passé avec Sajid (représentant de lUC), Ghellab croyait la mairie dans sa poche. Mais clash ! À la dernière minute, Ghellab sort un lapin et rompt tacitement le deal avec Sajid. «À un certain moment, Ghellab ne répondait plus aux coups de fil de Sajid», nous dit un proche du maire de la ville de Casa. «Laccord entre eux consistait en loctroi à Sajid du poste de premier vice-président du Conseil de la ville. Cétait ce qui était convenu au départ. À lapproche des éléctions, Ghellab a changé davis et a proposé à Sajid le poste de 5ème vice-président», martèle notre source. «Cest à prendre ou à laisser», avait lancé tout juste après Ghellab à Sajid. Chose que Mohammed Sajid, en parfait soussi, na pas gobée. Et à quelques jours seulement des élections, lélu UC sest mis en rang de bataille. Et a fomenté un véritable putsch contre le jeune ministre istiqlalien. Ghellab a finalement perdu la partie. Et Sajid a gagné la main haute avec quelque 86 voix contre seulement 45 pour Ghellab. «Ghellab a même pleuré ce jour là», nous dit un témoin de la séance. Et depuis, sils ne se marchent pas sur les pieds, les deux hommes se renvoient des balles comme dans un court de tennis, au risque dentraver la bonne marche des projets de la ville. Et les exemples ne manquent pas : celui du train Al Bidaoui en est le plus parlant. Al Bidaoui, devant jouer le rôle de RER dans la ville, na jamais été ce que Sajid souhaitait. Derrière les blocages : lONCF, établissement public sous la tutelle de Karim Ghellab, ministre de lEquipement et des Transports. «Ghellab na pas fait ce quil devait faire pour quAl Bidaoui soit un véritable RER. Il a en revanche tout fait pour que Rabat ait son tramway avant Casa», nous dit une source proche du dossier. Sajid a, en effet, toujours reproché au département de Ghellab de sapproprier les projets de la ville. Mais monsieur le maire nest pas resté les bras croisés. Et profite de toute occasion pour intimider son rival. Sajid avait par exemple mis Ghellab dans une situation pour le moins embarassante en notifiant, par écrit, au ministre de lIntérieur, ses absences répétitives du Conseil de la ville. Autre exemple du bras de fer qui oppose les deux hommes : la convention des voies pénétrantes. Cette convention, signée entre la ville de Casablanca et le gouvernement, prévoyait le réaménagement de toutes les entrées entourant la ville. «Toutes les voies pénétrantes de Casa ont été réaménagées, sauf, comme par hasard, la route 50, dont la majeure partie traverse la commune de Sbata, fief électoral de Ghellab», nous dit une autre source proche du ministre. Lintention de Sajid est clair : rendre la monnaie à son rival et lui bloquer tout projet pouvant valoriser son bilan.