* En vue de répondre au souci de lamélioration du pouvoir dachat, les pouvoirs publics ont mis en place quelques «mesurettes» dans la Loi de Finances 2009. * Le Conseil de la concurrence mettra certainement du temps à être fonctionnel. * Lamélioration du pouvoir dachat des citoyens a encore de beaux jours devant elle. Dans le discours Royal prononcé à loccasion du 55ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, le Souverain a incité les pouvoirs publics à mettre en place les mesures nécessaires visant à lamélioration du pouvoir dachat. «Afin de compléter léventail des outils de soutien social, nous exhortons le gouvernement à mettre en uvre les mécanismes législatifs et institutionnels nécessaires pour renforcer le pouvoir dachat des citoyens, contrôler les prix et combattre la corruption», avait annoncé SM le Roi Mohammed VI. En élaborant la Loi de Finances 2009, les pouvoirs publics avaient fait de leur mieux en vue dintroduire cette variable. Ils ont introduit des «mesurettes» ayant pour leitmotiv lamélioration du pouvoir dachat des citoyens. Un pouvoir dachat qui na pas cessé de seffriter au cours des dernières années pour des raisons liées, entre autres, à la flambée des cours des matières premières. De lavis des responsables, ces mesures se veulent le prolongement dune démarche solidaire déjà entamée et qui repose sur la consolidation de la dimension sociale et des réformes profondes en cours dans plusieurs secteurs, lesquelles touchent, directement, le consommateur. Notons, à cet égard, que 55% du budget seront consacrés aux secteurs sociaux. Lenseignement vient en tête des secteurs devant faire lobjet de ces réformes. Dans le même sillage, le Souverain a demandé aux pouvoirs publics de «diligenter l'adoption du Code de Protection du Consommateur». Et aussi de «veiller à l'application stricte de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence - notamment en mettant en marche le Conseil de la concurrence - et ce, pour garantir une bonne gouvernance économique». Aujourdhui, la question qui se pose est la suivante : est-ce que la Loi de Finances 2009 a répondu au souci du Souverain en ce qui concerne lamélioration du pouvoir dachat ? LIR : La carte maîtresse Le Directeur des Impôts répond que le gouvernement a mis en uvre les instructions du Souverain dans la Loi de Finances 2009, à travers notamment le réaménagement du barème de limpôt sur le revenu. Il a ainsi été décidé le relèvement du seuil exonéré à 28.000 DH au lieu de 24.000 DH; la modification de toutes les tranches intermédiaires et des taux correspondants; la réduction du taux marginal dimposition de 42% à 40% applicable à la tranche de revenu supérieure à 150.000 DH au lieu de 120.000 DH. La Loi de Finances 2009 a également introduit dautres mesures ayant un impact sur lamélioration du pouvoir dachat des citoyens. Cest le cas, par exemple, du rehaussement pour les salariés du taux de labattement sur frais professionnels à 20% au lieu de 17% auparavant et du relèvement du plafond de ces frais à 28.000 au lieu de 24.000 DH. Autre mesure évoquée par N. Bensouda, la réduction pour charge de famille qui a doublé, passant ainsi à 360 DH au lieu de 180 DH, dans la limite de 2.160 DH qui correspond à six personnes à charge. Interrogé sur les retombées de la Loi de Finances 2009 sur lamélioration du pouvoir dachat, J. Kerdoudi, président de lIMRI, répond : «Les principales dispositions de la Loi de Finances 2009 pour répondre à la détérioration du pouvoir dachat des consommateurs sont la baisse de lIR qui va profiter aux salariés et aux consommateurs passibles de cet impôt». «Il faut noter également le maintien de la compensation sur certains produits (farine, sucre, gaz butane) dun montant de 30 Mds de DH. Enfin, le gouvernement a décidé de resserrer le contrôle des prix et la réactivation du Conseil de la Concurrence qui peut également aider à la stabilité des prix». Le président de lIMRI ajoute un autre aspect concernant notamment la baisse des prix des importations suite à la crise économique internationale. «Mais toutes ces mesures ne sont pas suffisantes, car ce qui augmente le pouvoir dachat cest principalement la création de nouveaux postes demploi dans les trois secteurs : primaire, secondaire et tertiaire. Or, dans ce domaine de création demplois, les résultats actuels ne sont pas encore satisfaisants», conclut-il. La création demplois traîne encore Aussi, en regardant de près, on remarque que lamélioration du pouvoir dachat nest certainement pas pour aujourdhui. Si on prend le cas du Conseil de la Concurrence, il ne faut certainement pas sattendre à des résultats dans limmédiat pour que ce dernier puisse stabiliser les prix et éviter les situations flagrantes de quasi-monopole. «Aussi, en matière dIR, la baisse du taux se traduit-elle par un petit plus pour les catégories sociales concernées. Sinon, le relèvement du seuil exonéré de 24.000 à 28.000 DH na aucune importance», annonce un fiscaliste. Il sexplique : «Parce que si lon divise 28.000 DH par 12 mois, on se retrouve avec un salaire mensuel de 2.333 DH. Or, le détenteur dun tel salaire, de facto, ne paie pas dIR. Parce que lorsque lon déduit du salaire net tous les frais liés à lAMO, les frais professionnels et autres, ce dernier nentre plus dans le champ dapplication de limpôt sur le revenu. Donc, cette mesure nest pas aussi consistante quelle paraît». Le comble cest que lapplication de la baisse de limpôt sur le revenu sur les salaires nest pas aussi systématique, et ce bien quelle ait été décidée dans le cadre de lamélioration du pouvoir dachat des citoyens. A ce sujet, les avis continuent de diverger. Certains considèrent que la répercussion de la baisse de lIR dépend du salaire négocié lors du recrutement. En effet, si le salaire négocié est le brut, dans ce cas, le patron est obligé de répercuter la baisse. Et dans le cas contraire, rien ne ly oblige. Mais en attendant le verdict de leurs employeurs, à fin janvier, les employés croisent les doigts. Au finish, ces mesures auxquelles tout le monde avait souscrit au départ pourraient ne pas conforter les espoirs de tous pour lannée 2009. Parce que lEtat ne peut pas faillir à sa fonction de garantir les rentrées budgétaires.