* A défaut dune mise à niveau effective, la libéralisation pourrait être dangereuse pour le tissu national. * Le commerce extérieur est le maillon faible de léconomie marocaine, et de grands efforts sont à faire tant du côté des pouvoirs publics que du secteur privé pour y remédier. * La demande interne ne se développe pas suffisamment pour plusieurs raisons. * Point de vue de J. Kerdoudi, président de lIMRI. * Finances News Hebdo : Peut-on savoir jusquà quel degré louverture commerciale pourrait être un stimulateur de la croissance économique ? * Jawad Kerdoudi : Louverture commerciale a un double effet sur léconomie dun pays. Lélément positif est quelle oblige les entreprises nationales à se moderniser et à améliorer leur productivité pour faire face à la concurrence étrangère. Par ce biais, louverture commerciale peut être un stimulateur de la croissance, dans la mesure où les entreprises nationales plus performantes peuvent augmenter leur production pour vendre sur le marché local et même à lexportation. Lélément négatif est que louverture commerciale peut entraîner la fermeture dusines si la mise à niveau nest pas effective. * F. N. H. : En dépit des propos rassurants des pouvoirs publics, la crise économique se veut désormais une réalité. Ne peut-on pas mettre cette situation sur le compte dune forte dépendance de lextérieur et une faible diversification des exportations ? * J. K. : La crise économique internationale agit sur léconomie marocaine dans plusieurs secteurs. Le premier secteur touché est celui des exportations, dans la mesure où la demande étrangère est plus faible. Cest le cas du secteur textile, et notamment de la confection où lon note une baisse des exportations. Cest le cas également de lindustrie automobile qui vit une grave crise internationale, et qui se répercute sur les fabricants marocains de pièces détachées. La crise économique internationale touche également le secteur du tourisme, celui des investissements directs étrangers, et les transferts des résidents marocains à létranger. La cause nest pas la forte dépendance vis-à-vis de lextérieur, car dans le cadre de la mondialisation, tous les pays dépendent plus ou moins de lextérieur. Par contre, vous avez raison en ce qui concerne la diversification des exportations. En effet, le commerce extérieur marocain nest pas assez diversifié, aussi bien au niveau des produits exportables quau niveau des marchés dexportation. Le commerce extérieur est le maillon faible de léconomie marocaine, et de grands efforts sont à faire tant du côté des pouvoirs publics que du secteur privé pour y remédier. * F. N. H. : Dans des situations pareilles, la demande interne est censée être une locomotive de développement. Quen est-il pour léconomie marocaine ? * J. K. : En effet, la demande interne peut suppléer à la demande extérieure. Encore faut-il que le pouvoir dachat soit suffisant pour pousser les Marocains à consommer plus. Prenons le cas du tourisme par exemple, la proportion des Marocains aptes à séjourner dans un hôtel 4 ou 5 étoiles est très faible. De même que la classe moyenne se concentre sur les achats vitaux, (tels que lalimentation, les transports, leau et lélectricité, le téléphone), et délaisse les autres achats, tels que lhabillement, les biens durables et les loisirs. * F. N. H. : Quest-ce qui, daprès-vous, empêche la demande interne de se développer au Maroc ? * J. K. : La demande interne ne se développe pas suffisamment, car la majorité de la population a un pouvoir dachat faible. Pour la développer, il faut augmenter les revenus des ménages. Cela passe principalement par la création demplois, doù la nécessité de développer les investissements aussi bien publics que privés, nationaux quétrangers. Cela doit passer également par la baisse de la fiscalité directe et indirecte. Malgré la baisse enregistrée en 2009, limpôt sur le revenu est encore trop élevé, et le taux de TVA de 20% est exorbitant.