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Entretien avec Jawad Kerdoudi, président d’IMRI : Le Commerce international en question
Publié dans Finances news le 06 - 03 - 2008

* Le commerce international continue de profiter davantage aux plus riches plutôt qu'aux pauvres.
* Le Maroc a signé plusieurs accords de libre-échange, mais jusqu'à présent, les résultats restent limités.
* La balance commerciale continue d'afficher un déficit chronique.
* L'ouvrage publié récemment sur le commerce international se veut une réponse à plusieurs interrogations.
Finances News Hebdo : L'évolution du commerce international continue de profiter essentiellement aux pays riches. Comment, d'après vous, les pays pauvres pourraient améliorer leur part dans la répartition des richesses ?
Jawad Kerdoudi : Effectivement, le commerce international profite à deux catégories de pays. Les pays gros producteurs de produits manufacturés tels que l’Allemagne, les Etats-Unis, la Chine et le Japon. En second lieu, les grands producteurs de matières premières (hydrocarbures et produits agricoles), tels que les pays du Moyen-Orient, le Brésil, l’Australie, l’Argentine. Les autres pays ne participent que très faiblement au commerce international. Pour aider les pays pauvres à développer leurs exportations, il faut augmenter l’aide publique, les investissements directs étrangers, le transfert de technologie et l’aide à une meilleure gouvernance. La CNUCED (Conférence des Nations Unis pour le Commerce et le Développement) veille à aider les pays en voie de développement à augmenter leurs exportations.
F. N. H. : En dépit de la réduction des tarifs douaniers, les pays développés utilisent des obstacles non tarifaires afin de limiter les importations pouvant porter atteinte à leur production nationale. Quel commentaire pouvez-vous nous faire ?
J. K. : En effet, les obstacles non tarifaires peuvent être extrêmement efficaces. Les plus utilisés ont trait à la normalisation des produits importés, qui peut être draconienne. Il s’agit, par exemple, des normes exigées par la Food and Drug Administration pour l’importation aux Etats-Unis des produits agricoles. On peut citer également les normes exigées par le Japon pour l’importation des produits industriels. C’est le rôle de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) de veiller à ce que ces normes ne deviennent pas des mesures de protection. Des accords dans ce sens ont été signés : l’OTC (Accord sur les obstacles techniques au commerce) et le SPS (Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires), qui ont justement pour but que les règlements techniques nationaux ne soient pas élaborés de manière à constituer un obstacle «déguisé» ou « non nécessaire au commerce».
F. N. H. : Le Maroc, nourri d'espoir, a signé plusieurs accords de libre-échange. Quelle évaluation peut-on faire aujourd'hui de l'impact de ces ALE et quelles sont les perspectives de développement pour le Maroc dans ce nouveau contexte ?
J. K. : En signant plusieurs accords de libre-échange, notamment avec l’Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie et les pays arabes, le Maroc a courageusement poursuivi la libéralisation de son commerce extérieur. Les bénéfices escomptés par notre pays sont le développement de nos exportations, et l’attrait des investissements étrangers en provenance de ces pays. Force est de constater qu’aujourd’hui les résultats ne sont pas satisfaisants. Les exportations n’ont pas évolué favorablement sur ces destinations, et les investissements, à part ceux provenant des pays arabes, n’ont guère augmenté. Cela pose le problème plus général de la compétitivité de l’économie marocaine. Dans le cadre de la mondialisation galopante, seuls les pays produisant des biens et des services dans le meilleur rapport qualité-prix, ont une chance de se placer durablement sur le marché mondial. D’autre part, les investissements étrangers font l’objet d’une concurrence effrénée de la part des pays d’accueil. Pour que le Maroc puisse tirer un meilleur profit des accords de libre-échange signés, il faut absolument qu’il améliore le rapport qualité-prix de ses biens et services. Il faut d’autre part assurer de meilleures conditions d’accueil aux investissements étrangers, notamment en ce qui concerne la disponibilité du foncier, l’amélioration de la fiscalité, et une meilleure Justice pour régler efficacement les litiges.
F. N. H. : La balance commerciale souffre d'un déficit chronique et le taux de couverture continue de se détériorer. A quoi peut-on imputer cette situation et comment y remédier ?
J. K. : En effet, la balance commerciale est structurellement déficitaire, et cela depuis de nombreuses années. La raison toute simple est que nos importations sont de loin supérieures à nos exportations. Du fait d’une production insuffisante, les importations sont très diversifiés : hydrocarbures, biens d’équipement, semi-produits, produits agricoles et de consommation. De plus, les matières premières : hydrocarbures et produits agricoles ont connu ces dernières années un renchérissement très élevé sur le plan mondial. De l’autre côté, la gamme des exportations est peu diversifiée : textiles, phosphates et dérivés, produits agricoles et de la mer, en constituent la plus grande partie. Il faut donc absolument rechercher et développer de nouvelles niches d’exportation, telles que par exemple l’exportation de pièces détachées dans les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique. Il ne faut pas négliger également les exportations des services : tourisme et sous-secteurs apparentés, et surtout les opportunités que présente l’offshoring (call-centers, activités de back-office). Ce n’est que par des secteurs novateurs que le Maroc pourra équilibrer à l’avenir sa balance commerciale.
F. N. H. : L'évolution de la balance des paiements montre que son excédent résulte essentiellement des transferts des MRE et des recettes liées au tourisme. Ne pensez-vous pas que cela lui confère une position de vulnérabilité face aux aléas extérieurs ?
J. K. : Il est évident qu’il est dangereux de dire que nous n’avons pas de problème, du fait que la balance des paiements est excédentaire. Comme vous le soulignez, les ressources financières qui équilibrent la balance des paiements sont précaires. Certes, les efforts faits par le Maroc au niveau du tourisme sont extraordinaires, puisqu’on est passé de 2 millions de touristes à 6 millions de touristes en 2007, et qu’on peut atteindre les 10 millions en 2010. Mais à Dieu ne plaise, cette tendance peut changer par effet de mode, ou pour des raisons de sécurité. De même, rien ne nous dit que les futures générations des résidents marocains à l’étranger, continueront à transférer leur épargne au pays. C’est pour cela que tout en défendant de toutes nos forces le tourisme et les transferts, il faut impérativement développer les exportations de biens et de services.
F. N. H. : Quelles sont les principales raisons qui vous ont incité à publier
un ouvrage sur le commerce international ?
J. K. : J’ai toujours été attiré par le commerce extérieur, que j’ai le plaisir d’enseigner à des étudiants MBA. J’ai passé une grande partie de mon parcours professionnel à l’OCE (Office de Commercialisation et d’Exportation), où j’ai confronté d’une façon concrète le problème des exportations. J’espère que ce petit ouvrage contribuera à la prise de conscience des problèmes, et qu’il permettra la mise en œuvre d’une véritable politique du commerce extérieur de notre pays, de concert entre le secteur public et le secteur privé.


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