* Frivolité des tendances touristiques, crise économique internationale autant de facteurs risque que le plan Cap 2009 devra étudier pour dégager une action à court terme. * Lannée 2009 est charnière pour le secteur, avec louverture de deux stations balnéaires du Plan Azur. * La refonte des métiers du tourisme sera abordée courant 2009. Formation, valorisation des ressources humaines, Plan Azur, poursuite des investissements, simulation du tourisme interne et, enfin, fidélisation de la clientèle étrangère ! Voilà un programme bien chargé pour lannée 2009 et ce nest pas gagné puisque cette année encore, la crise économique projette son ombre sur le monde entier. Pour cette dernière donnée, le ministère de tutelle a constitué une «task-force» chargée délaborer un plan danticipation volontaire baptisé Cap 2009. Ce plan durgence, pour ne pas dire de crise, devrait voir le jour à la mi-janvier pour permettre une action rapide et agressive à même de permettre au Maroc de consolider ses acquis touristiques et les performances enregistrées depuis le lancement de la Vision 2010. Autant dire que pour lannée 2009, le Maroc devra jouer au pique-assiette étant donné que lOrganisation mondiale du tourisme, elle, prévoit une croissance nulle de lactivité touristique dans le monde. Avec une rallonge budgétaire de 10%, dans le cadre de la Loi de Finances 2009, qui financera le projet CAP 2009, ce plan a pour objectifs datténuer limpact de la crise internationale sur le court terme par le lancement dactions à même de consolider les parts de marché et par le lancement dactions tactiques régionales de proximité afin de dynamiser lactivité touristique sur 4 régions prioritaires : Marrakech, Fès, Casablanca et Agadir. Ce nest pas chose aisée sachant pertinemment la frivolité des tendances touristiques dans le monde. Et surtout que les facteurs de risque de transmission des effets de la crise financière mondiale au niveau de lactivité touristique nationale tiennent à la forte concentration sur le marché européen. Ce marché représente plus de 75 % de lactivité accentuant ainsi la vulnérabilité du secteur face aux risques liés à ce marché européen, notamment la récession. Nempêche que le Maroc met les bouchées doubles pour consolider ses parts de marché au niveau des marchés émetteurs par lintensification de la communication et les contacts de proximité auprès des TO, média, sites Internet Dailleurs, lune des opportunités qui se présentent au pays en ces temps de crise est sa proximité géographique de lEurope laquelle se traduit par une baisse importante des coûts de transport et partant, du coût du package voyage. Ces deux facteurs cités, le Maroc devra faire face à un autre défi de taille : celui de maintenir la confiance des investisseurs, notamment ceux engagés dans le Plan Azur et le Plan Biladi. Tourisme interne : bouée de secours Le tourisme national est plus que jamais sous les feux des projecteurs. Dans son plan durgence pour lannée 2009, le ministère de tutelle accorde une grande importance aux nationaux, notamment en leur accordant des prix incitatifs. En effet, lanalyse par marché des statistiques touristiques à fin octobre 2008, met en relief le rôle important joué par les résidents dans la croissance des nuitées affichées durant le mois d'octobre. En effet, plus de 33% des nuitées additionnelles sont générées par les résidents. Et ce dautant plus quil y a une régression des recettes de voyages de 1,5 % à octobre 2008. Un coup de fouet a également été donné au Plan Biladi dont les projets seront développés sur des assiettes foncières dune superficie allant de 20 à 60 Ha pour un coût dinvestissement situé entre 300 et 450 millions de dirhams. La réalisation de ce programme, qui sétendra sur les huit régions les plus prisées par la clientèle nationale, permettra doffrir une capacité litière touristique additionnelle de 30.000 lits dont 11.000 en résidences hôtelières et 19.000 en camping dans le cadre de stations touristiques intégrées comprenant des équipements sportifs, danimation et de loisirs. Bien évidemment, il faut du temps pour voir ces projets aboutir. Mais cest déjà un gain de plus pour les nationaux souvent éclipsés par les touristes internationaux. Plan Azur, des capacités additionnelles salutaires La capacité hôtelière du Maroc augmentera en 2009 de 20.000 lits pour atteindre une offre totale de 160.000 lits. En grande partie, cette capacité additionnelle sera apportée par louverture de deux stations, en loccurrence Saïdia, en juin, avec 3.000 lits, et Mazagan, en octobre, avec environ 500 lits. Pour Lixus, les travaux ont commencé au niveau des premières unités; le premier hôtel Sofitel est à Mogador, et pour Taghazout, les constructions vont démarrer en ce mois de janvier. Cela dit, le ministre de tutelle a souvent été interpellé par la presse sur les retards quaccuse ce Plan quil a toujours imputé au caractère complexe de pareils projets. Cette complexité pourrait faire redouter un sérieux retard sur certains de ces projets, ce qui affecterait globalement leffet escompté de ce Plan. Rappelons, à juste titre, quaprès sa nomination à la tête du ministère du Tourisme et de lArtisanat, Mohamed Boussaïd a érigé lachèvement des chantiers avancés de la Vision 2010 (produit, promotion/marketing, aérien) en priorité. Au total, ces stations devront assurer une capacité additionnelle de 111.000 lits. Formation : vers un dénouement de la situation Lautre priorité de Boussaïd nest autre que la formation. Déjà à fin 2008, un contrat RH Hôtellerie 2008- 2012 a été élaboré conjointement par le ministère du Tourisme et de l'Artisanat et le ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle en concertation avec la Fédération Nationale du Tourisme et la Fédération Nationale de l'Industrie Hôtelière. Le contrat RH formalise un cadre institutionnel décrivant les résultats attendus, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Il engage chacun des opérateurs (public et privé) sur des actions ciblées et sur les moyens à mettre en place. Le contrat RH concernera, dans un premier temps, le secteur de lhôtellerie qui concentre 80% des besoins en emplois, mais sera, par la suite, étendu aux autres activités et métiers du tourisme. Ces métiers seront refondus avec une meilleure régulation, mais, pour cela, il faut batailler, même avec la certitude que des poches de résistance vont se créer. Une première initiative dans le sens de la refonte aboutira les 14 et 15 janvier lors du premier congrès national des métiers du tourisme qui se tiendra à Marrakech. Lannée 2009 sannonce donc charnière pour ce secteur dont la contribution au PIB devrait être portée à 20% à lhorizon 2010, avec une progression au rythme de 8,5% par an.