Né à Rome dans une famille composée de trois garçons et une fille, Giulio Frascatani, le président de la Chambre de Commerce Italienne au Maroc, a eu une enfance normale. Très tôt, il a mis la main à la pâte en aidant son père, seule source de revenu pour la famille, pour financer sa scolarité. Pour ce faire, Giulio Frascatani a laissé libre cours à son talent de chanteur et de guitariste. Aidé par son beau physique et ses amis, il devient «lElvis Presley» de la gare de Rome. «Javais beaucoup plus de cheveux quaujourdhui et nous attendions le train arrivant du Nord. Les femmes venant de France, de Suède ou dAllemagne étaient sous le charme de nos prouesses artistiques. Nous avons eu beaucoup de succès». Sa vie sera intimement liée aux trains. Comme ce jour où Giulio, qui venait de terminer ses études à la «scuola superiore», cest-à-dire ayant obtenu le Bac, est abordé par une dame qui descend à la gare. «Cétait en fait la ministre libyenne de lEnergie à lépoque dIdriss 1er». On est en 1967, et cette dame propose à Giulio de partir à Tripoli pour travailler chez Texaco. «Dans la vie, il faut savoir prendre les trains qui passent : ce fut le premier pour moi». Cétait la première fois où Giulio prenait lavion. Un exploit à lépoque. À son arrivée à Tripoli, le plus dur était à venir. «En signant mon contrat de travail, je navais pas fait attention que je devais attendre trois mois sans percevoir de salaire. Cétait une grande expérience de la vie. Je vivais de laide de mes subordonnés qui me ramenaient beaucoup de bananes. Et jai vécu de bananes pendant trois mois, à part les jours où jétais invité ! ça rend fort et ça forge la personnalité une expérience pareille !». Mais après le premier salaire, Giulio Frascatani se payera une belle vie et soffrira tout ce dont il avait rêvé. Mais le plus important a été les connaissances quil a accumulées dans le monde de lénergie. Lexpérience tournera court avec le renversement du roi Idriss 1er le 2 septembre 1969. Une date gravée dans la mémoire de Giulio Frascatani. «Les nouvelles autorités nous ont invités à quitter le pays. Et je suis retourné à Rome». Sage et mature, Giulio attaque la vraie vie et rejoint la société suisse Ciba, qui deviendra plus tard Novartis. Il est en charge de la partie commerciale pour lAmérique du Sud. Ce qui lui donnera lopportunité de voir du pays, et surtout de souvrir sur dautres cultures. En 1972, alors quil est dans un train reliant Rome à Milan, il ne peut sempêcher de lire une annonce sur le journal dun passager assis en face de lui. Il repère donc une annonce du groupe américain Dow Chemical qui cherchait à recruter un directeur des ventes pour lItalie. «Cétait le deuxième train que je devais prendre et sans trop réfléchir, jai déposé une demande et jai été recruté après avoir passé une entrevue». En plus dun physique de jeune premier, Giulio fut très avantagé par le fait quil parlait plusieurs langues. Il passera plus de trois ans en Italie en tant que Sales manager de Dow Chemical, quand un beau jour, il reçoit un coup de fil du PDG du groupe qui lappelle directement des Etats-Unis. «Cétait en 1977, le PDG mappelle pour me féliciter de mon travail et mannonce quil voulait mattribuer la responsabilité de gérer la région méditerranéenne à partir du siège du groupe à Casablanca. Jallais refuser, mais finalement jai décidé de partir à Casablanca pour une semaine, histoire de moffrir un voyage !». Il vient à Casablanca et tombe rapidement sous le charme de la ville et de ses habitants Et cest ainsi quil soccupera de la direction de la filiale du groupe qui deviendra plus tard Pfizer. Onze ans plus tard, Giulio Frascatani est nommé responsable des affaires gouvernementales du groupe à Bruxelles. «Il sagissait de développer des projets financés par la Communauté économique européenne. Ce fut une expérience inoubliable !». Mais la nostalgie du Maroc restera très forte et à la première occasion qui sest présentée, il est revenu au «bercail». «Jai fait tout ce que je pouvais pour revenir à Casablanca en 1997 en tant que responsable «agro-chemicals» de Dow pour lAfrique du Nord et de lOuest». Une occasion en or pour revenir à Casablanca et visiter dautres pays dAfrique. La consécration viendra en février 2006 quand Giulio Frascatani est nommé à lunanimité candidat à la présidence de la Chambre avant dêtre nommé par le Conseil dadministration de la CCIM, président effectif. «Jai approché la Chambre du côté managérial et non pas en tant que politique. Et jai fixé des objectifs ambitieux pour lItalie et le Maroc». En effet, depuis quil est à la tête de cette structure, il a multiplié les évènements, séminaires et délégations économiques de part et dautre. Son objectif est de défendre le Maroc auprès de la classe des affaires italienne. Le Maroc a trouvé en Giulio Frascatani un ambassadeur de charme, puisque dans lun de ses discours, lors dune rencontre daffaires en Italie, Giulio a mis en exergue la stabilité politique du Maroc, sa croissance économique continue, son processus de privatisations réussies, sa main-duvre qualifiée et compétitive La Chambre a également organisé plusieurs voyages de nos hommes daffaires dans les régions dItalie. «Il existe de grandes opportunités daffaires entre le Maroc et lItalie. Et cest un peu notre objectif dassister les Marocains qui veulent trouver des contacts économiques en Italie, et les Italiens qui veulent investir au Maroc. Ce travail formidable naurait pu être réalisé sans le staff de la Chambre, notamment Luca Pezzani, Loredana Russo, Nadia Zniber El Andaloussi, Abdellah Fennass, Fatiha Ouardani, Jouhra Kharmoudy et Sabah Farid. Sans ces femmes et ces hommes rien naurait été possible !». Une des collaboratrices de Giulio lui reconnaît un côté humain très développé. Ainsi, même sil veut blâmer une personne, rien ne lempêche de la saluer chaleureusement ! Ce côté business nest pas le seul objectif du président de la CCIM. Il veut donner tout son essor à lactivité sociale. Comme ce fut le cas quand loncle du joueur italien Totti est venu au Maroc et a offert à la CCIM deux maillots de lAS Roma ayant été portés lors de la Coupe du monde et qui, vendus aux enchères, avaient rapporté un bon pactole. «Les deux maillots ont été achetés à 9.001 euros, dont 70.000 DH ont été donnés à lorphelinat Enfant Espoir de Marrakech, et 20.000 DH à la maison qui accueille des Italiens sans famille au Maroc». Dailleurs, le 13 décembre, un repas de Noël sera gracieusement offert par la CCIM à ces Italiens, mais également à des Marocains dune maison de vieillesse. «Cest une satisfaction personnelle et une fierté de se rendre compte quà fin 2008, le bilan est très positif !». Marié à une Milanaise et père de deux enfants, Giulio reconnaît que toute cette carrière naurait été possible sans le soutien inconditionnel de sa famille. À 64 ans, et avec 42 ans dexpérience, il invite les jeunes à faire pareil pour devenir eux-mêmes les architectes de leur vie !