* Les missions dinspection auprès des sociétés de Bourse ont révélé bon nombre dirrégularités et de dysfonctionnements. Un avertissement a été même adressé au leader du marché, Attijari Intermédiation. * Lactivité «dépositaire» a été également passée au peigne fin. Attijariwafa bank en ressort la moins lotie, avec une totale inadéquation des moyens mis en place avec le niveau dactivité. * Deux sociétés de gestion dactifs ont fait objet dinspection sur place. De nombreuses zones de risque ont été détectées. Le CDVM na pas chômé durant lannée 2007. Sest-il bien acquitté de la mission qui lui incombe? On ne peut en juger. En tout cas, son rapport dactivité au titre de lannée 2007 fait état de plusieurs missions dinspection et de contrôle qui ont touché tous les acteurs du marché. Sociétés de Bourse, teneurs de comptes, entreprises de marché, dépositaire central, sociétés de gestion dOPCVM, organismes de placement en capital-risque (OPCR) Tout a été passé au crible. Et les conclusions du gendarme sont sans équivoque. Les dépassements et les irrégularités continuent de sévir. Et les choses ne saméliorent pas, semble-t-il. Chose que les rédacteurs du rapport nont pas manqué de signaler, parfois dun ton assez ferme. Sociétés de Bourse : les dépassements persistent Si par exemple on note que «durant lannée 2007, la majorité des sociétés de Bourse (SDB) ont procédé au renforcement des moyens pour exercer leurs activités dans des conditions plus sécurisées», pas plus loin dans le rapport, on peut deviner que les dépassements et irrégularités commis par les intermédiaires boursiers ont pris une ampleur on ne peut plus inquiétante. Et ce sur tous les volets. À commencer par le délai de transmission des états et informations exigés par le CDVM. «Les indicateurs de retard dans la transmission des documents au CDVM nont pas été améliorés par les sociétés de Bourse», notent les rédacteurs du rapport. Le taux de retard moyen est ressorti à 35%, soit le même niveau quune année auparavant. Il y a même des cas où ce taux dépasse les 70%. Cest le cas notamment de Sogébourse, filiale de la Société Générale, et dUpline Securities, réputés pourtant être de sérieux et de solides brokers. Pis encore, 123 dépassements des ratios prudentiels ont été enregistrés durant lannée, contre seulement 46 un an auparavant, soit une hausse de 167% par rapport à 2006 ! Parmi ces dépassements, 58 ont été tolérés par le CDVM pour diverses raisons, mais cela ne diminue en rien la gravité de la situation Surtout quand il sagit de manquements aux règles prudentielles. Les rédacteurs du rapport ont relevé par ailleurs que 70% des dépassements non autorisés ont été luvre dUpline Securities et de Safabourse. Une situation que lon explique essentiellement par «des insuffisances dans le suivi des risques au sein desdites sociétés ainsi que par une faiblesse du dispositif de contrôle interne». Upline a même écopé dune mise en garde suite «aux dépassements répétitifs non autorisés». Outre lactivité de suivi rapproché de lactivité des SDB que mène le CDVM, et qui a bien évidemment abouti à ces résultats, le gendarme du marché a effectué des missions dinspection (dites générales) auprès de 11 intermédiaires de la place. Deux dentre eux ont suscité lattention particulière des inspecteurs du CDVM, à savoir Attijari Intermédiation et Finergy. Le leader du secteur, Attijari Intermédiation, filiale de Attijariwafa bank, a dû écoper dun avertissement, suite au manquement à certaines règles techniques et déontologiques du métier, qui exposent la société, selon les rédacteurs du rapport, à «des risques financiers, opérationnels et déontologiques». La mission dinspection a en effet révélé «un non-respect des modalités de traitement des ordres de Bourse (horodatage et enregistrement des ordres téléphoniques), une défaillance au niveau du dispositif de contrôle interne, une relation commerciale avec la clientèle non systématiquement formalisée et une absence de muraille de Chine entre les différentes fonctions, chose qui met la société en situation de conflit dintérêts». Intolérable. Censé donner lexemple, le champion du secteur fait (bizzarement) fi de toutes les règles basiques qui régissent le métier. Attijari Intermédiation sest par ailleurs, lit-on dans le rapport, «engagée à mettre en uvre un plan daction pour remédier aux dysfonctionnements relevés». Les foudres du CDVM se sont abattues également sur la petite Finergy, qui a écopé dune menace davertissement ou de blâme, ou carrément de retrait dagrément. «La mission dinspection a permis de relever que la société ne dispose pas des moyens humains, matériels et techniques nécessaires à la conduite de son activité», lit-on en effet dans le rapport. Les dysfonctionnements repérés par les services du CDVM sont à ce titre édifiants : non respect des règles prudentielles, absence de dirigeant (après la démission de Noureddine Chammat), inadéquation du local de la société, insuffisance des moyens humains, défaillance du dispositif de contrôle interne, non respect des règles relatives à la matérialisation et lenregistrement des ordres, non respect des modalités de souscription aux opérations de placement et enfin non respect de certaines règles de bonne conduite par quelques membres du personnel. Un des négociateurs de la société a même reçu un avertissement verbal de la part du gendarme du marché. Et il nest pas le seul dailleurs. Deux autres négociateurs travaillant pour Upline Securities et Safabourse ont eu la même sanction. Et pour cause : «lintroduction plusieurs fois des mêmes ordres dachat dans le système de cotation de la Bourse, pour des raisons de course à la priorité», notent les rédacteurs du rapport. Teneurs de comptes : ATW très mal lotie ! En outre, huit autres inspections ont été également menées et ont concerné, cette fois-ci, les teneurs de comptes. Globalement, le satisfecit est général, sauf pour Attijariwafa bank. Il a été constaté en effet, à lissue de la mission dinspection réalisée par les services du CDVM, entre novembre et décembre 2007, que «les moyens mis en place par la banque ne sont pas en adéquation avec le niveau dactivité déployée, dans la mesure où ces moyens ne permettent pas dassurer lactivité de tenue de comptes titres dans des conditions sécurisées». Quelques dysfonctionnements ont été par ailleurs relevés chez CDG Capital et CFG Marchés, qui bien que disposant de moyens organisationnels, humains et techniques, en adéquation avec le niveau dactivité déployé, présentent quelques zones de risque. Pour le cas de CDG Capital, à titre dexemple, le contrat dassistance avec sa maison-mère (la CDG) pour la gestion de son activité de comptes titres na pas été préalablement approuvé par le CDVM. Et pourtant, il est bel et bien effectif ! Le dispositif de contrôle de premier niveau nest pas généralisé au contrôle des opérations pour le compte du Crédit Agricole du Maroc dont la CDG détient, faut-il le noter, une bonne partie du capital ! Le contrôle des OPCVM se fait en grande partie manuellement, ce qui remet en doute lefficacité dudit contrôle. Les comptes titres ne sont pas tous couverts par des conventions signées avec les clients Des irrégularités, somme toute, qui ont poussé le CDVM à fixer un plan daction avec ce teneur de compte, et veillera, selon le rapport, à sa mise en uvre effective. Sociétés de gestion : Deux inspections, deux plans daction Les sociétés de gestion (SDG) dOPCVM nont pas échappé, elles aussi, à lil vigilant du CDVM. Outre lactivité de suivi rapproché, basée sur les documents adressés par les SDG, le gendarme du marché a mené deux inspections sur le terrain et qui ont surtout concerné Al Istitmar Chaâbi, filiale du Groupe Banques Populaires, et Upline Capital Management. Résultat des courses : «Les deux sociétés de gestion disposent des moyens humains, techniques et organisationnels leur permettant dexercer leur activité de gestion dans un cadre suffisamment sécurisé et dans le respect des dispositions légales et réglementaires en vigueur», peut-on lire dans le rapport dactivité du CDVM. Toutefois, ajoute-t-on, «certaines anomalies ont été relevées». Pour Al Istitmar Chaâbi, il a été détecté «certaines déficiences au niveau des procédures, du système dinformation, de la gestion des risques et de la relation de la société avec les organismes apparentés, notamment avec ICF Al Wassit (société de Bourse du Groupe Banques Populaires)». Quant à Upline Capital Management, la mission dinspection a révélé quelques défaillances au niveau de lorganisation, des procédures, de la déontologie et de la gestion des risques». Les deux missions ont abouti ainsi sur des plans daction, élaborés en collaboration avec le management des deux gestionnaires dactifs, lesquelles reprennent, selon les rédacteurs du rapport, «des séries de mesures, avec leur délai de réalisation que les deux sociétés doivent entreprendre pour remédier aux différentes anomalies et insuffisances relevées».