La Bourse de Casablanca aura subi un sérieux revers durant l'année écoulée, au demeurant confirmé par une contre-performance de 3,31% de l'Indice Général. Pour l'année courante, les perspectives semblent plutôt favorables, notamment avec les privatisatio Les investisseurs qui ont fait confiance à la place casablancaise ne sont pas prêts d'oublier la volée de bois vert qu'ils auront subie au cours de l'année 1999, surtout après les performances exceptionnelles enregistrées les années précédentes : 30% en 1996, plus de 40% en 1997, 20% en 1998. Avec une contre-performance de 3,31% en 1999 malgré des prévisions qui furent à maints égards optimistes, il est clair que la désillusion fut grande. Ainsi, après avoir connu une hausse conséquente de 5,23% à 845,71 points au mois de janvier 1999, l'Indice allait, à partir de février, entamer une phase de régression qui a duré jusqu'en juillet (796,12 points) que l'on attribue à la publication des états financiers 1998 des sociétés cotées, dont la majorité ont eu un résultat net fortement grevé par la contribution à l'amnistie fiscale et par la constitution de provisions pour investissement. L'espoir d'une reprise du marché boursier fut pourtant pendant longtemps entretenu, surtout après que les résultats semestriels 1999 (en hausse de 56,09% entre le premier semestre 1999 et la même période de l'année 1998) furent publiés. A partir de juillet jusqu'en septembre, l'Indice a en effet repris un peu du poil de la bête avant d'entamer cependant une longue descente qui a abouti à une performance annuelle négative. De fait, les meilleures performances sont à attribuer aux holdings (comme Balima avec 74,68%), au secteur gazier avec notamment Afriquia Gaz et Maghreb Oxygène qui ont progressé toutes les deux d'un peu plus de 23% et à quelques sociétés du secteur automobile (Auto Nejma : 32,64% et Berliet : 72%). Parallèlement, la capitalisation a clôturé l'année avec une diminution de 6% à 136,43 Mds DH. Selon Safabourse, cette régression est imputable à la baisse des cours avec un recul plus accentué au niveau des grandes capitalisations par rapport aux petites et aux changements qui ont affecté le nombre de titres admis qui est passé de 181.905.486 à 182.555.805 titres entre le 31 décembre 1998 et le 31 décembre 1999. Cette faible progression (0,36%) est inhérente au changement de valeurs nominales (100 DH) de plusieurs valeurs dans le cadre de la nouvelle loi sur la société anonyme; aux fusions-absorptions de Samir-SCP et Ciments du Maroc-Asmar à des parités respectives de 9 pour 10 et 6 pour 5; aux trois nouvelles introductions en Bourse (Maghreb Oxygène, Afriquia Gaz, Auto Nejma) qui ont porté sur de petites capitalisations (2.489.750 titres apportés); aux augmentaions de capital qui ont porté sur les valeurs Maroc Leasing, Oulmès, LGMC, ONA, Diac Salaf et Diac Equipements. Quant au volume transactionnel, il s'est malgré tout apprécié de 62%, passant d'une année à l'autre de 58,17 Mds DH à 94,27 Mds DH. L'essentiel des transactions ont été réalisées sur le marché de blocs où les opérations stratégiques ont porté sur la SNI (dont l'ONA a finalement pris le contrôle) et la revalorisation des portefeuilles en fin d'année. Et pour expliquer ce revers subi par la place casablancaise, plusieurs raisons sont aujourd'hui avancées. Selon les analystes de Safabourse, la régression de l'Indice Général serait due : au ralentissement qu'a connu l'activité économique nationale avec un taux d'accroissement relativement faible (moins de 1%) suite à une campagne agricole 1998-1999 médiocre, ainsi qu'à l'effet des crises asiatiques et russe qui ont provoqué une désertion des investisseurs étrangers des places émergentes en général et de celle de Casablanca en particulier... D'autre part, soulignent-ils, vient s'ajouter le manque de communication des sociétés cotées qui se contentent de publier uniquement leurs bilans et CPC sans davantage d'informations qui peuvent servir d'outils à une évaluation financière transparente. A cet état de choses sont venus se greffer la désaffection des clients particuliers soucieux de rentabilité et de performance, le manque de papier nouveau en quantité et en qualité, la fiscalisation des plus-values boursières... L'année 2000 présente cependant des perspectives plutôt intéressantes. C'est du moins l'avis de plusieurs analystes. Selon Safabourse, la Bourse de Casablanca devrait pouvoir redorer son blason cette année au regard de la conjoncture économique favorable que connaît le Maroc et qui est déclinée en : l'amélioration de la situation des revenus dans l'hypothèse d'une année agricole favorable; l'amélioration de recettes touristiques grâce à la consolidation des acquis de l'année 1999; la non-reconduction de l'Accord de pêche entre le Maroc et l'Union Européenne; la reprise de l'investissement grâce aux mesures initiées par les autorités publiques pour l'orienter vers des secteurs porteurs et stimuler l'épargne privée; les projets de privatisation programmés (Maroc Telecom et RAM); les niveaux de valorisation attrayants et les fondamentaux solides de la plupart des sociétés cotées... Une chose est sûre : les signes d'une reprise ne se dégagent pas pour l'instant, l'Indice général jouant imperturbablement au yo-yo depuis le début de l'année. Ainsi, la tendance est plutôt à la baisse et l'on se demande dès lors quand est-ce que la place retrouvera un peu plus de punch... David William ENCADRE Quelques faits marquants de 1999 * La fusion-absorption de SCP par Samir par augmentation de capital de cette dernière par émission de 1.578.915 actions réservées aux actionnaires de la SCP et radiation en Bourse de SCP. * La fusion-absorption de Asmar par Ciments du Maroc et augmentation de capital de cette dernière par émission de 2.845.920 actions réservées aux actionnaires de Asmar et radiation en Bourse de Asmar. * Acquisition par Wafabank de plus de 34,42% du capital du Crédit du Maroc. * Acquisition par la SNI de 16% du capital de Brasseries du Maroc. * Absorption du cabinet Lahlou-Tazi par Agma... * Prise de contrôle de la SNI par l'ONA par l'acquisition de 11% du capital de la SNI. Suite à cette transaction, l'ONA détient 50% du capital de la SNI. * Première opération de rachat effectuée au Maroc initiée par l'ONA par l'acquisition de sa filiale Financière Diwan dans la perspective de sa radiation de la Bourse. * Emission de deux emprunts obligataires par la BNDE : le premier au mois de juillet d'un montant de 400 MDH pour une maturité de 5 ans et un taux d'intérêt de 7,95%; le deuxième au mois de novembre d'un montant de 500 MDH pour une maturité de 5 ans et un taux d'intérêt de 6,25%.