Sur le marché boursier, cétait le calme plat depuis un moment. Rien à se mettre sous la dent, à part, comme toujours, les quelques petites rumeurs habituelles. Benjelloun, malgré tous ses canaux dinformation, nétait pas arrivé à trouver ce que mijotait Oudghiri Jusquau jour où la nouvelle tomba : la BCM venait de soffrir Wafa Assurances. Une transaction qui laissa pantois les observateurs les plus avertis et traçait surtout les contours de la nouvelle géographie du microcosme bancaire, avec la naissance dune superpuissance financière. Le système financier atomisé, décrié à lépoque par les observateurs, cédait ainsi peu à peu la place à un système avec deux ou trois pôles financiers forts. Si cette transaction a recueilli dans limmédiat des suffrages favorables, du côté du clan Benjelloun, on se doute quelle dérangeait. Car lémergence dun nouveau pôle aux arguments financiers solides risquait de supplanter ce mastodonte quest Finance.com. Le soir de lannonce officielle de cette nouvelle, réunion durgence chez Benjelloun. Tout le monde y était, sauf Oudghiri bien évidemment. Il était injoignable ou, du moins, refusait-il de prendre le téléphone. Et ce malgré les multiples tentatives de Benjelloun. Ce dernier avait lair anxieux. Lui qui, dhabitude, détendait latmosphère, semblait perplexe, pensif, voire très perturbé. Pour qui connaît lhomme, lon se doute bien que beaucoup de choses trottaient dans sa tête. Son cerveau était en ébullition. - Bennani, je técoute, lança-t-il assez sèchement. - Comment ça vous mécoutez ?, répondit ce dernier visiblement surpris. - Mais tout ça se passe chez toi non !, renchérit Omary. Si tu ne nous informes pas, qui le fera ? - W Allah Al Aâdim je nen sais pas plus que vous. Tout ce que je sais, je lai su par la presse. Je suis presque tombé dans les pommes quand je lai appris. - Attends ! Ne nous dis pas que tu nétais pas au courant des transactions !, reprit Alami dun ton accusateur. - Je vous jure que non !, se défendit Bennani. Je nen savais strictement rien du tout. Et jusquau moment où je vous parle, personne ne sest adressé à moi personnellement pour me dire quoi que ce soit. Tout sest fait en catimini, dans le plus grand secret. Je nai été associé à rien. - Désolé, mais jai du mal à te croire, soutint Omary. Tu ne peux pas diriger une entreprise pendant pratiquement un quart de siècle et ne même pas être consulté quand il sest agi de la céder. Ce nest pas possible ! - Cest le cas pourtant !, coupa Bennani. - Je crois que Bennani est de bonne foi, interrompit Benjelloun. Oudghiri avait raison quand il lui disait quil navait encore rien vu. - Ce gosse est un sorcier, enchaîna Bennani. Depuis quil est revenu au Maroc, il ne nous parle que de lAfrique noire. Et dans ces pays, les gens sont très mystiques. Il porte sûrement plein de gris-gris sur lui. - Arrête tes délires Bennani, coupa net Benjelloun. La vérité est là : tu tes fait avoir par la famille Kettani. Cest tout ! (à suivre)