La pilule était difficile à avaler du côté du camp Benjelloun; ça rouspétait de partout. Mais la messe était dite La semaine daprès, la bande ne sest pas réunie comme de coutume. Ce nest que 15 jours après que tout le monde se retrouva de nouveau chez Benjelloun. Comme toujours, cest Oudghiri qui clôtura les arrivées. - Cest comment les gars ? - Bonjour !, répondirent-ils tous en chur, sauf Bennani qui préféra garder le silence. Occasion que ne rata pas Oudghiri : - Type, tu peux au moins répondre quand je te salue; je te croyais vraiment plus mature que ça. - Je ne suis pas ton «gars», encore moins ton «type». Si cest pour me parler sur un ton aussi vulgaire, je préfère que tu ne madresses pas la parole. - Yafoy ! De toute façon je prenais sur moi pour te parler. Là, au moins, je ne suis plus obligé de te causer par respect pour les autres. - Attendez !, intervint Benjelloun, ça ne peut pas continuer comme ça ! On ne peut pas gérer des disputes à chaque fois que lon se voit. Malheureusement, cest le cas depuis plusieurs semaines. Comportons-nous en adultes quand même. - Mais cest Oudghiri, toujours lui, renchérit Bennani. Depuis que ce garnement a commencé à nous fréquenter, cest toujours pareil : on ne se voit plus souvent et nos rencontres se soldent toujours par des querelles. En plus, ce gosse porte poisse. Dès quil est arrivé, les problèmes ont commencé pour tout le monde : Alami est tombé en disgrâce; les autorités désapprouvent publiquement Benjelloun; moi-même je sens que lon me cherche des poux à Wafabank. Oudghiri ne put sempêcher de rigoler un bon coup, avant de lâcher à légard de Bennani tout sourire : - Estime-toi heureux, lon ne te cherche que des poux. Tu nas encore rien vu. De toute façon, tu ne vois jamais rien. Se retournant vert Benjelloun, il enchaîna : - Ecoute vieux père, cest grâce à ton hospitalité et à ta sagesse que je fréquente la bande. - Sil te plait !, quest-ce que tu as dit tout au début ?, interrompit Benjelloun. - Jai dit «vieux père». Mais non rassure-toi, cest un signe de respect à légard dune personne plus âgée. Cela ne veut pas dire que tu es vieux. Ici, vous êtes tous des «vieux pères»; par rapport à moi bien entendu. Cest un terme typiquement ivoirien. Donc Benjelloun, je disais que si vraiment ma présence vous cause des soucis, je peux ne plus assister à vos réunions. - Mais non, nous nallons pas en arriver là. On va gérer tout ça. Vous voyez comme on perd inutilement du temps. Cela fait un quart dheure que nous sommes ici et nous navons rien dit de bien intéressant. - Tout à fait, reprit Omary. Moi jaimerais bien savoir si tu as encore dautres pistes de partenariat pour BMCE Bank. - Fais attention à ce que tu vas répondre !, sexclama Bennani, tout en regardant Oudghiri dun air narquois. Il y a une taupe parmi nous et tout ce que tu dis pourrait se retourner contre toi. - Bennani, sil te plaît nen rajoute pas, intervint Benjelloun. Je suis effectivement sur quelques pistes Omary. Je vous tiendrez informés au moment opportun. - Avec des étrangers ?, interrogea Alami. - Oui. Sur le plan local, je ne vois aucune structure qui peut valablement accompagner notre programme de développement, malgré ce que certains sobstinent à croire. - Bonne chance alors !, lança Oudghiri. Moi aussi, je suis sur un grand coup. Le coup du siècle (à suivre)