Tout le monde se retourna vers Oudghiri, le regard interrogateur. Lui, esquissait un petit sourire, sans mot dire. Les quelques secondes qui suivirent ses propos parurent une éternité. Cela commençait à être pesant. La question qui brûlait toutes les lèvres, cest finalement Alami qui la posa. - Et cest quoi ton coup du siècle ? - Ben, vous le saurez au moment opportun, ne vous en faites pas, répondit Oudghiri. - Un partenariat avec un étranger ? - Je nen dis pas plus. Ne soyez pas pressés. Vous comprenez que je ne puisse en parler alors que les négociations viennent à peine de commencer. - Je ne crois pas que ça puisse être avec un étranger, reprit Benjelloun. Sinon, vous nauriez pas tenté avec la BMCE. Je suis quasiment sûr que vous voulez racheter une banque locale. - Ecoutez, ne vous fatiguez pas. Vous nen saurez pas davantage. Secret bancaire oblige, dit-il en riant. - Si cest une banque locale, moi je parie que ça doit être la BMCI, renchérit Omary. La rumeur sur un éventuel rapprochement entre la BCM et BMCI a longtemps circulé dans les milieux daffaires. Mais je croyais que vous aviez lâché prise. - Bon les gars, moi je vous laisse cogiter la-dessus. Je dois me retirer, jai une urgence à régler, lâcha Oudghiri tout en se levant. Il prit ainsi congé de ses amis, les laissant pour le moins perplexes. - Ce gosse-là ne me plaît pas du tout, dit Bennani dès que Oudghiri sen alla. Je ne le sens pas. Il est trop prétentieux. Je suis sûr quil prépare un coup fourré. - Ne vous prenez pas la tête !, renchérit Benjelloun. Je vais mener des investigations et je vous tiendrai au courant. Au Maroc, tout se sait. Il faut savoir taper à la bonne porte pour avoir la bonne information. - Benjelloun, à mon avis, il faut conseiller ce jeune Oudghiri. Son ambition risque de lui créer dénormes problèmes, dit Alami. Tout paraît tellement simple pour lui quil ne semble pas se rendre compte quil est dans un système où il ny a que des caïmans. Il faut avoir la carapace dure et les reins solides pour rester debout. - Il doit le savoir, mais on ne peut pas lempêcher dêtre aussi ambitieux. Et puis, quand on évolue dans un Groupe comme lONA et quon nous fait miroiter une carrière pour le moins glorieuse, on finit forcément par se sentir pousser des ailes. - Des ailes quon risque de mouiller en plein vol, interrompit Bennani tout en rigolant. Cest sur ces mots que les amis se séparèrent. Les semaines qui suivirent, la bande se voyait peu. Sauf Oudghiri qui, à chaque fois, déclinait les invitations de Benjelloun. Il semblait «surbooké». Cest du moins ce quil a laissé entendre. Mais il paraît que sa hiérarchie lui aurait interdit de fréquenter la bande pour un moment, étant donné quil était sur un dossier ultra sensible pour lequel aucune fuite ne serait tolérée. Il suivait donc les consignes (à suivre)