Cest sur ces mots que la bande se sépara. Une bande dont deux des plus anciens étaient partis à la retraite forcée. Mais ils restaient encore fortement connectés au monde bancaire. Un milieu où ils ont beaucoup appris et où ils ont connu gloire et décadence. Ils étaient néanmoins fiers de leur parcours, même si, en fin de compte, ils ont été les malheureuses victimes dun système ingrat au sein duquel, le plus souvent, lesprit mercantile prime sur les valeurs morales. Le Champion se la coulait douce. Tout marchait comme sur des roulettes pour les filiales dAttijariwafa bank. Et toute occasion était saisie pour brandir leur leadership. Maintenant que tout était en place sur le plan local, il commença à concocter son offensive à linternational. Son objectif : aller à la conquête de lAfrique dabord. Un continent où il y a encore beaucoup à offrir en terme de services bancaires. Il était conscient que ctait un bon filon et, surtout, il avait pour linstant le soutien des actionnaires. Tunisie, Sénégal, Lybie, Congo, Burkina , le Champion avait dores et déjà décliné son programme de déploiement, avec une stratégie claire : le contrôle et non une simple prise de participation dans les banques ciblées. Un programme ambitieux quil na pas mis du temps à mettre en place au cours des mois qui ont suivi. Un soir, il retrouva comme dhabitude ses amis chez Benjelloun. Dès quil pénétra dans le salon où se discutaient les plus grands secrets bancaires du Royaume, il sentit quil se passait quelque chose dassez grave. Latmosphère était quelque peu tendue et Benjelloun affichait, assez curieusement, une mine patibulaire. Avant quil ne dise mot, cest Bennani qui laccueillit en ces termes : - Oudghiri lAfricain, dit-il dun ton ironique, sourire au coin des lèvres. - Je naime pas du tout le ton avec lequel tu me parles. Et pourquoi tu mappelles lAfricain, répondit-il sèchement ? - Oh ! Ne sors surtout pas de tes gonds ! Tas un rêve africain non ? - Oui, mais cela ne te regarde point. Encore moins depuis que tes hors circuit. Alors, épargne-moi tes sarcasmes ! Benjelloun écoutait leurs échanges sans rien dire. Il semblait très irrité. - Je ne sais pas si tu es le Champion ou lAfricain, mais actuellement jen ai strictement rien à cirer. Tu commences sérieusement à me faire ch , dit Benjelloun en haussant le ton. - Mais Vieux père, quest-ce qui se passe ? Depuis quand tu me parles comme ça ?, dit Oudghiri tout penaud. - Tu sais quoi, tes rien dautre quun tricheur, renchérit Benjelloun (à suivre)