Le congrès qui avait réuni plus de 100 imams et rabbins, entourés de 70 personnalités venues du monde entier, sest achevé sur un ton nettement optimiste. Les congressistes se sont en effet solennellement engagés à poursuivre le dialogue ouvert par cette rencontre. Les violences et exactions commises au nom des religions seraient-elles favorisées par le silence des représentants religieux musulmans et juifs ? À en croire les congressistes qui se sont réunis du 03 au 06 janvier 2005, la réponse est positive. Les religions ne doivent plus servir aux fractions. Lunité ou le fond commun qui réunissent les trois religions monothéistes ne doivent en aucun cas favoriser les haines réciproques. Il faut remarquer que le Christianisme a été peu soulevé durant cette rencontre. Autrement dit, « lantagonisme » Islam-Judaïsme, chronologiquement troisième et première religion monothéiste, a été perçu comme le résultat dune longue évolution historique quil faut maintenant savoir et vouloir en tempérer les effets. Alain Michel, organisateur du congrès de Bruxelles, reconnaît justement que « les Chrétiens ont, en effet, aussi leur responsabilité, des fois majeures, dans plusieurs événements. Et il poursuit : «quand Georges.W. Bush, sous prétexte de servir Dieu, détruit des pays comme lIrak ou lAfghanistan, cest aussi une forme de terrorisme ». Le courage dAlain Michel trouve sa contrepartie dans limplication réelle des Etats-Unis dans le conflit israélo-arabe, source de cette «guerre» religieuse entre Musulmans et Juifs. Cette prise de conscience peut permettre de voir émerger des actions efficaces et profondes, initiées par des hommes de religion. La Fondation «Hommes de Parole», qui a initié cette rencontre, a osé donc dire des constats que les représentants du monde musulman, présents dans cette rencontre, nont pas pu affirmer. Les hommes de foi sont certes «les plus éloignés des affaires politiques», comme la déjà affirmé Ibn Khaldoun, mais ceci ne les empêche pas de refléter lavis et les aspirations des Musulmans. La condamnation de la violence réciproque nest pas une fin en soi. Tant que lassise politique du problème israélo-arabe ne sachemine pas vers la voie du règlement définitif, ce type de congrès profitera plus aux Israéliens et à leurs alliés infaillibles que sont les Etats-Unis. Même la gravissime étiquette selon laquelle «tout Musulman est potentiellement terroriste» na pu être dissipée par les imams durant cette rencontre. Au contraire, on a eu limpression que les représentants de la communauté musulmane partagent ce postulat arbitraire. Dailleurs, Cheikh Abdelwadud Gourand, imam de la mosquée de Milan, a raison daffirmer que «les intellectuels qui ont fait des études et des recherches, et qui savent de quoi ils parlent, sont marginalisés».