* L'accord Maroc-UE étendu à la Bulgarie et à la Roumanie. q L'adhésion des deux pays est une opportunité supplémentaire pour le Royaume pour développer ses échanges. * La prise de décision dans une UE à 27 va être encore plus difficile. LUnion européenne est passée de 25 à 27 membres après l'entrée officielle de la Bulgarie et de la Roumanie. Ces deux pays seraient en fait les dernières recrues de l'UE. Bruxelles a mis un frein à son élargissement même si elle devait ouvrir des négociations avec la Turquie. L'arrivée des deux pays de l'ex-bloc soviétique a suscité des réactions diverses au sein de l'UE et dans le monde. Le commissaire européen Jose Manuel Barroso s'est rejoui de cet élargissement du fait «que les Bulgares et les Roumains vont renforcer le marché européen qui passera à 500 millions d'habitants». En revanche, la présidence européenne, par la voix de la chancelière allemande, Angela Merkel, a averti que «la Bulgarie et la Roumanie doivent achever leur processus de réformes pour rattraper le retard sur les 25 pays membres». L'UE a incité les deux pays à combler les déficits dans plusieurs domaines, notamment ceux de la sécurité aérienne et alimentaire, des subventions agricoles, de l'autonomie judiciaire et de la lutte contre la corruption. L'entrée des deux pays va avoir des effets sur l'UE et aussi sur les autres Etats associés comme le Maroc, notamment. Selon Jawad Kerdoudi, président de l'Institut marocain des recherches internationales (IMRI), «la prise de décision dans une UE à 27 membres va encore être plus difficile ». Kerdoudi a expliqué que «le traité constitutionnel pour l'Europe n'est pas encore ratifié. L'UE reste toutefois régie par le traité de Nice signé en 2000». En effet, ce traité prévoit la désignation d'un commissaire par pays membre à la CE. Il prévoit aussi que certaines décisions importantes ne peuvent être prises qu'à l'unanimité (politique extérieure et de sécurité, politique de cohésion économique et sociale, notamment la fiscalité). Mais le président de l'IMRI estime qu'il y a aussi le côté positif dans cette adhésion : « l'UE va se consolider davantage et de nouvelles opportunités d'investissements et d'échanges vont s'ouvrir, surtout pour les grands pays européens comme l'Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l'Italie». Le traité d'association que le Maroc a signé avec l'UE va s'appliquer à la Bulgarie et à la Roumanie. Kerdoudi a indiqué à cet égard que «les exportations de biens industriels vont s'effectuer sur ces deux marchés en exonération de droits de douane. En contrepartie, les biens industriels provenant de ces pays vont bénéficier à leur tour de réduction de droits de douane lors de leur entrée au Maroc». «Un marché européen plus large est un atout de taille pour les exportations marocaines, surtout que la Bulgarie et la Roumanie ne sont pas des concurrents immédiats du Maroc dans ses produits- phares», indique-t-on auprès du ministère du Commerce extérieur ; et de préciser que «les échanges du Maroc avec ces deux pays sont assez faibles et que le nouveau statut européen permettra de développer les échanges et ce à plusieurs niveaux comme le relèvement du quota agricole». Mais d'autres observateurs jugent que les nouveaux adhérents sont des concurrents potentiels au niveau des délocalisations ou de l'outsourcing. Les deux pays ont un coût de main-d'uvre plus faible et aussi plus qualifié, le coût des facteurs en général est très compétitif. Le climat des affaires est aussi un atout de taille, surtout sur le plan fiscal et des prestations de l'Administration. La Roumanie et la Bulgarie ont commencé depuis plus de dix ans des réformes pour intégrer l'instance européenne. Ces réformes ont trait à la libéralisation et à la mise à niveau de leur économie. Pour ce faire, Bucarest et Sofia vont bénéficier de la part de Bruxelles d'un soutien financier considérable afin de se mettre au niveau des standards européens. Des fonds seront destinés spécialement à la modernisation de leur agriculture et des régions les plus défavorisées. L'agriculture représente 15,5% du PIB de la Roumanie et 17,3% du PIB de la Bulgarie. En matière de désengagement de l'Etat, la Roumanie est parvenue à ramener la part des entreprises publiques dans le PIB à 20% en 2006. Les deux pays présentent aussi un avantage de taille, à savoir la proximité géographique, culturelle, institutionnelle et juridique de l'Europe.