* 2006 est l'année de la lutte contre la désertification. * Le Maroc figure parmi les pays les plus menacés. 2006 est l'année internationale de la lutte contre la désertification. Toute la communauté internationale (191 Etats), par la voie d'organes onusiens, devrait contribuer à une série de programmes pour la lutte contre la pauvreté. « La désertification pose des risques évidents et graves. Elle entame la fertilité des sols qui, dans certaines régions, perdent jusqu'à 50% de leur productivité. Elle génère l'insécurité alimentaire, la faim et la pauvreté et peut susciter des tensions sociales, économiques et politiques qui, à leur tour, entraînent des conflits et une aggravation de la pauvreté et de la dégradation des sols », a indiqué Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, dans un message adressé à l'Assemblée générale. Le Maroc, qui est un pays semi-aride, est dans la ligne de mire du phénomène. Il fait partie des Etats à risque puisqu'il est limitrophe, dans ses parties orientale et sud, du grand Sahara. Le désert engloutit des milliers d'hectares chaque année et avance à grands pas vers le nord. Les dégâts humains et matériels ne sont plus à démontrer. Au point que les zones consacrées essentiellement à l'agriculture et l'élevage sont contraintes d'abandonner progressivement leur activité. Leur seule issue est l'exode vers d'autres lieux plus fertiles ou l'émigration. Ceux qui ont préféré rester vivent dans une quasi-misère et leur pauvreté risque de s'accentuer davantage. La désertification est causée par une dégradation du sol due à une forte érosion qui est elle-même le fait de la surexploitation des ressources hydriques et naturelles. L'effet de serre a eu des conséquences graves sur les apports en eau. Dans certaines régions, les pluies deviennent de plus en plus rares. Les conséquences à l'échelle régionale d'un tel réchauffement ne peuvent pas encore être prédites, mais il est possible que, dans quelques dizaines d'années, certaines régions arides le seront encore davantage, alors que d'autres le seront moins. Au Maroc, les exemples les plus frappants sont les régions du Souss et du Tafilalet. Les bassins hydrauliques de ces deux zones ont subi de graves détériorations. Le périmètre irrigué du Tafilalet est le plus pauvre à cause d'un taux de remplissage des barrages qui ne dépasse guère, dans les meilleures saisons, les 25 %, alors que la moyenne nationale est de 56%. Les oasis situées aux oueds Draâ ou Ziz ont accusé progressivement le coup. La plupart des petites exploitations agricoles sont au bord de l'asphyxie. D'autres ont arrêté carrément leur activité. C'est ce qui explique les dernières données du Haut Commissariat au Plan qui classe la région parmi les plus pauvres du Royaume. Dans les régions du Sud et de l'Oriental du pays, l'ensablement dû à l'érosion éolienne constitue l'une des principales manifestations de la désertification. Des dizaines de petites retenues et des centaines de seguias sont hors d'usage après seulement une courte période de fonctionnement sous l'effet de l'ensablement. Dans ces mêmes régions, des agglomérations rurales, des palmeraies et des voies de communications souffrent également de ce phénomène. Le problème de la salinisation et de la remontée de la nappe touche presque tous les grands périmètres irrigués ; une superficie de 37.000 ha (sur 414.000 ha étudiés) est concernée par la salinisation ou l'alcalinisation. Dans les seules provinces de Zagora et d'Errachidia, il est estimé que 22.000 ha de terres irriguées et 5 millions d'hectares de terrains de parcours sont touchés par la salinisation qui y conjugue ses effets avec ceux de l'ensablement. Le bassin du Souss-Massa se trouve confronté depuis quelques années à des problèmes de diminution de ses réserves hydriques. Les données disponibles montrent que le niveau de la nappe phréatique dans le bassin a graduellement baissé de moins de 14 m en 1969 à moins de 35 m en 1999. Durant la même période, la demande en eau a augmenté et s'est accompagnée d'une dégradation de la qualité en raison des prélèvements excessifs effectués sur l'aquifère et de la pollution agricole, industrielle et urbaine. Faut-il rappeler que la région du Souss est connue pour sa grande vocation agricole ? Elle représente près de 60% de la production des fruits et légumes et 80% des exportations. Et c'est la première région en matière d'emploi de main-duvre agricole. Certaines régions comme Sebt El Gardane ont arrêté la production par manque d'eau ou parce que le degré de salinité a atteint des niveaux inquiétants. D'après plusieurs experts marocains et étrangers, le même scénario est fort probable pour d'autres lieux de cette région en l'absence de mesures de sauvegarde ou de rationalisation des ressources. La désertification se traduit par des pertes d'emplois, des pertes de richesses et de valeur ajoutée et, aussi, davantage de pauvreté et de vulnérabilité.