Les emprunteurs selon la formule du taux variable estiment que la révision à la baisse de leur mensualité ne se fait pas automatiquement. Les clients ont le droit de faire des réclamations pour réduire le taux conformément à l'évolution du taux directeur. La majorité des acquisitions de logement se fait à crédit. Les acquéreurs ont le choix entre le taux fixe et le taux variable. Certains optent pour la deuxième formule du fait que la mensualité est relativement moins chère comparativement avec la première. Néanmoins, elle présente un risque de volatilité et peut parfois dépasser une mensualité à taux fixe. Dans la majorité des cas, les acheteurs n'arrivent toujours pas assimiler le mécanisme de fonctionnement de ce système. Ils n'hésitent pas à le taxer d'injuste du fait que les hausses du taux directeur sont répercutées automatiquement sur les échéances, alors que pour les baisses, la rétrocession n'est pas aussi rapide et n'est pas proportionnelle à la diminution du taux directeur. On se rappelle que le changement d'indexation des prêts immobiliers à taux variable intervenus en 2010 a laissé un goût amer chez certains emprunteurs. «Ma traite a augmenté de près de 20% en 3 ans. Le montant de l'échéance représentait déjà 40% de mon salaire. Cette hausse a impacté mon revenu et j'étais obligé de faire des arbitrages budgétaires pour joindre les deux bouts», explique un jeune enseignant à Casablanca dont le salaire mensuel ne dépasse pas 6.000 DH. Mais d'autres estiment que ces évolutions font partie des règles du jeu. «Avant de contracter mon crédit immobilier, plusieurs personnes, y compris mon banquier, m'ont suggéré de choisir un taux fixe pour ne pas avoir de mauvaises surprises et afin de maîtriser parfaitement mes dépenses. J'ai finalement opté pour le taux variable. Il y a eu des hausses, mais aussi des diminutions. J'espère que cette tendance baissière se poursuivra et que je bénéficierai de la dernière variation», souligne un cadre dans une administration publique. Du côté des banques, on explique que «le système est parfaitement encadré et conforme aux dispositions de Bank Al-Maghrib. Que ce soit à la hausse ou à la baisse, la variation des taux d'intérêt se fait en fonction du taux directeur». «Les crédits immobiliers à taux variables sont indexés sur le taux interbancaire qui est corrélé au taux directeur. Mais le taux du marché interbancaire peut se décaler fortement de ce dernier, en fonction de plusieurs éléments comme la pression sur la liquidité ou l'inflation», explique un banquier de la place. Actuellement, le taux de l'inflation est limité à moins de 1% et il y a une certaine détente sur les liquidités. Le taux directeur, pour sa part, a été révisé à deux reprises à la baisse, passant de 3 à 2,75% en septembre 2014 pour atteindre 2,5% en décembre de la même année. Il serait donc normal que les taux variables immobiliers suivent cette tendance. Certains clients payent la même mensualité pendant des mois. Quand le taux évolue, surtout à la hausse, ils sont surpris de constater l'augmentation de leur échéance. Ils reprochent à leur banque de ne pas les informer à l'avance. Alors que dans leur contrat de crédit, ce genre d'évolution est formellement stipulé. «Les clients particuliers des banques ne sont dans l'ensemble pas assez informés de leur droit en matière de services bancaires. Le plus souvent, une baisse des taux n'est pas répercutée spontanément et les délais de cette action diffèrent d'une banque à une autre, alors que la hausse se fait toujours le plus tôt possible. Parfois, la baisse se fait à ceux qui l'ont exigée. Les emprunteurs sont obligés de recourir à des réclamations pour obtenir gain de cause, quitte à solliciter les autorités compétentes, en l'occurrence Bank Al-Maghrib», souligne Nabil Haddaji, avocat au barreau de Casablanca et membre de l'Association marocaine de protection des consommateurs. L'engouement pour le taux variable remonte à quelques années quand les banques connaissaient une surliquidité. Avec la crise, les banques évoluent désormais dans un contexte de sous-liquidité. Actuellement, les crédits à taux fixe s'adjugent plus de 70% des concours octroyés, contre seulement moins de 30% pour le taux variable. Les emprunteurs sont de plus en plus regardants et prudents. Les taux variables, bien qu'ils soient avantageux, restent moins prisés qu'auparavant. Il faut savoir, par ailleurs, que les acquéreurs ayant opté pour cette formule peuvent toujours basculer vers l'autre option. Le niveau actuel des taux est très intéressant, évoluant entre 5 et 5,5% l'an.