Du 5 au 13 décembre, la ville de Marrakech a vécu des moments de grande émotion. La 14ème édition du Festival international du film lui a procuré frissons et éblouissements, avec une palette d'acteurs et d'actrices, d'artistes, de scénaristes et de producteurs venus des quatre coins du monde. Mais, surtout, avec des nouveautés en termes de réalisations inédites ou récentes. Il a baissé le rideau après neuf jours de strass, de paillettes et de glamour. Pendant une semaine, on a pris part à une grand-messe du cinéma international, et côtoyé les célébrités qui ont défilé sur le tapis rouge d'un Palais des Congrès fiévreux et animé. La marque Maroc a été de nouveau hissée sur le podium mondial des chaînes mondiales. Dans la lignée de ses précédentes, cette 14ème édition s'est clôturée en apothéose, marquée à la fois par la continuité et par l'innovation. Le jury, présidé par Isabelle Huppert – tout à sa grande rigueur – a débattu, délibéré et retenu ainsi la liste des primés et des honorés. Elle était entourée de Ritesh Batra, Bertrand Bonello, Mélanie Laurent, Mario Martone, Cristian Mungiu, Alan Rickman et Moumen Smihi. La Russie est arrivée en tête, grâce au film Klass Korrektsii ( Corrections Class), une coproduction russo-allemande qui a obtenu l'Etoile d'or. C'est un hommage en bonne et due forme au cinéma russe, c'est aussi une autre manière de décentrer la vision sur le cinéma, dominé par la production lourde et envahissante de l'Amérique. L'édition qui vient de s'achever a rassemblé les talents venus du monde entier et offert au public une autre dimension : celle du cinéma japonais auquel un hommage particulier a été consacré. Il n'est que de voir la participation importante et significative des artistes en provenance du Japon, les films proposés et cette présence toute fière d'un 7ème art nippon qui reste très prisé en Europe et aux Etats-Unis. Le Festival du film de Marrakech continue de susciter émotion et verve, il ne manque pas de réinventer le cours des choses, la créativité, l'ambiance conviviale, le dialogue artistique et une certaine joie de vivre devenue nécessaire par les temps moroses. Or, le succès de cette 14ème édition tient aussi à son organisation, marquée par une disponibilité à toute épreuve des équipes, la documentation, la facilitation des démarches, la communication véhiculée jusqu'à des mails personnalisés, le site du suivi du Festival alimenté pendant toute la grande semaine, et ce fameux tapis rouge qui est à la manifestation ce que le mythe populaire incarne : l'identification avec les grandes célébrités. Pourrait-on aussi évoquer cette édition sans parler des beaux hommages organisés dans un style nouveau, celui notamment d'honorer un Adel Imam, tout à sa merveilleuse prestance, qui a ému le public au-delà de la salle, au-delà des murs et des frontières. Ensuite un Jeremy Irons, inventeur des mythes, figure emblématique du cinéma international qui a renouvelé son serment avec Marrakech, retrouvé son public et brillé des éclats de son excentricité. Anglais, Franglais, Américain et maintenant Marocain, ce Londonien de souche est aussi l'acteur fétiche...Et les Marrakchis se sont habitués à sa silhouette... Quant à Viggo Mortensen, Scandinave mais internationaliste, il a été la découverte des réalisateurs de cette édition. C'est la ville de Marrakech, et sans doute le Maroc tout entier, qui vivent au rythme d'un Festival placé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi, c'est le tourisme qui reprend ses couleurs vives, à l'ombre des palmiers et des ocres tonalités mythiques...La magie de la ville s'épaissit comme les mystères des alcôves et le cinéma nous sert de clé pour y accéder, comme dans un temple... Le Festival du film, cette année, a renouvelé et le mystère et la lumière sur un voyage dans le temps et dans le 7ème art. Palmarès de la 14ème édition du Festival de Marrakech Tel qu'il a été révélé par le jury lors de la cérémonie de clôture, samedi soir au Palais des Congrès de la cité ocre : Grand prix «L'Etoile d'Or»: Le film russe «Corrections class» d'Ivan I. Tverdovsky. Prix du Jury : Le film suisse «Chrieg» de Simon Jaquemet. Prix d'interprétation féminine : la comédienne Clotilde Hesme pour son rôle dans le film français «Le dernier coup de marteau» d'Alix Delaporte. Prix d'interprétation masculine : le comédien Benjamin Lutzke pour son rôle dans le film suisse «Chrieg» de Simon Jaquemet. Prix de la Mise en scène : le réalisateur indien Aditya Vikram Sengupta pour son film «Labour of Love».