Marco Tronchi, PDG de Fiat Group Automobiles Maroc (FGAM), décrypte, sans détour, les sujets les plus brûlants de l'actualité automobile au Maroc. Il livre son appréciation concernant la taxe sur les voitures de luxe et les défis que FGAM se doit de relever en 2014. Finances News Hebdo : Dans un secteur de plus en plus concurrentiel, comment va se décliner la stratégie du groupe Fiat pour conforter son positionnement sur le marché ? Marco Tronchi : L'exercice fiscal qui vient de s'achever a été pleinement satisfaisant dans un contexte de marché très compétitif où, comme vous le savez, les immatriculations ont été en recul de 5 % par rapport à 2012, année exceptionnelle, car année de salon. Pour en revenir à 2013, FGAM a rempli ses objectifs. En 2012, nous avons fixé un plan stratégique sur trois ans. Et nous sommes parvenus à réaliser du volume dans le cadre de cette stratégie, basée sur quatre piliers : produit, organisation, service et réseau. En ce qui concerne le produit, nous en avons déterminé deux, deux chevaux de bataille, à savoir le Doblo et la Punto. Après, nous avons la famille 500, idéale pour faire du «branding», notamment la 500 Abarth, qui permet d'augmenter la notoriété du brand Fiat, de même que la famille premium, comprenant les marques Alfa, Lancia et Jeep. Au niveau de l'organisation, de grands changements ont été opérés. Nos effectifs ont connu une croissance de 20 % et nous avons mis l'accent sur la formation. Pour ce qui est du réseau, nous avons revu de fond en comble notre approche. Nous avons décidé de séparer le réseau Fiat du réseau premium, ce qui permet de se focaliser de manière optimale sur les deux business. Nous en arrivons enfin au service, domaine dans lequel beaucoup de choses ont été améliorées. En effet, nous avons repensé la garantie que nous accordons à nos produits. Nous avons également lancé le concept de Check Star. Pour être plus proche des clients, nous avons mis en place 20 points Check Star afin de donner la possibilité au client, quelle que soit la marque de son véhicule, de faire appel à nos services pour les réparations. Nous ambitionnons d'arriver à 50 points Check Star en 2014. Pour continuer d'avancer dans un marché de plus en plus compétitif, nous avons lancé un cinquième pilier : dans les prochaines années, nous développerons le business de la voiture d'occasion, qui deviendra, en quelque sorte, la cinquième marque de la galaxie FGAM. F. N. H. : Le secteur automobile marocain a connu beaucoup de changements ces dernières années, notamment en matière de taxe. La dernière mesure en date concerne la taxation des voitures de luxe. Quel serait, selon vous, l'impact sur les ventes de voitures et quelles sont, au niveau de Fiat, les dispositions qui ont été prises à cet effet ? M. T. : Cette taxe sur les voitures de luxe, introduite fin 2013, est, je ne vous apprends rien, valable pour les véhicules de plus de 450.000 DH et peut atteindre jusqu'à 20 % du prix du véhicule. Sachant qu'en 2013, la baisse des ventes de voitures premium a été de l'ordre de 25 % environ, cela n'augure rien de bon. A mon avis, cette taxe pourrait avoir trois effets. Elle va bloquer le marché premium. Elle pourrait également avoir un effet «downsizing» sur le client, qui pourrait revoir son budget auto à la baisse. Et, enfin, elle pourrait booster l'importation parallèle, ce qui est vraiment néfaste pour le marché de l'automobile au Maroc. Cette taxe pourrait affecter la marque Jeep, marque premium que nous avons lancée en septembre 2013. Pour en limiter les effets et pour protéger nos clients, notamment ceux qui ont acheté en novembre et en décembre des véhicules concernés par cette taxe, nous avons décidé d'en assumer le paiement. Nous le ferons également cette année pour les nouveaux clients ! C'est un grand effort financier de notre part, mais nous pensons que c'est la solution idoine pour que la marque Jeep prenne sa juste place au niveau du marché marocain.