Les choses commencent à devenir inquiétantes pour le secteur agricole et le monde rural. Un déficit hydrique se fait sentir. Dans certaines régions du Royaume, il dépasse les 60% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Pourtant, les fellahs ont repris espoir après les pluies bienfaitrices enregistrées à fin novembre. Mais ces derniers temps, l'apport en eau est insuffisant et ne permet pas un déroulement adéquat de la campagne, surtout pour les céréales d'automne, véritables baromètres de la saison. Pour sûr, les récoltes seront dans le meilleur des cas moyennes et encore faut-il que la pluie soit au rendez-vous dans les jours à venir et durant le début du printemps. Le gouvernement a tablé sur un niveau de 70 millions de quintaux. Les prévisions de l'Exécutif, arrêtées en été dernier, peuvent être facilement revues à la baisse avec les caprices de la météo. La croissance, pour sa part, sera fortement impactée par cette régression. Sécheresse, grêle, inondations, l'agriculture au Maroc reste structurellement toujours à la merci des aléas climatiques. La pluviométrie a un effet direct sur le monde rural. C'est un indice important pour mesurer le moral des gens. Les cours des matières premières et du cheptel en sont intimement liés. Plus la sécheresse s'accentue, plus le prix du bétail baisse et celui de leur alimentation augmente. C'est une équation très connue par les campagnards. Certains arrivent à cohabiter avec ce constat, d'autres n'ont d'autre choix que de se convertir dans d'autres activités saisonnières. Heureusement qu'il y a encore la solidarité dans la société marocaine. Ce phénomène reste amplement ancré dans le milieu rural. Sinon, l'exode vers les villes aurait pu être plus saillant. L'effet de la pluie sur la croissance du pays n'est pas uniquement lié à l'apport de l'agriculture, mais du fait que le secteur a des effets d'entraînement directs ou indirects sur d'autres activités comme le transport, le commerce ou l'immobilier. Lors des années humides, les revenus des fellahs augmentent et par conséquent leurs dépenses aussi. L'effet sur la demande intérieure n'est plus à démonter, surtout qu'ils représentent plus de 40% de la population du pays. Malgré les efforts alloués pour diversifier le tissu économique, l'agriculture nationale continuera d'être une branche d'activité phare qu'il faut développer. Le Plan Maroc vert, avec toutes ses ambitions affichées, n'arrive toujours pas à réduire la vulnérabilité du secteur, surtout pour les zones bours qui représentent plus de 80% des superficies où il y a une forte concentration des petits exploitants. En pareille période, les fellahs ne peuvent que scruter le ciel en attendant la pluie. Quand les intempéries se font désirer ! Par Charaf Jaidani Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.