Le maréchal Hubert Lyautey est sans doute l'homme qui a largement orienté la politique marocaine du XXème siècle. Etant un fin connaisseur du pays dont il a été le premier Résident général, Lyautey jouissait d'une légitimité absolue. Sur le Maroc et ses habitants, on lui prête le célèbre dicton : «Au Maroc, gouverner c'est pleuvoir». Son sens revient à expliquer que l'ensemble des équilibres économiques et politiques au Maroc peuvent être remis en cause sous l'effet d'une sécheresse. On attribue à feu Hassan II l'expression suivante: «A choisir entre un bulletin météo et un rapport de police, je privilégie le premier. Il peut être annonciateur de tensions». La pluie est une affaire d'Etat et lorsqu'il y a une grave sécheresse, la «Salat al Istisqaa» est ordonnée par le Roi en personne, en sa qualité de Commandeur des croyants. De nos jours, la pluie continue de jouer un rôle important dans notre pays. Il n'y a qu'à voir les hypothèses du projet de Loi des Finances 2014 pour s'en rendre compte. La croissance reste largement tributaire d'une année humide. Le retard des pluies, enregistré ces derniers temps, a poussé plusieurs parlementaires à s'interroger sur la crédibilité du PLF 2014 du fait que le spectre de la sécheresse plane sur le pays. «Le taux de croissance retenu n'est ni réaliste, ni réalisable en l'absence des pluies», soulignent plusieurs députés. Bien que les officiels affirment à chaque fois que la croissance économique n'est pas conditionnée par la pluie, la réalité est tout autre. L'agriculture reste un secteur phare de l'économie. Son impact se manifeste non seulement au niveau de la création d'emplois, mais aussi des effets d'entraînement sur d'autres secteurs. Malgré les efforts alloués pour diversifier l'économie nationale, surtout à travers des branches d'activité à fortes potentialités comme le pacte national d'émergence industrielle, elle reste tributaire du secteur primaire. Le modèle économique marocain est basé, en majorité, sur la demande intérieure. Et comme plus de 40% de la population est rurale et s'active dans le secteur agricole, il est donc naturel que la demande nationale soit liée à la pluviométrie. Les dernières précipitations ont suscité beaucoup d'espoir. Une petite balade dans les souks hebdomadaires en milieu rural montre un net changement comparativement à une semaine auparavant. Les fellahs ont le tempo. Il n'y a plus de temps à perdre, ces derniers se bousculent pour se procurer le semences et autres intrants. Les propriétaires des tracteurs agricoles sont, eux, fortement sollicités. Chaque jour humide perdu aura un impact sur la récolte. Le démarrage de la campagne est très important, et il faut profiter au maximum des précipitations. Par Charaf Jaidani Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.