Le déficit pluviométrique de 41% à fin janvier laisse envisager une croissance de 2,4% en 2007. Pour le CMC, il est temps de réfléchir à la corrélation entre l'agriculture et la croissance. Dans une analyse thématique dédiée à la sécheresse en rapport avec ses incidences sur les performances du secteur agricole, le Centre marocain de conjoncture s'interroge sur la capacité de l'économie marocaine en général à absorber les chocs externes. En effet, note l'institution, «l'année 2007, par opposition à l'année 2006 qui a vu le taux de croissance atteindre 8,2% en partie grâce à la forte reprise de l'activité de production enregistrée dans le secteur agricole, sera marquée par une inflexion du cycle de croissance». Aussi, les prévisions de croissance retenues en ce début de l'année donnent à peine 2,4% de croissance, compte tenu de l'insuffisance des précipitations. Ce taux est largement en deçà de la moyenne enregistrée sur les cinq derniers exercices. Celle-ci tourne autour de 4,4%, même si d'une année à l'autre, les fluctuations peuvent être importantes. «Malgré les facteurs d'incertitude pesant sur le potentiel de croissance de l'économie marocaine, celle-ci avait commencé à connaître une nouvelle dynamique. Mais le facteur d'instabilité le plus important semble être les aléas climatiques et son impact sur les performances des activités primaires», note Tarik Malki, chercheur au sein du CMC. Les prévisions sont établies sur la base d'un déficit pluviométrique de 41% enregistré à fin janvier. D'où la nécessité pour le CMC de s'interroger sur l'existence des mécanismes d'anticipation de gestion efficace de la sécheresse. Pour le CMC, «la gestion efficace de la sécheresse nécessiterait la création d'un Observatoire national de la sécheresse, dont l'objectif principal serait d'aider à la prise de décision en matière d'actions à entreprendre en vue de prévenir les effets de la sécheresse». Dans ce cadre, poursuit le CMC, «les programmes de lutte contre la sécheresse devront être conçus à la fois comme une réponse à une situation d'urgence mais surtout pour initier la base d'une approche globale et durable dans le traitement futur des problèmes de la sécheresse et du développement rural en général». En clair, une mise à niveau du secteur agricole est vivement souhaitable, une sorte de « Plan Emergence » pour l'agriculture dans le prolongement de la «Vision 2020 pour l'agriculture et le monde rural» depuis la fin de la décennie quatre-vingt-dix. En dépit des nombreuses avancées pour le secteur, ce plan n'a pas eu de suite. La seconde question, plus générale, est de savoir, se demande le CMC, dans la mesure où la sécheresse est devenue une donnée structurelle de l'agriculture marocaine, «si le Maroc doit ou ne doit plus se considérer comme un pays à vocation agricole et de réfléchir par la même occasion sur les réformes à mettre en place pour retourner cette tendance ». En effet, le processus de croissance demeure encore largement tributaire des performances agricoles et des fluctuations qu'il subit sous l'effet des aléas climatiques. Afin de retourner la tendance, il est impératif que l'Etat accélère les changements au niveau de la structure de production et des contributions sectorielles à la dynamique économique. Les activités secondaires et tertiaires, par la régularité et l'importance de leur contribution directe à la dynamique économique, paraissent les mieux à même de renforcer le processus de croissance. Reste à savoir si le ministère de l'Agriculture prendra en compte la réflexion initiée par le CMC dans l'élaboration de ses différents mécanismes contre la sécheresse.