La demande extérieure adressée au pays devrait se redresser pour atteindre 3,4% en 2014 contre 0,5% en 2013. Une telle amélioration est reliée aux hypothèses de croissance de l'UE (1,1%). Mais qu'en est-il de sa contribution au PIB en 2014? En cette fin d'année où tous les regards restent braqués sur le projet de Loi de Finances 2014, toutes les prévisions afférentes aux grands agrégats macroéconomiques du pays sont scrupuleusement passées à la loupe. Cela a, d'une certaine manière, conduit à ce qui pourrait être assimilé à un quiproquo institutionnel (gouvernement, HCP, CMC, FMI) concernant le taux de croissance effectif que pourrait connaître le Maroc en 2014, même si le gouvernement reste droit dans ses bottes, tablant sur un taux de croissance de 4,2%. Dans ce contexte pour le moins incertain, des éléments clefs, à l'instar des demandes intérieure et extérieure constituant le puzzle de cette croissance, interpellent à plus d'un titre. Et pour cause, tout le modèle économique national est structuré autour de ces deux paramètres. D'après les prévisions du HCP, la demande intérieure serait en hausse de 5% en volume pour 2013. Au demeurant, à en croire l'institution dirigée par Ahmed Lahlimi, l'année 2014 portera un coup à la demande intérieure, puisque celle-ci ne devrait s'accroître que de 2,8% en volume. Sa contribution à la croissance ne serait que de 3,2 points, au lieu de 5,8 points en 2013. Avec la hausse du taux de la TVA et son impact sur les prix, on comprend mieux la pondération du HCP quant aux hypothèses de croissance pour l'année à venir. Face au fléchissement de la demande intérieure (consommation des ménages et investissements publics), ne serait-il pas légitime de s'interroger sur l'évolution de son corollaire, à savoir la demande extérieure adressée au Maroc? Sachant que le dynamisme de cette dernière reste tributaire de la santé des économies des pays développés, notamment celle de l'UE qui est le premier partenaire économique du Royaume. Chiffre à l'appui, le Vieux continent s'était adjugé plus de 57% des exportations du pays en 2012. Les économistes ne manquent pas de mettre en relief la relation dialectique entre le niveau de croissance dans l'UE et celui de la demande extérieure adressée au Maroc. Qu'augure 2014 concernant la demande extérieure ? Nombreuses sont les prévisions qui présagent d'une hausse certaine de la demande étrangère adressée au pays. D'après les derniers chiffres, celle-ci devrait atteindre 3,4% en 2014 contre 0,5% en 2013. Cette embellie demeure, en partie, la résultante d'une croissance mondiale qui serait en progression de 0,7% pour l'année à venir. L'autre facteur essentiel, et qui est une bonne nouvelle pour l'économie nationale, est le vent de reprise économique qui souffle sur le continent européen, ce qui réjouit, d'ores et déjà, certains professionnels œuvrant dans le tissu industriel national. «L'apparition des premiers signaux de sortie de crise en Europe, marché de prédilection pour nos exportations textiles, est parmi nos principaux motifs de satisfaction», nous confie Mohamed Tazi, Directeur général de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (Amith) dans une récente interview accordée à Finances News Hebdo. Selon lui, la reprise a provoqué une hausse de la consommation de textile en Europe qui a enregistré en 2013 une croissance sur 3 mois consécutifs :( +3% en juin, +2,5% en juillet et +1,5% en août). Une telle progression a été un puissant levier pour les exportations marocaines en textile qui avaient déjà enregistré un bond de 9% au premier trimestre 2013. Et tout porte à croire que cette même tendance se confirmera pour 2014. D'ailleurs, BAM estime, dans son dernier rapport de septembre 2013, que la conjoncture économique au niveau international a été marquée, au cours du deuxième trimestre 2013, par un début de reprise dans la zone euro avec une croissance positive d'un trimestre à l'autre après six contractions consécutives. Cela est aussi confirmé par le HCP qui table sur une croissance de 1,1% en 2014 concernant l'UE, après la récession de 2012. Concernant la France qui s'était accaparée 20% des exportations marocaines en 2012, son activité économique devrait reprendre avec une croissance de 0,9% en 2014. Tout cela présage, théoriquement, de meilleurs lendemains pour la demande étrangère adressée au Royaume. Mais certains économistes, pour ne citer que ceux du CMC, font remarquer que les effets de transmission se feront sentir avec un décalage estimé entre 18 et 24 mois. Le lancinant bémol En dépit de l'amélioration de la demande extérieure adressée au Maroc, il subsiste un constat immuable. Celle-ci devrait une fois de plus contribuer négativement à la croissance du PIB. Cette contribution négative serait de l'ordre de -0,7 point en 2014. Pour rappel, la demande extérieure avait enregistré une contribution nulle à la croissance du pays en 2012, avant de l'impacter négativement cette année (-1,2 point). A l'évidence, ces chiffres continueront de nourrir le débat actuel sur la compétitivité de l'offre exportable. D'autant plus qu'il existe une corrélation avérée entre la demande extérieure adressée au pays et la compétitivité de ses produits. Or, de l'avis de la Direction des études et de la prévision financière (DEPF), le Maroc n'aurait pas connu, comparativement à d'autres pays concurrents, une amélioration de sa part de marché au niveau mondial. Il a atteint son niveau le plus élèvé en 2008 (0,121%). Ce taux s'est contracté en 2012 pour s'établir à 0,112%. En d'autres termes, les exportations ne profitent pas suffisamment de la demande étrangère adressée au Royaume. La cause de ce recul serait toute trouvée. La DEPF pointe du doigt la faiblesse qualitative de l'offre de produits destinés à l'export. La compétitivité des produits nationaux destinés au marché international pèche par leur faible valeur ajoutée. Ils sont essentiellement dominés par les demi-produits (engrais) ou produits finis de consommation (vêtements confectionnés par exemple). Du reste, tout le monde s'accorde pour reconnaître l'émergence de nouveaux moteurs à l'export. Il s'agit des métiers mondiaux du Maroc (automobile, aéronautique, offshoring, électronique, etc.) qui ont atteint près de 97 Mds de DH d'exportations en 2012 contre 75,5 Mds de DH en 2008. Au final, la progression de la demande étrangère au Maroc reste, aux yeux de certains experts, tributaire de la compétitivité du pays dans ces nouveaux secteurs dont la demande mondiale ne cesse de progresser.