Sur les cinq années à venir, les besoins en importations du marché chinois sont estimés à 10.000 milliards de dollars américains. Normal pour un marché qui compte plus de 1,3 milliard de consommateurs, sous investi par les entreprises exportatrices marocaines. Les engrais phosphatés et les produits de la mer demeurent les principaux produits exportés vers la Chine. Le Maroc découvre l'Empire du milieu dans les récits de voyage d'Ibn Battouta, qui s'y était rendu en 1346... C'est dire la sécularité de l'histoire d'amitié entre les deux pays. Les relations de coopération, notamment économique, entre le Maroc et la Chine remontent, quant à elles, à la signature, le 27 octobre 1958, d'un accord commercial, soit plus de 55 ans d'existence. Et malgré cela, les échanges entre les deux pays et les investissements chinois au Maroc ne reflètent pas fidèlement cette relation de sécularité entre eux. Car, si la Chine est le quatrième partenaire commercial du Maroc en 2012, avec des exportations estimées à 25,5 Mds de DH, le Maroc, lui, peine à atteindre les 2,5 Mds de DH vers ce marché ô combien important. En effet, selon l'ambassadeur de la République populaire de Chine au Maroc, Sun Shuzhong, sur les cinq prochaines années, la Chine va importer pour 10.000 milliards de dollars, investir quelque 500 milliards de dollars à l'international et comptera 400 millions de touristes chinois à travers le monde. Quand on sait qu'à fin 2012, le volume des échanges sino-africains a totalisé 200 milliards de dollars et que 15 milliards de dollars ont été investis par la Chine en Afrique, il y a lieu de se poser des questions, notamment pourquoi le Maroc a reçu, à peine, 160 millions de dollars des investissements chinois et demeure son 10ème partenaire... 55 ans plus tard. Les ambitions de croissance et de développement des deux pays, conjuguées à un leadership régional confirmé, sont de nature à les inciter tous deux à renforcer davantage leur coopération économique et d'explorer les pistes d'amélioration de leur partenariat vers l'Afrique. Et c'est dans cette perspective de rapprochement que la Chine a été désignée pays hôte de la deuxième édition du Forum Maroc-Asie des affaires, tenu récemment à Skhirat et organisé par la Fondation diplomatique. Prenant part à cet événement, l'Ambassadeur de la République populaire de Chine au Maroc, a rappelé que l'ambition qui anime les deux pays et ceux des deux régions, Afrique et Asie, est de réaliser le but commun de prospérité. D'ailleurs, la Directrice de la BAD au Maroc, Amani Abouzayed, a rappelé que les deux continents réunissaient 194 pays du monde et comptaient 4 à 5 milliards d'individus. Pourvu bien sûr, d'explorer les pistes d'amélioration de ce partenariat et surtout d'aider les entreprises marocaines, notamment exportatrices intéressées par ce marché énorme, à cerner et ses besoins et les moyens de l'investir. Et ce, d'autant plus que ce pays-puissance asiatique continue à avoir des taux de croissance importants, peut-être pas à deux chiffres, notamment 7,6% au premier semestre 2013. D'ailleurs, l'ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Saad Eddine El Othmani, avait évoqué la volonté actuelle du Maroc de voir l'année 2014 constituer l'année de la signature d'un partenariat stratégique entre les deux pays. Les banques en pôle position En attendant, bien des entreprises ont pris les devants pour «s'attaquer à la géante muraille de Chine», bien que les engrais phosphatés et les produits de la mer sont les principaux produits exportés vers la Chine. Et comme pour d'autres marchés, ce sont les banques qui remplissent le rôle d'éclaireur mais aussi de propulseur de développement. Dans ce sens, Omar Bounjou, Directeur général d'Attijariwafa bank s'est longuement attelé à la pertinence et au caractère stratégique de la signature d'un Mémorandum d'entente, en juin, avec Bank of China, l'une des plus anciennes et plus internationales des banques chinoises. Société par actions fondée en 1912, la Bank of China Ltd, est cotée, depuis 2006, à la fois aux bourses de Shanghaï et de Hong Kong. L'objectif de ce Mémorandum est justement de promouvoir et développer les échanges commerciaux et les investissements entre les deux pays en Afrique par Attijariwafa bank et en Chine via Bank of China par l'accueil et l'assistance aux opérateurs clients des deux banques en matière de commerce international. Notamment les Chinois désireux d'investir en Afrique, comme les Africains désireux de pénétrer le marché chinois. Tout investisseur ou entreprise désirant exporter en Chine peut profiter, souligne Omar Bounjou, des conseils qui figurent dans le mémorandum au même titre que l'origination, l'accompagnement et le financement des projets d'investissement. Aussi, ce partenariat prévoit-il l'organisation de missions B to B. Indépendamment de l'offre professionnelle, ce mémorandum vise l'accompagnement des expatriés chinois en Afrique et des Africains en Chine. Rappelant cette expérience fructueuse, O. Bounjou souligne que cet accord offre aux clients d'Attijariwafa bank l'opportunité de s'ouvrir davantage sur le marché chinois tant pour le développement de leurs exportations que pour la sécurisation de leurs sources d'approvisionnement. Il permet également aux opérateurs chinois d'être mieux soutenus dans leur prospection des marchés de la région comprenant l'Afrique du Nord, l'Afrique de l'Ouest (UEMOA) et l'Afrique Centrale (CEMAC) et accompagnés dans leurs projets d'investissement. Groupe bancaire marocain présent dans 14 pays africains, dans sept pays européens en plus de bureaux de représentation en Angleterre, aux Emirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite, AWB met la main dans celle d'un groupe qui opère dans plus de 36 pays en Asie, en Europe, en Amérique et en Afrique. Avec un total bilan de 2,06 trillions de dollars, Bank of China gère un portefeuille de 2,48 millions de clients entreprises et 172 millions de particuliers. Son réseau compte 11.277 points de vente et emploie plus de 300.000 collaborateurs. Autant dire qu'un tel partenariat bancaire balise le terrain pour plus de coopération sur le plan économique, pourvu que les entreprises exportatrices marocaines ne perdent pas de vue la faible présence des produits marocains dans un marché qui compte plus de 1,3 milliard de consommateurs.