Les investisseurs boursiers intéressés par le secteur bancaire seront sans doute déçus en 2012, à en croire les chiffres de la Banque centrale qui montrent une décélération de l'activité de crédit. De plus, les résultats semestriels des banques cotées montrent une hausse vertigineuse du coût du risque qui a augmenté de 57,5% en S1. A cela, s'ajoutent les augmentations de capital à répétition qui réduisent la rentabilité financière du secteur. Nous l'évoquions il y a quelques mois. Les impératifs de conformité au dispositif de Bâle II et bientôt ceux de Bâle III demandent un effort supplémentaire en capital de la part des actionnaires du secteur bancaire. La progression des résultats étant moins rapide, la rentabilité financière du secteur s'amoindrit à vue d'œil. Les marges, quant à elles, seront défavorablement impactées par la baisse des dépôts à vue (61,8% à fin novembre 2012 contre 68% à fin 2011) qui sont remplacés par des émissions de titres de créances à court terme plus coûteuses. En 2012, Les banques marocaines sont restées agressives commercialement (ouverture de nouvelles agences, efforts marketing soutenus, lancement de produits à bas prix...), malgré un contexte économique défavorable. Le résultat est une hausse du PNB du secteur au premier semestre de 9,7% à 22,1 Mds de dirhams, accompagnée d'une hausse du coût du risque. Le résultat net consolidé du secteur s'est stabilisé par rapport au premier semestre 2011 à 4,6 Mds de dirhams. L'activité en Afrique semble être un bon rempart à la dégradation des conditions dans le marché local. Mais plusieurs années sont nécessaires avant que les activités à l'international deviennent assez représentatives dans les résultats des banques. Aujourd'hui, leur contribution ne dépasse pas 20% dans le PNB d'Attijariwafa Bank, leader du système bancaire. Au final, les banques pourront profiter de la structure de leurs ressources peu contraignantes pour naviguer dans ces eaux troubles, tout en augmentant leurs efforts de bancarisation de la population, accompagnées par le régulateur central dont les décisions ont contribué à la résilience du secteur. Quant aux investisseurs, ils devront se contenter d'un faible rendement cette année encore. Les plus sceptiques ont déjà commencé à délaisser les actions bancaires, en atteste la baisse de l'indice sectoriel de 2,84% depuis le premier janvier 2013.