Les revenus augmentent, mais les bénéfices baissent. L'heure est à l'investissement pour les sociétés du secteur. Des performances boursières en berne comparativement aux années précédentes. Les trois principales sociétés du secteur des mines viennent de publier leurs réalisations au terme du premier semestre 2012. Managem, sa filiale SMI et la Compagnie minière de Touissit (CMT) voient leurs agrégats se stabiliser, à l'image de leurs cours de Bourse. A priori, cette stagnation est due à la conjonction de plusieurs facteurs communs aux trois sociétés : la baisse des cours des matières premières exploitées, les investissements lancés par les trois opérateurs et la hausse des coûts de production, notamment énergétiques. Ces facteurs ont impacté défavorablement les marges nettes des trois opérateurs durant ce semestre. Managem, incontestablement star de la Bourse de Casablanca entre 2009 et 2011 et qui avait enregistré une appréciation de presque 800% durant cette période (entre 170DH début 2009 et 1.550Dh fin 2011) s'est stabilisée en 2012. Les investisseurs ont fait preuve de scepticisme envers le titre qui termine le premier semestre 2012 sur une performance boursière stable de 1% (1550Dh au 29 juin 2012), entrecoupée de quelques sursauts de courte durée. SMI est dans le même registre, elle s'est appréciée de 826% (410DH début 2009 contre 3.800DH fin 2011), alors qu'elle enregistre une contre-performance de 20% durant le premier semestre 2012 en terminant le semestre à 3.000DH. CMT ne déroge pas à la tendance des sociétés de son secteur. Après 3 ans d'euphorie où le cours s'est apprécié de 422% entre 440DH en janvier 2009 et 2.300DH en décembre 2012, l'action enregistre une baisse de 22% le premier semestre 2012 pour clôturer à 1.789DH. Les investisseurs ne se sont peut-être pas trompés en boudant ces actions en 2012, car leurs performances financières ont stagné à l'image des cours des matières premières. L'or a en effet progressé de 2,17% lors du premier semestre, alors que sa progression annuelle moyenne est de 25% depuis 2008. L'argent, quant à lui, clôture le semestre sur une baisse de 1,15% autour de 27 $ l'once après avoir culminé à plus de 50 $. La stabilisation des cours des matières premières au cours du premier semestre a pesé sur les performances des sociétés du secteur. Pour Managem, le chiffre d'affaire progresse de 4% (1,83Mds de dirhams) par rapport au premier semestre 2011. Cette progression est beaucoup moins rapide que les évolutions à deux chiffres des semestres précédents. CMT a vu son revenu consolidé baisser de 1,4% sur la même période ( 333MDH) et SMI a vu son revenu augmenter de 10% (600MDH) grâce notamment à l'allègement des couvertures sur l'argent qui lui a permis de vendre sa production à des prix plus avantageux, et ce malgré une baisse des volumes d'extraction due à des conflits sociaux sur son site d'Imiter. Les résultats d'exploitation des trois entreprises ont varié de +9% (463,1MDH) pour Managem, +17% (312MDH) pour SMI et -9,9% (220MDH) pour CMT. Cette dernière a vu sa marge opérationnelle baisser de 6,4 points pour s'établir à 66%, alors que celle de Managem s'établit à 25,19% contre 23,9% un an auparavant. Pour sa part, SMI voit sa marge d'exploitation augmenter de 1,29 point pour atteindre 25,19%. Au final, les résultats nets des trois sociétés baissent de 14% (262,3MDH) pour Managem, 7% pour SMI ( 247MDH) et 8,1% pour CMT (181,2MDH), ce qui impacte défavorablement leurs marges nettes qui baissent respectivement de 3, 7,5 points et 4 points. Cette dégradation des résultats vient de la non récurrence sur les gains de changes qui détériorent le résultat financier du secteur. Les coûts augmentent, les prix baissent Le problème des sociétés minières est qu'elles doivent maintenant faire face à une augmentation des coûts de production suite au renchérissement de la facture énergétique et des amortissements comptables de leurs projets en cours. Le dilemme est de faire face à cette hausse des coûts tout en continuant à afficher une rentabilité soutenue pour justifier leurs niveaux de valorisation en Bourse, surtout pour Managem qui affiche un P/E de 34,6 contre 14 pour SMI et seulement 7,3 pour CMT (sur la base des cours de clôture de S1 2012 et le bénéfice par action de 2011). Sur la variable investissements, Managem a investi 964 MDH durant le premier semestre 2012, dont 585 millions alloués au développement de nouveaux projets et 117 millions consacrés à la recherche au Maroc. L'enveloppe globale d'investissements en 2012 s'élèvera à environ 1,5 milliard de dirhams. CMT n'a pas encore communiqué sur l'enveloppe allouée au développement de ses activités, mais déclare avoir reconstitué deux fois le tonnage extrait suite aux efforts de recherche déployés au cours du premier semestre, soit un tonnage supplémentaire de 300 KT. La durée de vie de la mine est ainsi maintenue à plus de 14 ans. Toute l'acrobatie sera donc de rentabiliser rapidement ces investissements pour maintenir les niveaux de marges actuels. Sans une remontée des cours des matières premières pour les trois sociétés et un allégement supplémentaire des couvertures sur l'argent pour SMI, les charges d'amortissement devront peser sur les réalisations du secteur au terme de l'année 2012 et affecter leurs marges à tous les niveaux. Par A. H. Un deuxième semestre favorable pour les matières premières, selon les experts Beaucoup d'experts s'accordent à le dire. Le troisième plan d'assouplissement monétaire lancé par la FED devrait peser encore plus sur le Dollar et orienter de manière quasi mécanique le cash vers les matières premières à caractère défensif comme l'or et l'argent. Le zinc, le cuivre et le plomb, qui ont un caractère industriel, devront progresser beaucoup moins rapidement à cause du ralentissement de l'activité économique mondiale. Si un tel scenario se produit, cela se traduira par une meilleure rentabilité des sociétés minières, pourvu que les charges d'amortissement ne pèsent pas sur leurs résultats.