Les ventes augmentent, mais les risques aussi. L'activité à l'international commence à porter ses fruits. Globalement, le marché sanctionne. La saison des publications semestrielles vient de prendre fin en laissant un goût amer chez les investisseurs, et le marché le confirme. A l'heure où nous mettions sous presse, le baromètre de toutes les actions casablancaises cotait à 9.281 points, portant ses pertes depuis le début du mois d'août à -6,62% et à -14,5% depuis le 1er janvier 2012. Une contre-performance qui peut paraître justifiée lorsqu'on constate que la capacité bénéficiaire a baissé de 11,2% par rapport au S1 2011. Les entreprises cotées ont pourtant réalisé de bonnes performances commerciales. Le chiffre d'affaires de l'ensemble des sociétés a augmenté de 8% (121 Mds de dirhams) par rapport au premier semestre 2011, avec une contribution grandissante de l'activité des filiales à l'international. Mais cette performance s'est accompagnée d'une hausse des risques, notamment chez les banques et les industries, ce qui a dégradé la rentabilité des entreprises. Les secteurs les plus importants ayant participé positivement à la masse bénéficiaire du marché sont les banques et l'immobilier, sans toutefois faire sauter les investisseurs au plafond. Tandis que les autres secteurs significatifs détériorent la masse bénéficiaire, et ce sont les télécoms qui y contribuent le plus. Le secteur bancaire a réussi à augmenter son revenu total de 9,7% à 22,6 Mds de dirhams, en profitant légèrement de la baisse du taux directeur (www.financesnews.press.ma) et d'une politique commerciale agressive de tous les opérateurs au Maroc comme à l'international. Le RBE du secteur s'apprécie dans des proportions égales au PNB à 10,7%. Mais, les risques d'insolvabilité des autres acteurs économiques et la politique volontariste de certaines banques consistant à maitriser leurs risques, a entrainé une poussée vertigineuse des provisions. Au final, le RNPG du secteur bancaire ne s'apprécie que de 0,2%. La capitalisation flottante du secteur des banques devient la plus importante de la bourse de Casablanca (34 Mds de dirhams le 8 octobre 2012), mais ne fait grimper les bénéfices du marché que de 9,3 MDH par rapport au premier semestre 2011. Cette contribution paraît faible. Cependant, en la superposant à la situation économique du Maroc, les banques semblent bien négocier le virage de la crise. L'immobilier, qui influence beaucoup d'autres secteurs, affiche des réalisations rassurantes en terme de ventes, mais la forte progression des agrégats du secteur est principalement liée à des effets de rattrapage. Le revenu du secteur s'est apprécié de 12,4% à 6,1 Mds de dirhams. Le REX consolidé de l'immobilier coté affiche une hausse de 44%, sous l'effet de variations de stocks en hausse de 100% (988 MDH) chez Alliance. Le résultat net du secteur s'améliore de 14,6% à 939,5 MDH. A noter que Addoha, qui y contribue à hauteur de 50%, a bénéficié de la non récurrence de la moins value sur la vente de son projet à la station Saidia. Au final, le secteur fait varier positivement la capacité bénéficiaire du marché de 119,6 MDH par rapport à 2011. Quant aux télécoms, l'opérateur historique affiche une baisse de ses revenus de 1% à 15,32 Mds de dirhams. Les filiales africaines ont limité la casse, car les activités de Maroc Telecom au Maroc ont été bousculées par la concurrence. Au niveau opérationnel, le REX consolidé du groupe a baissé de 15,4% en raison du poids des charges d'amortissement. Au final, le résultat net de l'opérateur baisse de 21,5% à 3,12 Mds de dirhams et fait baisser la capacité bénéficiaire du marché de 858 MDH comparativement à 2011. Des performances hétérogènes dans les autres secteurs Mention spéciale pour Holcim. La société est la seule des trois cimenteries à présenter des revenus en hausse de 8% contre -1,7% pour Ciment du Maroc et -0,5% pour Lafarge. Le RNPG de Holcim s'apprécie de 7% contre -20% pour ciment du Maroc et -10,4% pour Lafarge. Globalement, le secteur des matériaux de construction régresse de 13,5% durant ce semestre et porte ses bénéfices à 1,7 Md de dirhams. De son coté, la Samir ne semble toujours pas sortir de sa tourmente financière. Car, malgré une hausse de son chiffre d'affaires de 20% à 27,7 Mds de dirhams (22% du revenu total du marché), son RNPG baisse de 77% (96,6 MDH) sous le poids de la charge d'intérêt qui augmente de 38% par rapport au S1 2011. Dans un autre registre, les sociétés minières affichent une hausse de leurs revenus de 4,9%. Mais, le RNPG du secteur plonge de 10,7% à 687 MDH, impacté par la baisse du résultat de Managem de 14% à 262,3 MDH suite à la détérioration de son résultat financier. Le semestre n'a pas été rose pour l'informatique également. Malgré une hausse du chiffre d'affaire consolidé de 1,5%, le RNPG du secteur se détériore de 27,4% à 49,1 MDH. Par ailleurs, le secteur de la distribution s'en sort plutôt bien ce semestre sauf pour Ennakl et Stokvis Nord Afrique qui affichent des bénéfices en baisses respectives de 12,7% (36,9 MDH) et 27,8% (5,6 MDH). Par ailleurs, Label Vie voit ses bénéfices s'envoler de 45,4% à 37,8 MDH grâce à la restructuration des charges financières. Med Paper et Stroc industries flanchent Med Paper accuse un recul de ses revenus de 34% à 116,3 MDH, tandis que Stroc Industries enregistre une baisse du chiffre d'affaires de 50,7% à 140 MDH. Quant à l'exploitation, MDP voit son REX régresser de 85% à 1,2 MDH, tandis que le REX de Stroc industries passe de 40,2 MDH en S1 2011 à -68,8 MDH en S1 2012. Par Adil Hlimi La réduction des coûts et l'activité à l'international pour sauver le deuxième semestre Plusieurs entreprises ont déclaré commencer ou étudier des plans stratégiques visant à réduire leurs charges pour se diriger vers plus d'efficacité, et cela dans plusieurs secteurs. C'est le cas, par exemple, pour le CIH, Maroc Telecom ou encore Sonasid. Ces mesures, en plus de la bonne tenue des activités à l'international, devraient permettre aux entreprises internationalisées de ne pas trop s'éloigner de leurs objectifs. C'est le cas pour Maroc télécom dont l'activité à l'internationale a permis de compenser la baisse de l'activité au Maroc. Le secteur financier (banques et assurances) devrait également bénéficier de la montée en puissance de son activité en Afrique.