Le Groupe bancaire arrive en tête en termes de total bilan, PNB et RNPG parmi les sept banques retenues dans notre classement. La Société Générale dirige les débats parmi les établissements bancaires filiales de banques françaises. Globalement, l'échantillon retenu a, au total, dégagé un PNB consolidé de 44,4 Mds de DH (+5,4%) par rapport à fin 2010. Le résultat net part du groupe global s'établit à 9,8 Mds de DH, en accroissement de 6,8%. Malgré une conjoncture économique peu favorable, le système bancaire s'est globalement bien comporté au terme de l'exercice 2011. La crise de liquidité à laquelle les banques sont confrontées, et qui continue à monopoliser les débats, semble ne pas avoir entravé leur rôle de financement de l'économie nationale. Bien au contraire. D'autant que les crédits clientèle de l'ensemble du système bancaire ont enregistré une augmentation de 10% en 2011 pour s'établir à 673 Mds de DH, face à des dépôts qui s'apprécient de 5% à 646 Mds de DH, soit un ratio de transformation de 104% contre 99% en 2010 et 73% en 2005. Si la croissance des dépôts est identique à celle de 2010, mais avec un niveau toujours plus faible que la croissance historique récente en raison notamment du déficit de la balance des paiements et la progression de la monnaie fiduciaire (+9% en 2011 et +6% en 2010), la croissance des crédits a été plus forte grâce au maintien d'un niveau soutenu de demande des ménages et des entreprises. Malgré cette dynamique des crédits, le taux de contentialité du secteur a pu néanmoins être amélioré, passant d'un exercice à l'autre de 5,1 à 4,9%. Par ailleurs, au cours de l'exercice, les banques ont beaucoup sollicité le marché financier, puisque les encours de dettes subordonnées ont atteint 21,2 Mds de DH, en hausse de 8%, tandis que les encours de certificats de dépôts ont enregistré une progression de 28% à 57,8 Mds de DH. Mais il faut voir en cette performance des banques la main invisible de Bank Al-Maghrib qui s'est livrée à de véritables acrobaties pour faire face justement aux besoins en liquidité des banques, à travers différents leviers comme notamment la réserve monétaire obligatoire, ou encore son nouvel instrument, à savoir les avances sur trois mois. D'ailleurs, le contexte actuel, marqué, entre autres, par un taux de croissance national révisé à la baisse et qui devrait se situer à moins de 3% du PIB en 2012, un taux d'inflation maîtrisé et le manque de visibilité dans les pays de la zone euro ont poussé la Banque centrale à ramener récemment le taux directeur de 3,25 à 3%. Côté fondamentaux, les sept banques de notre échantillon (Attijariwafa bank, BMCE Bank, Groupe Banque Populaire, Crédit du Maroc, Société Générale, BMCI et CIH) ont dégagé au titre de l'exercice 2011 un produit net bancaire global consolidé de 44,4 Mds de DH, soit une progression de 5,4% par rapport à fin 2010. Suivant la même tendance, le résultat net part du groupe global s'établit à 9,8 Mds de DH, en accroissement de 6,8%, tandis que le total bilan s'apprécie de 10,5% à 1.021,6 Mds de DH. Ce sont d'ailleurs ces trois critères (total bilan consolidé, PNB consolidé et RNPG) que nous avons retenus pour établir ce classement. Classement selon le total bilan consolidé Le classement selon le total bilan consolidé à fin décembre 2011 laisse apparaître la prédominance du Groupe Attijariwafa bank, lequel, avec ses 343,5 Mds de DH, devance largement les Groupes Banque Centrale Populaire (237,4 Mds de DH) et BMCE Bank (208 Mds de DH), lequel dépasse pour la première fois le seuil de 200 Mds de DH. Le total bilan de ces trois banques représente 77% du total bilan réuni des sept banques de notre échantillon. Et, à lui le seul, le total bilan du Groupe AWB fait plus de 10 fois celui du CIH (qui ferme la marche) et plus de 7 fois celui du Crédit du Maroc. La banque présidée par Mohamed El Kettani renforce également sont assise et sa solidité financières. AWB voit ainsi ses fonds propres s'apprécier de 8% à 30 Mds de DH, portant son ROE à 21,2% (+0,8 point), pour un ROA en quasi stagnation à 1,54%. Les fonds propres du GBP, qui dégagent une rentabilité de 12,2%, se sont établis à 27,9 Mds de DH, et ce malgré l'impact de la cession par le Trésor de 20% du capital de la BCP aux banques populaires régionales. Sur le plan commercial, les banques consentent d'énormes efforts pour la collecte de ressources, à travers notamment un maillage du territoire national très agressif, tout en participant activement au financement de l'économie nationale. Ainsi, AWB dispose d'un nombre total d'agences qui s'élève à 2.352 (+12,6%), dont 1.791 agences au Maroc, pour un montant global de 295,5 Mds de DH d'épargne collectée à fin 2011 (+5,9%), dont 82,1% provenant du Royaume. Côté structure, les dépôts non rémunérés représentent pratiquement 65% du total des dépôts du Groupe. Parallèlement, les crédits accordés au Maroc ont atteint 203,6 Mds de DH et ont profité essentiellement aux entreprises (143,5 Mds de DH), notamment pour le financement d'investissements, d'infrastructures et de fonds de roulement. Tout comme AWB, le GBP a consolidé sa position au niveau de la collecte de l'épargne, à travers une politique très agressive matérialisée par l'ouverture de 97 agences en 2011, portant le réseau à 1.045 agences, appuyées par 400 points de distribution additionnels et 1.180 guichets automatiques. Démarche qui lui a permis de recruter au total 510.000 nouveaux clients. En cela, le Groupe présidé par Mohamed Benchaâboun a porté ses dépôts à fin 2011 à 181,7 Mds de DH, soit une hausse de 8,2% pour une part de marché qui s'apprécie de 105 pb à 28,1%. Dans la même foulée, la structure des ressources s'est améliorée, les parts des ressources non rémunérées passant entre 2010 et 2011 de 60,9 à 63,6%. Avec, en toile de fond, une dynamique soutenue pour la mobilisation des dépôts locaux, lesquels ont progressé de 10,1% à 110,6 Mds de DH. Et, à l'horizon 2014, l'extension du réseau devrait se poursuivre, avec en moyenne l'ouverture de 100 agences par an. Il s'agira ainsi, sur la période, d'augmenter les dépôts de la clientèle de 6% en moyenne par an pour les porter à 210 Mds de DH. Pour leur part, les crédits à l'économie sont en hausse de 16,3% à 167,2 Mds de DH, soit une part de marché de 26% (+51 pb) pour un coefficient d'emploi de 91,4%. Fermement résolu à être une banque universelle de référence sur la place, présente dans tous les corps de métier, le CIH est, lui aussi, dans une logique de développement commercial agressif : 32 nouvelles agences ouvertes en 2011, portant le nombre d'agences à 200, avec l'objectif d'en ouvrir 20 par an. Stratégie payante, puisque les ressources à vue ont augmenté de 8,3% à 12,9 Mds de DH en 2011, dopées par la bonne tenue des comptes d'épargne qui gagnent 16,1% à 2,64 Mds de DH. Les ressources à terme suivent la même tendance, enregistrant une progression de 6,2% à 9,6 Mds de DH, soit un gain de 4 pbs de part de marché, et traduisent l'approche CIH qui privilégie désormais les certificats de dépôts, lesquels ont augmenté de 131% d'une année à l'autre pour s'établir à 2 Mds de DH. Un choix qui s'explique par le fait que les émissions de CD se font avec spread dans la moyenne du marché et engendrent des coûts moindres que les DAT. Dans la même foulée, le CIH améliore la structure de ses ressources, d'autant que la part non rémunérée représente désormais 57,6% des ressources totales contre 50,9% en 2010. Parallèlement, les crédits à la clientèle s'apprécient de 3,4% à 5,1 Mds de DH, tandis que les encours sains CIH progressent de 9,4% à 24,2 Mds de DH. Le Crédit du Maroc, également, poursuit l'extension de son réseau (+25 agences en 2011), portant le nombre d'agences à 333 au total, pour des dépôts clientèle stables à 35,7 Mds de DH d'un exercice à l'autre, mais qui ont enregistré un TCAM de 4,7% entre 2007 et 2011. En regard, les crédits à la clientèle ont enregistré un accroissement de 6,1% à 35,3 Mds de DH, avec en toile de fond un bon comportement des crédits à l'habitat qui ont évolué de 7,7% à 11 Mds de DH et des crédits de trésorerie (+27,9%). Contrairement aux banques précitées, le Groupe BMCE Bank, lui, a choisi de mettre le frein à main, n'ouvrant que 7 agences supplémentaires en 2011, tout en ayant entrepris un fonctionnement à iso-effectifs se traduisant par la diminution de l'effectif de 86 personnes. Un choix justifié par la nécessité de «mieux absorber l'effort de transformation de la banque (www.financenews.press.ma), comme l'a expliqué Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur Directeur général délégué du Groupe BMCE, lors de la présentation des résultats 2011. Ce qui n'a pas empêché les dépôts de la clientèle de progresser de 5% à 139 Mds de DH. Et rien que pour l'activité Maroc, ils évoluent de 7% à 93,7 Mds de DH, soit une part de marché de 14,63%, en amélioration de 0,30%. Les crédits à la clientèle du Groupe, pour leur part, enregistrent une hausse de 13% à 121,3 Mds de DH. Au Maroc, le total des crédits bruts s'établit à 88,2 Mds de DH, en hausse de 11,2% pour une part de marché qui s'améliore légèrement (+0,1%) à 13,07%. Classement selon le PNB consolidé Pas de changement dans le classement. La hiérarchie qui prévaut dans le classement selon le total bilan est respectée. Le Groupe Attijariwafa bank dirige toujours le peloton, s'adjugeant au passage la meilleure progression parmi l'échantillon retenu, avec un PNB de 15,9 Mds de DH, en hausse de 8,3%, marqué par une hausse de 10% de la marge d'intérêts et de la marge sur commissions, alors que le résultat des activités de marché se contracte de 7%. Il est suivi de la Banque Populaire, dont le PNB de 10,2 Mds de DH (+2%) est porté essentiellement par les marges d'intérêts qui en représentent pratiquement 77%. Ces dernières ont d'ailleurs enregistré une légère régression à cause notamment des crédits corporate qui sont moins bien rémunérés. La BMCE occupe le 3ème rang avec un PNB de 8 Mds de DH, soit+8%, tiré par la marge d'intérêt qui évolue de 8,2% à 5,3 Mds de DH. Avec un PNB consolidé de 3,1%, BMCI réalise la troisième plus forte progression (+7,5%) et occupe le 5ème rang juste après la Société Générale (+4,9% à 3,8 Mds de DH). Le CDM (+3,3% à 2,1 Mds de DH) occupe la 6ème position, avec un PNB porté par la marge nette d'intérêts qui passe de 1,66 à 1,7 Md de DH d'un exercice à l'autre. Il tient compte des actions prises dans le sens du renforcement de la liquidité, de la gestion prudentielle des risques s'appuyant sur une déconcentration du portefeuille crédits, et de la rationalisation de la comptabilisation des agios sur les clients en difficulté. Le CIH ferme la marche avec un PNB consolidé de 1,3 Md de DH, réalisant la seule régression (-12,4%) parmi notre échantillon. Un PNB impacté par la déconsolidation des actifs hôteliers dont le chiffre d'affaires intégrait le périmètre à fin 2010 ((www.financenews.press.ma). Classement selon le RNPG AWB orchestre toujours la cadence avec un RNPG de 4,45 Mds de DH, en progression de 8,7% par rapport à 2010. Wafa Assurance contribue au RNPG à hauteur de 16% (713 MDH), au moment où les contributions d'Attijari Bank Tunisie (en hausse de 32%) et Wafasalaf (+ 9%) s'établissent chacune à 4%, soit 192 et 164 MDH respectivement. Malgré le contexte particulier qui a marqué la Tunisie, la filiale bancaire d'AWB a pu réaliser un PNB en hausse de 9% à 1,05 Md de DH. Néanmoins, le résultat net se déprécie de 30% à 245 MDH, en raison notamment du paiement de l'IS à partir de 2011. La CBAO et la SIB contribuent, quant à elles, à hauteur de 2% chacune au RNPG. Le GBP arrive en deuxième position avec un RNPG de 1,8 Md de DH, soit une progression de 3,4% par rapport à 2010 et de 121% par rapport à 2008. Avec un RNPG de 1,1 Md de DH, la Société Générale bouscule la hiérarchie établie et s'adjuge le 3ème rang, juste devant BMCE Bank qui dégage un RNPG de 850 MDH, en hausse de 4%. Rappelons, à ce titre, que BMCE a constitué 250 MDH de provisions brutes pour risques généraux (160 MDH en net) en 2011 qui ont d'ailleurs contenu la progression de son résultat net agrégé à 4% (545 MDH) au lieu de 35%. De même, pas moins d'un milliard de dirhams ont été provisionnés pour l'activité en Europe, ce qui lui confère un potentiel de reprises intéressant. Par ailleurs, la contribution de l'Europe au RNPG (+3,8% à 850 MDH) a été neutralisée (-1%) en 2011, alors qu'elle était négative auparavant. Quant aux activités en Afrique subsaharienne, elles participent à hauteur de 36% (en hausse de 19%) au RNPG, tandis que celles des filiales financières spécialisées au Maroc s'établissent à 18%. Malgré son 6ème rang, le CIH réalise la plus forte progression, avec notamment un RNPG qui fait un bond de 58,2% à 368 MDH. Le Crédit du Maroc, qui ferme le peloton, reste le seul établissement bancaire à avoir enregistré une contre-performance (-8,6%), portant son RNPG à 332 MDH, avec un coût du risque alourdi par des provisions sectorielles pour le segment Grande entreprise. Pour autant, le management de la banque juge ce résultat «correct», au regard notamment du rendement de 4,2% de l'action CDM en 2011. «Cela matérialise d'ailleurs notre croissance organique. Mais, au lieu de ralentir les investissements et de les rentabiliser, nous avons choisi d'accompagner l'économie nationale», avait notamment précisé Pierre-Louis Boissière, président du Directoire du Crédit du Maroc, lors de la présentation des résultats. Par D. William Filiales des banques françaises : La SGMA en tête Les filiales des banques françaises maintiennent le cap malgré le rythme imposé par certaines banques locales, comme notamment AWB, GBP et BMCE Bank. Pour autant, c'est la Société Générale qui semble le plus tirer son épingle du jeu. En effet, elle devance tant la BMCI que le CDM en termes de total bilan, de PNB que de RNPG. Elle reste néanmoins talonnée par la BMCI, alors que le CDM est bien loin derrière.