Le continent africain souffre de plusieurs handicaps qui ralentissent son essor économique. Les perspectives des relations économiques africaines dépendent du développement de l'intégration, de la valorisation des matières premières en Afrique, de la promotion des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Le point avec Jawad Kerdoudi, président de l'Institut Marocain des Relations Internationales (IMRI), sur les relations entre l'Occident et les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. - Finances News Hebdo : L'Afrique reflète aujourd'hui l'émergence d'un nouvel ordre mondial. Pensez-vous qu'elle sera le continent du XXIème siècle ? - Jawad Kerdoudi : Le continent africain va certainement ouvrir de grandes opportunités à l'économie mondiale, étant donné sa population et ses énormes ressources naturelles. Cependant, ce sera surtout l'Asie qui sera le continent du XXIème siècle, avec le grand essor économique que connaîtront la Chine et l'Inde.. - F. N. H. : Quels sont, selon vous, les handicaps et les défis de cette ère pour notre continent? - J. K. : Le continent africain souffre de nombreux handicaps. D'abord, sa fragmentation en 54 Etats souverains et le manque d'intégration économique de ces Etats. On peut citer également les nombreux conflits régionaux qui créent un climat d'instabilité. Un troisième défi est celui de l'éducation qui laisse encore une grande place à l'analphabétisme. S'ajoute à cela une insuffisance de la recherche et du développement. Cependant, tous ces handicaps vont s'atténuer progressivement tout au long du XXIème siècle. - F. N. H. : Quelles sont les perspectives qui s'ouvrent aux relations économiques africaines ? - J. K. : Trois grands objectifs doivent être atteints en ce qui concerne les relations africaines. Le premier objectif est le développement des relations économiques inter-africaines, afin de développer l'intégration tant au niveau des échanges commerciaux qu'à celui concernant les investissements. Le deuxième objectif est la valorisation des matières premières en Afrique pour que la plus-value reste dans le continent. Le troisième objectif est la promotion des nouvelles technologies de l'information et de la communication qui permettent de sauter des étapes dans le développement global. - F. N. H. : Comment les relations entre les pays du Maghreb et du Moyen-Orient et l'Occident ont-elles évolué, notamment après les révolutions du printemps arabe ? - J. K. : Les relations entre l'Occident et les pays du Maghreb et du Moyen-Orient après le printemps arabe ont été mitigées. L'Occident a salué les efforts de démocratisation entrepris depuis le printemps arabe, mais a également marqué sa réticence en ce qui concerne les risques d'atteinte aux droits de l'Homme par les nouveaux régimes. Sur le plan économique, des aides financières ont été accordées à certains pays arabes, mais les investissements occidentaux se sont réduits dans l'attente d'un retour à une situation claire. A noter enfin que l'attitude de l'Occident est nuancée selon les pays : plus amicale vis-à-vis du Maroc, beaucoup moins envers la Tunisie, la Libye et l'Egypte. - F. N. H. : Quelle lecture faites-vous du soutien qu'ont manifesté récemment Barack Obama et François Hollande à Israël et comment cela pourrait-il impacter le conflit israélo-palestinien? - J. K. : : Les informations diffusées par Euronews le 15 novembre 2012 se sont avérées erronées. En fait, les Etats-Unis n'ont pas soutenu l'agression israélienne à Gaza, mais ont déclaré qu'«Israël avait le droit de se défendre». Quant à la France, elle a eu une position beaucoup plus équilibrée, et a même dépêché son ministre des Affaires étrangères en Palestine et en Israël pour tenter d'établir les conditions d'une trêve. Dossier réalisé par L. Boumahrou