Le manque de compétitivité, les probèmes logistiques et commerciaux... autant d'obstacles qui se dressent au partenariat Sud-Sud. Après le déclenchement de la crise, les opérateurs marocains se sont intéressés au marché africain qui ne constitue cependant qu'une très faible part des débouchés traditionnels du Maroc. Les banques peuvent jouer un rôle dans les études du marché et le choix des partenaires locaux, tant en ce qui concerne les relations commerciales que les potentialités d'investissement. J. Kerdoudi, président de l'Institut Marocain des Relations Internationales, diagnostique l'évolution des relations entre le Royaume et le continent africain. - Finances News Hebdo : Malgré les efforts entrepris, le partenariat Sud-Sud reste globalement mitigé. Quels sont les principaux obstacles qui se dressent face aux échanges entre le Maroc et le reste du continent africain? - Jawad Kerdoudi : En effet, les échanges entre le Maroc et le reste du continent africain demeurent faibles. Cela est dû à notre offre exportable qui reste limitée, au manque de compétitivité de nos entreprises et aux problèmes commerciaux et logistiques qui constituent encore des obstacles au développement de nos échanges avec l'Afrique. - F. N. H. : En terme de chiffres, comment ont évolué les échanges commerciaux entre le Maroc et les pays africains au cours des dernières années ? - J. K. : Pour ce qui est des chiffres, l'Afrique n'a représenté en 2011 que 5,7% de notre commerce extérieur, alors que la part des autres continents est plus conséquente : Europe (59,4%), Asie (20,8%) et Amérique (12,7%). Nos importations d'Afrique en 2011 se sont élevées à 19 Milliards de dirhams, alors que nos exportations n'ont atteint que 11,4 milliards de dirhams, soit un taux de couverture de 60%. Les importations marocaines d'Afrique ont évolué en dents de scie (-21% en 2009, +28% en 2010 et +9% en 2011). Nos exportations vers l'Afrique ont progressé de 4% en 2009, 30% en 2010 et 7% en 2011. - F. N. H. : Estimez-vous que la crise économique européenne s'est traduite par un retournement de tendance en faveur des pays du Sud ? - J. K. : On ne peut pas parler de retournement de tendance en faveur des pays du Sud suite à la crise européenne. Certes, les exportateurs marocains se sont davantage intéressés aux pays du Sud, mais les marchés africains ne constituent qu'une très faible part des débouchés traditionnels du Maroc. Il faudrait absolument diversifier nos exportations vers d'autres destinations, et notamment vers l'Afrique. - F. N. H. : Certains pays tels que l'Egypte, la Tunisie ou la Jordanie représentent des parts minimes du total des exportations marocaines dans le cadre du régime préférentiel. Comment peut-on expliquer ce phénomène ? - J. K. : Le gros problème de notre commerce extérieur est, comme déjà dit, la faiblesse de l'offre exportable et le manque de compétitivité. Les pays que vous citez, l'Egypte, la Tunisie et la Jordanie ont été plus dynamiques que le Maroc suite à la mise en œuvre de l'Accord d'Agadir et ont plus profité de cet accord. - F. N. H. : Au cours des dernières années, une nouvelle stratégie de promotion des exportations marocaines a été initiée en vue d'un meilleur ciblage des marchés et une exploration active des marchés potentiels. Quel a été l'impact de cette stratégie sur le volume des exportations destinées au marché africain? - J. K. : Je suis tout à fait favorable aux «Caravanes de l'Export» en Afrique organisées par Maroc-Export. En amenant de fortes délégations et avec l'appui de nos représentations diplomatiques an Afrique, cela crée un effet de masse qui est très efficace pour nouer les contacts entre partenaires marocains et africains. - F. N. H. : Certaines banques de la place confortent aujourd'hui leur positionnement panafricain en occupant les premiers rangs des banques du continent. Quels sont les principaux mobiles de la multinationalisation bancaire ? - J. K. : L'implantation de banques marocaines en Afrique est très importante. Outre la notoriété que cela procure à notre pays, ces banques sécurisent les transactions financières entre exportateurs marocains et importateurs africains. Ces banques peuvent également jouer un rôle dans les études du marché et le choix des partenaires locaux tant en ce qui concerne les relations commerciales que les investissements. Propos recueillis par S. Es-siari