Le gouvernement subit depuis quelque temps une véritable volée de bois vert. Précisément depuis la publication du projet de Loi de Finances 2013. Le moins que l'on puisse dire est que ce budget reste très impopulaire. Flingué de toute part, tant par l'opposition que, le patronat et les économistes, il est bien loin des attentes de la collectivité. Pour ne pas dire que, dans sa globalité, il manque de cohérence (www.financenews.press.ma). Mais le gouvernement refuse visiblement les diatribes et défend vigoureusement ses choix en s'abritant notamment derrière ce contexte de crise. Une argutie qui n'est toutefois plus un rempart pour légitimer certains arbitrages qui relèvent davantage de l'arithmétique politicienne que d'une logique économique et budgétaire. Ce qui, de toute évidence, enfonce davantage le clou de la suspicion qui entoure les perspectives de l'économie nationale et ne rassure guère les opérateurs. D'ailleurs, la lecture des indicateurs macro-économiques renforce davantage l'incertitude ambiante qui plane sur les affaires du Royaume. Les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib font ainsi ressortir qu'au niveau du marché de l'emploi, les données du troisième trimestre 2012 révèlent une légère hausse du taux de chômage de 0,3 point de pourcentage en glissement annuel, s'établissant à 9,4%. Parallèlement, à fin octobre dernier, le déficit commercial s'est établi à 164 milliards de dirhams, en aggravation de 10% par rapport à la même période de 2011, ramenant le taux de couverture de 49,7 à 47,8% d'une année à l'autre. Dans ce sillage, les recettes au titre des voyages et les transferts des MRE baissent respectivement de 2,5% (49 Mds de DH) et 3,1% (47,7 Mds de DH). Seul point positif : la reprise des investissements et prêts privés étrangers de 3,8% à 24,7 Mds de DH. Côté finances publiques, le déficit budgétaire continue de s'aggraver pour atteindre 32,4 milliards de dirhams, hors privatisation, au lieu de 25,3 milliards un an auparavant, avec à la clé des dépenses de compensation qui s'établissent à 41 Mds de DH. A côté de tout cela, les banques souffrent toujours d'un déficit structurel de liquidité avec des besoins évalués à 76,4 Mds de DH contre 72,3 milliards un mois auparavant. Aujourd'hui, face à une pareille conjoncture, le gouvernement donne l'impression de tâtonner... dans l'obscurité des couloirs de l'Administration. Surtout, la majorité semble manquer de courage politique. Le courage d'aller jusqu'au bout de ses idées. Il avait, par exemple, promis la transparence dans les affaires : la publication des listes des détenteurs d'agréments de transport et d'exploitation de carrières de sable allait dans ce sens. Si l'initiative est applaudie, l'opinion publique a néanmoins le sentiment d'un travail inachevé : les listes sont rendues publiques, et après ? Quel est l'intérêt d'une telle démarche s'il n'y a pas de suite ? Bref, c'est un exemple parmi tant d'autres qui montre qu'actuellement la lampe a dû mal à éclairer. Et elle ressemble de plus en plus à l'une de ces fameuses et anciennes lampes-tempêtes avec bien peu de pétrole pour maintenir la flamme vivace. On est, à ce titre, bien loin des promesses électorales. Et le PJD découvre, sans aucun doute, avec l'exercice du pouvoir, que certaines idéologies ne survivent pas à la réalité du terrain. Cette réalité économique et sociale qui est aux antipodes de celle promise dans les discours préélectoraux du PJD et qui donne en ce moment aux électeurs l'impression d'être de braves «cocus».