La Bourse de Casablanca navigue toujours dans le rouge. Les deux principaux indices, le Masi et le Madex, ont clôturé la séance du 28 août avec des performances annuelles respectives de -10,31 % et -10,43 %. Personne ne se fait plus d'illusion, car il semble bien difficile d'envisager un retournement de cette tendance de fond. Surtout dans un marché où pratiquement rien ne se passe et qui reste plombé par une sérieuse crise de confiance. Même les analystes, optimistes au début de l'année, semblent résignés. Et pour couronner le tout, la situation économique laisse perplexe, offrant peu de visibilité aux opérateurs. L'évolution des principaux indicateurs économiques en témoigne d'ailleurs. A fin juillet 2012, le déficit commercial (113,8 Mds de DH) s'est aggravé de 7,2% par rapport à la même période de 2011, portant le taux de couverture à 48,4%. Les recettes de voyages (31,3 Mds de DH) et les transferts des MRE (32,5 Mds de DH) ont baissé respectivement de 7 et 2,5%, tandis que sur la même période le flux net des investissements et prêts privés étrangers s'est établi à 10,8 milliards, en repli de 11,6%. Tout autant, le secteur touristique est en ballotage défavorable, avec des nuitées en recul de 1,6% à fin juin. Suivant la même tendance baissière, le déficit budgétaire s'est chiffré à 21,4 Mds de DH au lieu de 15,7 milliards un an auparavant, avec des dépenses de compensation (26,2 Mds de DH) dont la hausse a été contenue à un milliard en juin (contre une moyenne mensuelle de plus de 5 milliards au cours des cinq premiers mois de l'année) grâce à l'augmentation des tarifs des carburants à la pompe. Les banques, pour leur part, ne sont pas mieux loties : elles font toujours face à un déficit structurel de liquidités, avec des besoins évalués à fin juillet à 71,1 Mds de DH contre 60,5 Mds de DH un mois auparavant. Ce ne serait alors pas faire preuve de pessimisme démesuré que de soutenir que la situation actuelle est assez préoccupante. Et ce climat d'incertitude plombe le moral des opérateurs et semble paralyser l'économie et le marché financier. Seule issue : la mise en œuvre des nombreuses réformes économiques préconisées, mais aussi celles relatives au marché financier. L'argentier du Royaume s'est, à ce titre, engagé sur un certain nombre de mesures urgentes à instaurer (www.financenews.press.ma), dont notamment un raccourcissement des délais des opérations d'introduction en Bourse et l'assouplissement des levées de capitaux pour les émetteurs déjà cotés, la mise en place d'un marché alternatif exclusivement dédié aux PME ou encore l'introduction de nouveaux produits financiers comme les obligations sécurisées, les fonds immobiliers, le prêt titres, les instruments financiers à terme, les fonds négociés en Bourse et les sukuks... Initiatives qui seront soutenues par la création de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMC) et de l'Autorité de contrôle des assurances, mais aussi par la révision du statut de Bank Al-Magrhib. On attend de voir !