Les observateurs avertis se demandaient depuis quelque temps comment allait faire Abbas et Fassi et son équipe pour résorber une partie du déficit budgétaire. Ils n'auront pas attendu bien longtemps. A force de se triturer les méninges, l'Etat a pu trouver un moyen d'avoir des espèces sonnantes et trébuchantes. Il a, en effet, décidé de céder 20% du capital de la Banque Centrale Populaire à un consortium formé par les Banques Populaires Régionales. Ce qui lui permet d'engranger la coquette somme de pratiquement 5,3 Mds de DH (voir page 11). Un joli pactole, mais qui semble sans aucun doute insuffisant par rapport au creusement actuel du déficit budgétaire. A fin février dernier, il s'affichait ainsi à 13,9 Mds de DH contre 4,9 milliards un an auparavant et 3,4 milliards en janvier 2011. En seulement 1 mois, le déficit budgétaire s'est donc aggravé de 10,5 Mds de DH en raison de la hausse importante des dépenses globales (+33,7% à 41,7 Mds de DH) par rapport à la croissance des recettes ordinaires (+5,6% à 27,6 Mds de DH). Et les charges de compensation ont plus que doublé, passant de 3 à 7 Mds de DH, tandis que les dépenses de fonctionnement ont progressé de 12,6% à 23,2 Mds de DH. Il faut dire qu'en peu de temps, l'orthodoxie financière que s'était imposée le gouvernement a volé en éclats, au profit d'une certaine paix sociale. Une paix onéreuse et qui risque de faire exploser davantage le déficit, si l'on tient compte notamment des promotions exceptionnelles, de la hausse des salaires des fonctionnaires et du recrutement des diplômés-chômeurs à venir. Les besoins de liquidité de l'Etat légitiment donc parfaitement cette opération qui semble avoir été montée dans l'urgence pour faire face… à l'urgence. C'était, techniquement, l'opération la plus simple et la plus facile à mettre en œuvre. Ce qui a pris à défaut les observateurs et autres analystes qui attendaient plutôt l'Etat sur d'autres fronts. En effet, plusieurs pistes avaient été évoquées devant lui permettre de renflouer ses caisses, comme notamment la cession des 8% de Maroc Telecom ou encore une nouvelle sortie à l'international. Toutefois, au regard des dépenses supplémentaires auxquelles doit faire face le gouvernement, «ces pistes restent toujours d'actualité», confie un économiste. Surtout si l'on intègre l'incertitude qui pèse sur l'évolution du cours du baril de pétrole, lequel, en flirtant avec les 100 dollars actuellement, alourdit déjà la charge de la compensation.