Energia I a abordé les enjeux que représente le financement pour l'avenir des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique au Maroc. Intervenant lors de Energia I tenue à Agadir, Ahmed Baroudi, Directeur général de la Société d'Investissements Energétiques, a passé en revue tout l'enjeu du financement pour faire aboutir la stratégie énergétique nationale. Il en ressort des difficultés majeures pour financer l'axe efficacité énergétique. Les premières assises régionales des énergies renouvelables et du développement durable, tenues récemmentà Agadir, ont connu l'organisation d‘un panel très important, relatif au financement, le nerf de la guerre lorsqu'il s'agit de concrétiser la stratégie énergétique nationale. Le panel tenu sous le thème «Financement, quels enjeux pour un meilleur avenir des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique?», a été animé par Ahmed Baroudi, Directeur général de la SIE. L'occasion pour le responsable de faire le point sur l'activité de cette société anonyme de l'Etat créée en 2010. Il est d'ailleurs utile de rappeler que le rôle de la SIE est d'accompagner la stratégie énergétique nationale en tant qu'outil financier de l'Etat, à la fois comme investisseur et en tant que levier financier. Plus particulièrement en matière d'énergies renouvelables. Dans ce sens la priorité est donnée aux gros projets qui vont contribuer à sécuriser l'approvisionnement, notamment le projet éolien de l'ONE, avec comme objectif de production 1.000 mégawatts, ou encore le solaire. En tant que levier financier, la société travaille sur deux axes principaux. Le premier concerne la mobilisation des capitaux marocains et étrangers dans le cadre de fonds destinés aux énergies renouvelables. Le Directeur général de la SIE a d'ailleurs annoncé la création d'un fonds de 200 millions de DH pour une levée de 2milliards de DH dont 80% seront consacrés au développement éolien dans le Royaume. Par contre, le deuxième axe d'activité de la SIE pose un sérieux problème. En effet, il s'agit de renforcer l'efficacité énergétique, mais là il s'agit d'un axe plus complexe et l'étude en cours a dévoilé de sérieux handicaps. Le premier d'entre eux est l'absence d'un modèle économique applicable à tous les secteurs, il faut donc innover dans la création d'un modèle financier qui puisse être attractif pour les capitaux. «Nous avons lancé une étude dont les résultats seront bientôt dévoilés pour répondre à deux préalables : d'une part mesurer la profondeur du marché et de l'autre décider quels mécanismes financiers il faut implémenter. De cette étude, il ressort déjà deux difficultés majeures. La première est la maturité du marché, autrement dit le manque de sensibilité des acteurs à cette donnée. Et là, il est important que tous comprennent que «la meilleure énergie est celle qu'on ne consomme pas», pour emprunter cette célèbre expression de Saïd Mouline. Or, l'objectif contenu dans la stratégie énergétique nationale est d'atteindre 12 % d'économie dans le mix énergétique global électrique. La deuxième difficulté relevée par l'étude est le manque d'ESCO (Energy Service Company) ou sociétés de services énergétiques, explique Ahmed Baroudi. Il s'agit d'entreprises de services professionnels qui offrent une vaste gamme de solutions énergétiques dont le but principal est la réalisation d'économies d'énergie. Une ESCO effectue une analyse approfondie des lieux, conçoit et met en œuvre des solutions et maintient le système en place pour assurer des économies d'énergie tout au long du contrat la liant à son client. Ce sont les économies en coûts d'énergie qui sont souvent utilisées pour rembourser l'investissement pendant une période pouvant aller de cinq à vingt ans. Que faire dès lors ? Abandonner un pan important de la stratégie énergétique nationale qui, dans l'ensemble, vise une réduction de la demande en énergie primaire de 12 % à l'horizon 2020 et de 15 % à l'horizon 2030 ? Et ce d'autant plus que lors de la présentation de la stratégie de la SIE en mars 2012 à la CGEM, il avait été question d'un fonds pour l'étude en vue de situer le gisement important d'économie d'énergie présentant des opportunités d'investissements significatives, un cadre réglementaire en cours de mise en place (loi 47-09)... Le montant de ce fonds était estimé à 500 MDH ! Pragmatique, Ahmed Baroudi explique que «lancer ce fonds est prématuré et qu'il faudra d'abord créer le marché avant d'activer les ESCO. Nous pensons démarrer par deux secteurs : l'éclairage public et celui des bâtiments public, ce sont encore des propositions qui attendent validation». Sachant que parmi les secteurs les plus gourmands en énergie et auxquels doit être appliquée l'efficacité énergétique on peut citer l'industrie, le tertiaire, le résidentiel, le transport et l'agriculture. En attenant de créer le marché, il est nécessaire de fournir un effort de sensibilisation auprès des secteurs concernés pour cet axe important qu'est l'efficacité énergétique et sa valeur ajoutée en tant qu'opérateurs économiques. A noter que le ministère de tutelle a mené de nombreuses actions pour une meilleure efficacité énergétique, notamment un travail en cours avec des experts pour développer un code d'efficacité énergétique dans le bâtiment devant établir une réglementation pour son utilisation lors de la construction de nouvelles techniques, dont celle de l'isolation thermique qui permet la diminution de la consommation d'énergie. Concernant le cadre réglementaire, une loi relative à l'efficacité énergétique verra bientôt la promulgation de décrets d'application qui vont permettre d'imposer aux entreprises qui consomment beaucoup d'énergie des audits énergétiques et de définir, entreprise par entreprise, les moyens d'améliorer la consommation en énergie. Enfin, une action de grande envergure a été menée mais cette fois-ci auprès des citoyens consistant en la distribution de plus de cinq millions de lampes à basse consommation avec, comme objectif à terme et par les moyens publics, d'atteindre au total 22 millions de lampes à basse consommation.