Rachid Mohammadi, Directeur général de la Snep. Photo FNH.ma Le management rassure les investisseurs et reste confiant pour l'avenir de la société. 70% de parts de marché en PVC attendues en 2022 et 80% en 2024.
La vie n'est pas faite que de joies, mais aussi et surtout d'épreuves. Celle de la Société nationale d'électrolyse et de pétrochimie (Snep) a été marquée par une traversée du désert entre 2011 et 2015, période où les ventes et les bénéfices ont drastiquement chuté. En cause : des importations massives de PVC en provenance des Etats-Unis, du Mexique et de l'Union européenne, à des prix défiants toute concurrence. Ce que Rachid Mohammadi, Directeur général de la filiale de Ynna Holding, n'a pas hésité à qualifier de véritable «discrimination commerciale». Passé cette période, grâce un coup de pouce de l'Etat (instauration de mesures antidumpings), la Snep est finalement sortie de crise. Ses bénéfices ont retrouvé des niveaux plus élevés et son cours de Bourse s'envolait (+240% en 2016). Après cette période de «recovery», la situation s'est à nouveau corsée cette année. Il y eut d'abord la publication d'un profit warning sur les résultats semestriels. Par ailleurs, planent des inquiétudes autour de la reconduction des mesures antidumpings qui prendront fin en décembre 2018. C'est dans ce contexte que le management de Snep a organisé des journées «portes ouvertes» dans son usine à Mohammedia, pour présenter ses résultats, son programme d'investissement et organiser une visite du site. Il s'agit surtout de rassurer un marché visiblement moins confiant sur la capacité de l'entreprise à rebondir, comme en témoigne son évolution en Bourse actuellement (-14% depuis janvier).
Mesures antidumping : la position du management Concernant les mesures de sauvegarde, Rachid Mohammadi s'est montré clair et catégorique. Selon lui, la décision de reconduire, ou non, ces mesures n'impactent «absolument pas» la mise en place du programme d'investissement, ni l'activité en général. «La deuxième partie du programme d'investissement va être exécutée, nonobstant le résultat de la requête de la reconduction des mesures de sauvegarde», assure-t-il. En outre, soutient-il, «en augmentant notre capacité de production du PVC à 90.000 tonnes, nous allons acquérir des points supplémentaires de compétitivité, il y aura des économies d'échelle et nous allons moderniser une partie du matériel. Tout cela nous donne de la puissance et nous réconforte».
Financement : Deux choix possibles Questionné sur les modalités de financement de la deuxième phase d'investissement d'un montant de 300 MDH, le management indique qu'il y a deux options envisageables, et que la décision, la plus appropriée et la moins coûteuse, sera arrêtée en fin d'année. Ainsi, la première option classique consisterait en un mélange entre de la dette bancaire et des fonds propres, permis par son gearing très faible. La deuxième alternative serait un recours à une émission de dette privée et une partie par fonds propres. «Dans les deux cas, nous avons pris la décision de contribuer avec nos capitaux propres», indique-t-on. «Nous avons eu l'aval des organismes financiers pour nous accompagner sur cette opération de financement». Chose réconfortante selon le mangement. ■
Les retombées du programme d'investissement Le management a présenté des perspectives qui ne laissent pas indifférent. En plus d'atteindre une capacité annuelle de production effective de 120.000 T de PVC et de 115.000 T de soude liquide en 2022, la Snep compte s'ouvrir à l'international en exportant 15 à 20% de sa production de PVC en Europe méditerranéenne (Espagne, Portugal), en Turquie et dans les pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Idem pour sa production de soude. En termes de chiffres d'affaires, la société table sur des revenus de 1,25 milliard de DH en 2020, 1,69 milliard de DH en 2022 et 1,71 milliard de DH en 2024. Quant aux prévisions d'évolution des parts de marché PVC, la société dit pouvoir atteindre 70% en 2020, 75% en 2022 et 80% en 2024. Rappelons que la Snep couvre aujourd'hui 44% des besoins du marché national en PVC et 71% en soude. En 2024, la demande en PVC devrait croître au Maroc pour atteindre environ 140.000 tonnes. Avec ce programme d'investissement, Snep engage également un ambitieux chantier de modernisation de son appareil productif. Pour se hisser au rang d'une industrie 4.0, la société prévoit ainsi d'intégrer le digital au sein de tous ses process de production. Son organisation sera ainsi transformée tant dans ses métiers que dans son offre de produits et services. «On n'est pas en train de rêver, ce sont des parts de marché que nous pouvons atteindre. Snep a tous les moyens et les mérites pour y parvenir», affirme le DG. Et de conclure : «C'est une industrie capitalistique, et nous avons les capitaux pour aboutir à nos objectifs. Nous ne sommes pas prétentieux». ■