- La banque propose un dividende historique de 97 DH par action. - En situation de surliquidité, BMCI cherche à «déployer» son cash.
Investisseurs et analystes qui suivent le secteur bancaire, étaient surpris en mars dernier quand, à l'occasion de la publication de ses résultats annuels, la banque dirigée par Laurent Dupuch n'a pas communiqué son dividende. Car en Bourse, BMCI est historiquement considérée comme valeur à haut rendement. Les investisseurs institutionnels et OPCVM exposés au secteur et privilégiant des stratégies axées sur la rémunération gardent d'ailleurs le titre bien au chaud dans leurs portefeuilles. En conférence de presse, quelques jours après la publication des comptes annuels, le management nous avait indiqué qu'il fallait attendre l'avis de convocation en Assemblée générale pour en savoir plus sur ce fameux dividende. Ce n'est donc que le samedi 19 mai que cet avis a été publié, et grande surprise, les dirigeants de la filiale de BNP Paribas ont décidé de proposer à leurs actionnaires de se partager la coquette somme de 1,28 milliard de dirhams, alors que son résultat distribuable n'est que de 487 MDH. La banque veut donc puiser dans ses réserves pour honorer cet engagement. Pourquoi donc autant de générosité ?
BMCI regorge de cash
Le déploiement des normes IFRS9 et leurs éventuels impacts sur les résultats et les fonds propres semblent ne pas contraindre BMCI à plus de prudence. On dirait même que pour cette banque, et les autres filiales des groupes français, habituées à «surgérer» le risque, cette nouvelle norme de provisionnement ne représente pas un frein. C'est ainsi que BMCI, qui regorge de cash - une partie de l'actif qui ne rapporte pas grand-chose en ce moment sur les marchés - a décidé de restituer aux actionnaires son surplus. L'an dernier déjà, la filiale de BNP avait tenté de s'en débarrasser en remboursant une dette de 750 millions de DH dont l'échéance était prévue in fine en 2022, soit 5 ans avant l'échéance. La disponibilité du cash et la fenêtre de tir offerte par les taux avaient poussé la banque à réfléchir à cette option. Mais, en face, les investisseurs avaient jugé que les conditions de remboursement offertes par la banque n'étaient pas intéressantes, la poussant à annuler l'opération. Dans l'impossibilité de déployer le cash de cette manière, la banque s'est donc tournée vers ses actionnaires en leur offrant un peu plus de 1,28 milliard de dirhams de dividendes. Ceci se traduit par un taux de distribution de 264% et un rendement de plus de 10% au moment de l'annonce, très au-dessus de la moyenne du marché et du secteur. Des professionnels font remarquer que malgré cette distribution, la banque continue d'être confortable en cash.
Les analystes confiants
Le dividende de BMCI a vite fait réagir les analystes d'Attijari Global Reaserch (AGR), qui dans une nouvelle publication intitulée «BMCI, une stratégie axée sur le ROE», publiée en marge de l'annonce du dividende de la BMCI au titre de l'exercice 2017, disent juger intéressant de dresser une analyse concernant la nouvelle stratégie de la banque. Selon eux, «les réalisations de la BMCI confirment notre scénario initial qui anticipait le démarrage d'un cycle généreux en termes de distribution de dividendes». Et d'ajouter qu'«à l'image de sa maison-mère BNP Paribas, la BMCI se focalise désormais sur le relèvement de son ROE à travers l'activation de deux leviers : le coût du risque et la politique de distribution». Ainsi, avec un dividend yield annoncé de 9,7%, contre 2,5% pour le secteur bancaire coté, le titre BMCI offre une réelle alternative de placement pour les gérants de fonds, selon ces analystes. Parallèlement, le titre devrait continuer à surperformer son secteur en termes de rendement durant les années à venir, estiment-ils. AGR recommande ainsi l'achat avec un potentiel de 15%, soit un cours cible à 1.150 DH. BMCI a dégagé en 2017 un RNPG consolidé de 547 MDH en hausse de 26,8%, grâce à la baisse de plus de 10% du coût du risque. Sur le plan opérationnel, le PNB consolidé s'est situé à 3,02 Mds de DH en légère baisse de 1,3% par rapport à 2016 alors que le résultat brut d'exploitation consolidé a atteint 1,4 Md de DH, soit une baisse de 2,4% par rapport à la même période de l'an dernier. ■