Aïd Al Adha a été marqué par l'affaire de la viande putréfiée qui a fait la Une de toute la presse nationale. Ouadi Madih, président de l'Association de protection du consommateur Uniconso, revient sur une affaire qui n'a pas livré tous ses secrets.
Finances News Hebdo : Le scandale de la viande putréfiée a fait couler beaucoup d'encre ces derniers jours. Quelle a été la démarche adoptée par la Fédération de protection du consommateur? Quelles sont les actions menées pour garantir la protection du consommateur ?
Ouadi Madih : Dès notre connaissance du problème de la contamination de la viande de l'Aïd Al Adha et après la réception des premières réclamations le lundi 4 septembre, nous avons pris contact avec les services de l'ONSSA pour les avertir de l'existence d'un problème de contamination de la viande du mouton congelée ou frigorifiée. Durant toute la semaine, nos guichets n'ont pas cessé de recevoir les réclamations des consommateurs, et leur ont porté assistance. Dans le cadre de notre prise en charge des réclamations, nous nous sommes renseignés auprès des consommateurs des méthodes de préparation, de l'égorgement, du découpage ainsi que de la conservation du mouton sans relever aucun fait anormal. Notre fédération suit de très près ce problème et a demandé aux autorités de contrôle chargées de la question animalière d'éclaircir certains points qui demeurent obscurs à ce jour. Le consommateur ne doit pas être le maillon faible dans cette chaîne qui échappe à tout contrôle, depuis l'engraissement des moutons par certains marchands sans scrupule, jusqu'aux marchés ou souks non contrôlés ni par les services sanitaires, ni par les organismes de protection du consommateur.
F.N.H. : Quelle lecture faites-vous des deux communiqués publiés par l'ONSSA ?
O. M. : Nous réfutons tous les termes qui font endosser la responsabilité au consommateur dans le premier communiqué. Il est inconcevable de dire que le consommateur marocain, qui a toute une histoire dans la manière et l'art de se comporter avec l'Aïd, ignore les mesures d'hygiène, de propreté et de découpage de la viande de l'Aïd. Il faut rappeler que nos ancêtres laissaient le mouton sécher en plein air, sans réfrigérateur ni congélateur, pendant plus de deux jours sans qu'il soit atteint ni de bactéries ni de microbes. Nous considérons que ce communiqué est une insulte au consommateur marocain. Par contre, le second communiqué a apporté quelques éclaircissements scientifiques sans pour autant déterminer la cause de la prolifération des bactéries dans l'appareil digestif de l'ovin, qui sont responsables de la contamination de la viande. Les analyses ont détecté des microbes appartenant à un grand nombre de bactéries, dans l'appareil digestif. Ces bactéries qui passent immédiatement à la carcasse, causent l'arrêt du système immunitaire de la bête et se prolifèrent dans un environnement propice (température, humidification de la carcasse et retard du refroidissement ou de la congélation). En observant ces données, nous avons constaté que l'élément responsable de ces bactéries provient des microbes qui existaient dans l'appareil digestif du mouton. Que contient l'estomac autre que ce que l'animal mangeait auparavant ? D'où la suspicion de l'alimentation qui est anormale et conforte nos doutes quant à l'aliment donné aux moutons.
F.N.H. : Avez-vous une idée sur le nombre de cas concerné par cette contamination ?
O. M. : A ce jour, les guichets du consommateur des associations affiliées à notre fédération ont enregistré plus de deux cents cas. Il faut aussi prendre en compte les réclamations qui ont été enregistrées chez nos confrères ainsi qu'auprès des services de l'ONSSA. Sans oublier toutes les personnes qui n'ont pas daigné réclamer par ignorance ou par certitude que rien ne changera même si elles le font. ■
Propos recueillis pas I. Bouhrara
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