L'innovation technologique est considérée comme l'un des principaux facteurs de croissance économique. Sur ce volet, le Maroc, étant un pays émergent, est appelé à revoir ses priorités pour pas rester à la traîne. Depuis quelques années, l'innovation est devenue le principal credo de pratiquement tous les pays du monde. Son rôle est aujourd'hui évident aussi bien dans les secteurs mûrs que dans ceux en déclin comme le textile. Toutefois, il est à reconnaître que l'innovation nécessite un budget qui n'est pas à la portée des unités de production. Cet état de fait a suscité de nouveaux processus et une méthode de soutien de la part des autorités publiques. Des mesures qui, sous d'autres cieux, ont eu leurs effets. Pour une meilleure appréciation des politiques de l'innovation, les analystes du Centre Marocain de Conjoncture (CMC) ont observé le rôle de ces politiques dans un pays tel que l'Union Européenne. Comparativement à d'autres pays tels que le Japon et les États-Unis, dont les dépenses relatives à la Recherche & Développement sont respectivement de 3,09% et 2,82%, l'Union Européenne est relativement en retard avec un effort de seulement 1,93%. Cest cet état de fait qui a conduit aux conclusions du Conseil de Barcelone de mars 2002, conclusions selon lesquelles l'ensemble des dépenses de R & D de l'Union doit augmenter pour approcher de 3% du PIB d'ici 2010. Une étude du laboratoire Erasme a établi une simulation macro-économique des conséquences à l'horizon 2010 dans l'objectif d'une DIRD (Dépense Interne de Recherche & Développement) de 3% pour l'Union Européenne. Cet objectif permettrait, en Europe, d'augmenter la croissance potentielle de 0,43% à 0,64% par an, créer de 8 à 14 millions d'emplois supplémentaires et dépasser 3 millions d'emplois dans le secteur de la recherche. Et le Maroc ? Le choix du Maroc pour une économie entièrement libéralisée devra s'accompagner de mesures adéquates à même de lui permettre d'affronter les défis de la concurrence. Le Royaume a de ce fait besoin de renforcer ses moyens d'incitation, ses institutions ainsi que ses procédures d'adaptation et d'utilisation des technologies modernes. Aujourd'hui, l'acquisition de la technologie par les entreprises nationales demeure en deçà des attentes et n'est pas à la hauteur des défis que devra affronter l'économie marocaine. Cette situation résulte dans un premier temps d'une faible concurrence à laquelle étaient confrontées les entreprises nationales ; concurrence qui ne les contraignait pas à investir dans la R&D. La seconde raison est liée à la faiblesse des moyens financiers. Une faiblesse qui constitue un handicap pour de nombreuses PME. Les dépenses totales du Maroc en matière de technologie sont évaluées à moins de 0,3% du PIB ; ce qui est nettement inférieur par rapport à d'autres pays comme le Brésil (0,6%), l'Inde (1%), la Corée (2%), et les pays industrialisés (3%). Le plus souvent les investissements réalisés consistent en l'acquisition des technologies étrangères. La Recherche et Développement au Maroc, bien que faible, reste l'apanage des grandes entreprises essentiellement du secteur public à travers les centres de recherche publique et les universités. Rares sont les cas où des contrats de Recherche et Développement sont ratifiés entre des chercheurs et le secteur industriel. Les dépenses consacrées à cet effet demeurent somme toutes négligeables. Il faut reconnaître qu'il ne suffit pas d'acquérir une technologie étrangère, mais dabord savoir l'utiliser et la diffuser de manière efficace. En outre, une telle diffusion nécessite des réseaux et des institutions appropriées qui permettent à l'entreprise marocaine de recourir à l'information technologique dans lobjectif de l'utiliser pour mieux apprécier ses résultats. Les analystes du CMC ont évoqué un autre problème aussi important que la technologie. Il s'agit de l'infrastructure marocaine de diffusion de la technologie qui n'est pas assez étoffée. Une telle situation est due à plusieurs raisons. Dune part, parce que les associations professionnelles du secteur privé ont une influence limitée sur la définition et le fonctionnement du programme technologique. Dautres part, parce que la structure de décision de mise en uvre des programmes de normalisation et de certification des produits est inadéquate. Au Maroc, il existe plus d'une centaine de laboratoires d'essais. Toutefois, les principaux problèmes dont souffrent ces laboratoires concerne la structure de financement et la tarification de leurs services. Un handicape majeur à leur développement. À l'heure des tirs croisés de la mondialisation, les entreprises marocaines sont appelées à faire preuve d'innovation pour mieux affronter la concurrence. Le cas contraire, elles risqueraient de s'enfermer à jamais dans la sous-traitance. L'exemple des entreprises du secteur du textile, qui ont été dépassées par les événements de la mondialisation, parce quelles se contentaient de la sous-traitance des années durant, est assez révélateur. La promotion de l'innovation s'impose parce qu'elle permet à une économie de se positionner dans les phases ultimes de développement et d'introduction aux nouveaux marchés.