Le placement à court terme est parfois plus rentable que le long terme. Les produits de cession peuvent atteindre jusqu'au double du prix de souscription lors d'une IPO, seulement quelques jours après la cotation. Il est généralement connu sur la place de Casablanca que souscrire lors d'une introduction en Bourse est le meilleur moyen pour réaliser des plus-values satisfaisantes, à quelques exceptions près, à condition de se défaire de ces titres après quelques jours de la première cotation. Bien que la Bourse de Casablanca et les autorités y afférentes recommandent aux investisseurs de se positionner sur le marché financier pour le long terme, bon nombre d'opérateurs financiers se placent sur le titre d'une société au moment de son introduction en Bourse dans le but de «s'enrichir» sur le très court terme. Mis à part les investisseurs institutionnels qui, de par leur nature, ont un horizon de placement long-termiste et cherchent, dans le cadre de leur stratégie, non seulement des plus-values, mais également les rendements des dividendes de la société. Plusieurs raisons peuvent être derrière ce comportement spéculatif, dont notamment le cours que peut atteindre l'action d'une société quelques jours après sa première cotation qui peut dépasser parfois le double de son prix d'introduction. Réalisant de ce fait une performance extravagante, l'investisseur juge opportun de se placer à la vente au cours du marché et «empocher» ainsi le gain qui lui est alloué. Ceci dit, si l'ensemble des investisseurs agissent de la même manière, des mouvements de prises de bénéfices s'enregistrent au niveau de l'action et cela conduit inévitablement à une chute drastique des cours. Une autre explication peut être fournie quant aux placements opportunistes des investisseurs occasionnels et leur corollaire, les suiveurs : elle a trait notamment à la performance à long terme des actions sur le marché boursier. Voyant que l'évolution à long terme de certaines valeurs sur une période de cinq années n'était pas au rendez-vous, les investisseurs auraient changé de politique de placement et préféré un placement court-termiste où le produit de cession à encaisser sur le très court terme serait supérieur à celui réalisé sur le long terme ajouté aux dividendes. Une autre raison peut être avancée et qui est plus d'ordre psychologique que technique. Il s'agit de la méfiance des intervenants vis-à-vis du marché boursier conjuguée au manque de visibilité quant aux évolutions futures de la société, d'une part. D'autre part, la décorrélation existante entre les résultats d'une entreprise et le comportement de son cours en Bourse peut augurer d'un avenir incertain du titre ou d'une confiance limitée. En somme, le comportement des intervenants sur le marché boursier dépend de l'évolution du cours d'une valeur qui est tributaire nécessairement, pour sa part, de la perception du marché eu égard à la société, à ses perspectives d'avenir, à ses fondamentaux et au comportement global du marché à propos de ladite valeur. En prenant comme illustration certaines des sociétés introduites en 2006 et sur un horizon de long terme, soit 5 ans, la performance de ces dernières ne corrobore pas l'idée selon laquelle un placement financier long terme serait plus intéressant que le court et le moyen termes. En effet, Addoha a réalisé une performance year to date de 200% actuellement, contre plus de 300% quelques jours après son introduction en Bourse. Colorado, introduite au premier compartiment, atteint au 22 juillet de l'année en cours une performance annuelle de 65,7%. Elle était de 141% post IPO. Parallèlement à cela, Risma cote actuellement à des niveaux inférieurs à son prix d'introduction en Bourse; autrement dit, son évolution annuelle est de -4,7%, alors qu'elle avait affiché sur le court terme une performance de 70,6%. La même règle s'applique même aux moyennes capitalisations. En effet, HPS a réalisé un plus haut historique de 2095 DH, notant une variation de 146% en uniquement quelques séances de cotation après son introduction. Le titre est actuellement en baisse de 43,6%. Au regard de l'ensemble de ces éléments, même les professionnels de la place conseilleraient les investisseurs d'avoir un comportement spéculatif, privilégiant le gain à court terme plutôt qu'un placement à long terme qui pourrait être improductif !