L'analyse du risque pays par Euler Hermes inclut désormais la vulnérabilité financière et la vulnérabilité cyclique. Lecture de la croissance mondiale et du risque pays à la lumière de cette matrice. La crise financière a ébranlé le monde économique qui s'est découvert des faiblesses insoupçonnées. L'approche classique du «risque pays» établie sur une mesure purement structurelle du risque économique et politique, devait être revue et perfectionnée pour intégrer de nouveaux indicateurs. Le groupe Euler Hermes a été d'ailleurs parmi les précurseurs à mettre en place une nouvelle matrice pour une meilleure lecture du risque pays. L'analyse du risque pays par Euler Hermes inclut désormais, à l'approche structurelle classique, des indicateurs d'alerte à court terme : le FFI et le CRI (vulnérabilité financière et vulnérabilité cyclique) qui mesure la vulnérabilité à court terme d'un pays aux risques financiers, en l'occurrence la sensibilité des flux de capitaux et la dégradation de la qualité des paiements en liaison avec l'évolution macroéconomique du pays. Cette combinaison permet, au final, de définir quatre catégories de politique de risque pays (faible, moyen, significatif, élevé). À l'aide de cette nouvelle grille de lecture, il est plus facile d'avoir une analyse plus complète. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la région est balayée par une vague de troubles, de manifestations de grande ampleur et des appels à la réforme politique. La Tunisie et l'Egypte ont déjà vu leur régime changer, la Libye est en proie à la révolution et les protestations se succèdent au Yémen. Bahreïn a imposé l'état d'urgence et des forces de sécurité régionales aident à réprimer les manifestations. La contagion a gagné d'autres pays, mais le ton y est plus modéré, notamment en Algérie, en Jordanie, à Oman et dans certaines parties de l'Arabie Saoudite. Enfin, il y a la Syrie, dernier théâtre de répressions violentes des manifestations. Entre temps, le Maroc a pris des mesures audacieuses et a adopté une nouvelle Constitution votée par référendum le 1er juillet 2011. La Jordanie pourrait lui emboîter le pas. La croissance de l'activité ralentira fortement dans certains pays, mais les exportateurs de pétrole et de gaz bénéficieront du soutien apporté par les hauts niveaux de prix énergétiques. Dans l'ensemble, l'expansion du PIB de cette région devrait se modérer quelque peu, revenant à +3,7 % en 2011 et +3,9 % en 2012. Bahreïn et la Tunisie ont vu leur note structurelle dégradée à B et la Libye à D. La note structurelle du Maroc est B/L1 soit un risque faible. L'Afrique subsaharienne, pour sa part, n'est pas à l'abri des événements qui se déroulent actuellement en Afrique du Nord, d'autres pays étant affectés par des manifestations en faveur de réformes et de changements, notamment le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, Djibouti, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Sénégal et le Swaziland. Malgré tout, le PIB réel de la région devrait progresser de 5 à 6 % en 2011 et 2012, avec une contribution positive des économies non pétrolières (dont l'Afrique du Sud) et des exportateurs de pétrole (dont le Nigeria, l'Angola et le Soudan). Les pays dont les secteurs pétroliers en sont à leurs balbutiements (notamment le Ghana et l'Ouganda) enregistreront une croissance annuelle stimulée par l'investissement de 7 à 12 % en 2011-2012. Le Nigeria, deuxième économie de la région, prévoit des élections en avril et les perspectives économiques dépendent de leur issue favorable. La lutte pour le pouvoir engagée en Côte d'Ivoire est arrivée à son terme, avec la reddition du Président sortant Laurent Gbagbo, qui devrait assurer les pleins pouvoirs au Président élu en novembre 2010, Alassane Ouattara. Mais un retour à une paix durable n'est pas assuré, les massacres récents ayant ravivé les tensions ethniques et religieuses. Un référendum au Sud Soudan a ouvert la voie à un Etat indépendant vers le milieu de l'année. Concernant la région asiatique, son expansion économique demeure relativement dynamique, bien qu'elle ralentira en 2011 (+7 %, après +8,8 % en 2010), de pair avec la poursuite du resserrement des politiques budgétaires et monétaires (destinées à lutter contre les pressions inflationnistes), avec le fléchissement de la demande d'exportations et avec l'atténuation des effets de base. La Chine a relevé les taux d'intérêt et les obligations des banques en matière de réserves, alors que la poursuite de la croissance, bien que plus lente mais durable (+8,5 % en 2011, après +10,3 % en 2010), concentre l'attention sur les tensions inflationnistes. L'économie indienne enregistre toujours une solide croissance de quelque +8,5 % en 2011-2012, mais les incertitudes de politique intérieure et de l'économie mondiale pourraient empêcher un retour à des rythmes annuels supérieurs à +9 %. Ailleurs, en Asie du Sud, le Sri Lanka confirme sa reprise économique avec un PIB en progression de +8 % en 2010 et de +6/+7% prévu pour 2011-2012. L'Anase a enregistré un fort rebond, autour de +7,5 % en 2010, mais elle devrait ralentir à +5 % en 2011. La Corée du Sud verra son rythme de croissance fléchir de +6,1 % en 2010 à +3,8 % en 2011. Les incertitudes politiques demeurent grandes en Thaïlande, avec de probables élections cette année. Aux Etats-Unis d'Amérique, les perspectives économiques restent encore favorables malgré de nombreux obstacles. A court terme d'abord, avec le faible niveau de confiance des ménages, qui a rechuté en mars (-8,6 points pour l'indice du Conference Board) dans le sillage des incertitudes liées aux événements au Japon et au Moyen-Orient. Avec la situation toujours catastrophique sur le marché immobilier, qui présente peu d'espoir de redressement rapide au regard du niveau des stocks et de celui des saisies, proches des niveaux records. Et avec le sursaut d'inflation, lié aux fortes hausses de prix du pétrole, de l'essence et des denrées alimentaires depuis le milieu de 2010, et en partie aussi à la politique d'assouplissement quantitatif (QE2) de la Fed. A plus long terme toujours, avec la situation des finances publiques. Toutefois, les facteurs positifs semblent pouvoir l'emporter sur 2011 et d'ici 2012. Le QE2 a favorisé une dépréciation du dollar qui soutient les exportations, et un redressement de la courbe des taux, plus favorable pour l'activité des banques, qui n'aurait pas été possible sans l'amélioration concomitante des anticipations conjoncturelles. Les prêts commerciaux, essentiels à l'économie, ont entamé une reprise depuis septembre 2010, après deux ans de repli. La baisse des taxes sur les salaires et la hausse du revenu disponible devraient profiter à la consommation. L'environnement est globalement propice aux affaires (inflation contenue, faibles taux d'intérêt, hausse de la productivité et des profits) et à leur développement (emploi). Dans ce contexte, l'économie américaine devrait progresser de +2, 9 % en 2011, et de +2, 6 % en 2012. Le taux de chômage poursuivrait alors sa pente descendante en 2011, de même que les défaillances d'entreprises dont le repli pourrait dépasser celui déjà affiché en 2010 (-7 %). Pour la zone Euro, il y a un nouveau cap difficile à passer en 2011 ! Dossier réalisé par S. E. & I. B.