Le Maroc fait des efforts en matière de promotion de l'emploi, mais la qualité de l'enseignement fait défaut. Le BTP et l'offshoring, premiers créateurs d'emploi. De sérieuses réformes doivent être engagées par le gouvernement pour faire face à l'inadéquation formation-emploi. La promotion de l'emploi au Maroc est biaisée par plusieurs facteurs. D'un côté, on assiste à une inadéquation flagrante entre ce que demande le marché et la formation professionnelle offerte. De l'autre, un grand nombre de jeunes marocains poursuivent leur lutte pour décrocher l'emploi qui correspond à leurs compétences, souvent en raison de leur formation jugée «démodée ou obsolète» pour la vie professionnelle actuelle. Plusieurs indicateurs positifs ont été constatés au cours de cette année. Selon le HCP, le marché de l'emploi a enregistré une augmentation de 50% au terme des trois premiers mois de l'année, comparé à la même période de 2010. Même la conjoncture internationale économique n'a pas eu un grand impact sur notre pays. Si l'on se réfère au HCP toujours, la crise n'a pas frappé fort au Maroc et la majorité des Marocains aurait maintenu leurs emplois. Toutefois, on ne peut pas dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Malgré la baisse du taux de chômage (8,2% en septembre 2010), nombreux sont ceux qui sont en quête permanente d'un travail. Pourquoi ces jeunes peinent-ils à trouver un emploi ? Le problème se pose au niveau du système éducatif marocain. Ce système a été depuis longtemps pointé du doigt, et a fait l'objet de plusieurs critiques. En effet, l'inadéquation formation-emploi fait en sorte que les recruteurs, faute de profils adéquats, font appel aux compétences étrangères. Cette inadéquation et cette stérilité du système éducatif à laquelle nous assistons ont conduit à ce qu'on qualifie certaines Universités, pour ne pas dire toutes, de «fabriques à chômage» ! De sérieuses réformes s'imposent pour mettre à niveau le savoir-faire des jeunes diplômés et leur ouvrir ainsi des horizons d'embauche. Il est donc impératif de combler le fossé entre la formation professionnelle et le marché du travail. Selon Jamal Belahrach, manager de Manpower Afrique du Nord, «il faut un courage politique et une implication des acteurs économiques pour définir un vrai projet éducatif pour notre pays. Si nous ne nous y attelons pas, nous allons sacrifier encore d'autres générations». Sacrifier des générations, les propos sont forts mais la réalité l'est encore plus. Il y a une multiplication de diplômes «inutiles» et générateurs de chômage due à l'absence de toute orientation durant le cursus scolaire. Le Maroc d'aujourd'hui est un Maroc en chantier. Ce dont ont besoin les jeunes diplômés c'est de se voir capables d'affronter le monde du travail et de s'y faire une place. Pour ce faire, notre système éducatif doit délivrer des diplômes ayant une valeur sûre, permettant de surcroît à leur détenteur la protection contre le virus du chômage. La réforme de l'enseignement doit justement œuvrer dans ce sens pour apporter des réponses appropriées aux questions posées, afin de répondre adéquatement au marché de l'emploi. D'après?Hicham?Lakhmiri, Directeur général d'AmalJob, la solution serait de «rapprocher l'Université du monde du travail et établir des passerelles entre ces deux entités». En effet, si on veut faire du «sur-mesure» entre l'offre et la demande, il est impératif de réaliser un partenariat entreprise/ Université. D'autres voient les choses autrement. Si les entreprises cherchent des profils dits «sur-mesure», elles devront former elles-mêmes leurs recrues. Une méthode bien coûteuse mais d'un très grand profit sur le long terme. Qui recrute le plus ? Aujourd'hui, l'offshoring, qui connaît une expansion sans précédent dans notre pays, est l'un des premiers créateurs d'emplois au Maroc pour l'année 2010. Aussi, l'un des secteurs-phares dans la création de l'emploi demeure sans contestation celui du BTP et des services. Les banques, la grande distribution, l'industrie automobile, l'offshoring, les nouvelles technologies ou encore le tourisme, recrutent de plus en plus aussi. À cela s'ajoutent bien évidemment les investisseurs étrangers qui animent, de manière considérable, le marché de l'emploi au Maroc. Quant aux profils les plus demandés, «les informaticiens, financiers et commerciaux ont toujours le vent en poupe». Les fonctions support ( chef de projet, RH…) et les profils industriels sont également de plus en plus sollicités.