Dans un contexte de globalisation, l'évaluation de la compétitivité est devenue un outil indispensable pour les investisseurs, les bailleurs de fonds ainsi que pour les pouvoirs publics. Au Maroc, le Ministère du Commerce et de l'Industrie élabore chaque année l'Observatoire national de la compétitivité. Aujourd'hui encore, le Forum Économique Mondial présente le rapport version 2003 sur la compétitivité mondiale. Le Maroc a régressé selon l'indice de compétitivité de croissance, de la 52ème place à la 61ème place. Cette régression creuse davantage le fossé entre le Maroc et les pays émergents, particulièrement les pays asiatiques. Le Maroc se positionne derrière la Jordanie (34ème), la Tunisie (38ème) et l'Égypte (58ème). Certes, il devance la Turquie qui est classée au 65ème rang à cause de son instabilité politique qui influence son cadre macro-économique et empêche les banques de remplir correctement et dans de bonnes conditions leur mission d'intermédiaires financiers. Les raisons du recul du Maroc sont dues conjointement, selon l'édition 2003 du Forum Économique Mondial, au faible niveau de développement technologique (71ème) et à la fragilité de ses institutions publiques (68ème). Mais cela ne remet pas en cause l'environnement macro-économique qui est jugé relativement favorable par les auteurs du FEM. Pour rappel, le Maroc a pu préserver ses équilibres macro-économiques et maîtriser l'inflation, et ce en dépit de la dégradation du déficit public rapporté au PIB en 2002. Le diagnostic du classement du Maroc basé sur l'indice de compétitivité macro-économique fait ressortir la dégradation de la position du Maroc de 9 places. Toutefois, il est à préciser que dans la réalité, le Maroc n'a perdu que cinq places étant donné que le nombre de pays sujets au classement a augmenté de 80 dans le rapport 2002 à 102 dans celui de 2003. Ainsi, sur un total de 22 nouveaux pays, 4 ont pu déclasser le Maroc. Donc, automatiquement, si on déduit le nombre de pays récemment intégrés de l'effectif total, le Maroc apparaîtra en 57ème position au lieu de la 61ème. Dans son rapport, le Forum Économique Mondial attribue les faiblesses enregistrées au niveau des technologies de l'information à trois raisons. La première est liée à la faiblesse de l'équipement des entreprises marocaines en matériel informatique et la non-disponibilité d'une manière suffisante de moyens d'accès à l'information (coûts et infrastructures). En second lieu, force est de constater que l'innovation fait toujours défaut. Sur ce plan, le Maroc est classé 71ème en 2003. La troisième raison est due à la dégradation des recettes liées aux investissements directs étrangers et, partant, le recul du transfert technologique dont bénéfice le Maroc. Concernant le manque d'efficience des institutions publiques, il est à noter que leur fébrilité se traduit par le hiatus existant entre le développement escompté et les rouages administratifs qui pèsent encore sur la compétitivité au Maroc. Par ailleurs, le Maroc demeure toujours pointé du doigt à cause de la corruption. A cet égard, il est classé au 85ème rang en 2002. Enfin, concernant le rapport entre l'Administration et le système judiciaire susceptible de limiter les incitations à investir, le Maroc a reculé de la 46ème place à la 55ème selon l'indicateur "contact and law subindex". Le rapport du FEM souligne que le Maroc jouit d'un environnement macro-économique stable. Toutefois, l'indice de la stabilité macro-économique pénalise le classement du Maroc et le met à la 37ème place en 2003 contre 18ème en 2002. Cette contre performance s'explique par le fait que les agrégats macro-économiques se sont moins bien comportés en 2002 ( année de base de classement pour 2003) par rapport à l'année 2001 ( année de base de classement pour 2002). Entre 2001 et 2002, le taux de croissance du PIB a baissé de 6,3% à 3,2%; le déficit budgétaire s'est aggravé de 2,6% à 4,3% du PIB et le taux d'inflation est passé de 0,6% à 2,8%. Pour ce qui est de l'indice de compétitivité micro-économique, celui-ci témoigne d'une stabilité du climat des affaires au Maroc. En outre, malgré l'introduction de 22 nouveaux pays, cet indice est passé de la 48ème à la 49ème place. Reste que cette stabilité marque certaines disparités quant à l'évolution de deux indicateurs fondamentaux qui constituent l'indice de compétitivité micro-économique. Le Maroc a pu améliorer sa position concernant l'indice des "opérations et stratégies d'entreprises", mais a enregistré un recul concernant l'indice de l'environnement des affaires. Dans son rapport, le FEM prend en considération le fait que les chocs exogènes qui ont eu lieu ont pesé sur les marges de manoeuvre des politiques économiques et influencé la mise en place de réformes initiées afin d'améliorer les performances économiques du Maroc. Suite à cette analyse, la DPEG a émis certaines réserves quant à ce classement. En effet, il faut reconnaître que le Maroc dispose de plusieurs atouts (économie de marché, stabilité politique, ancrage démocratique...) qui lui permettent de relever les défis. Si le Maroc arrive à mieux valoriser ses atouts, il parviendra à améliorer son classement dans la compétitivité. En outre, il est temps que toutes les forces motrices du pays se mobilisent pour faire du Maroc une véritable plate-forme attractive à même de relever les défis. Ces forces devront être proactives afin de transformer les menaces en opportunités.