* Le taux de croissance du secteur industriel, qui est de 4,4 % sur 10 ans, est inférieur à celui de l'ensemble du PIB sur la même période (5,3 %). * Un taux de croissance moyen de 5,5 % prévu sur l'horizon 2004-2013 se traduirait par la génération de 60 Mds de PIB additionnel. Le programme Emergence continue de susciter les débats parce qu'il s'agit d'un programme sur lequel le Maroc projette toutes ses espérances afin de faire face aux défis économiques et au ralentissement de sa balance commerciale élargie. Dans ce sillage et afin d'éclairer ses adhérents sur les soubassements dudit programme, la Chambre de commerce britannique a organisé la semaine dernière une rencontre sous le thème : «Emergence : une politique ciblée et volontariste pour le secteur industriel». Jamali, du ministère du Commerce et de l'industrie, cheville ouvrière de ce programme, a rappelé le contexte dans lequel a germé l'idée de mettre en place ce programme issu de l'étude de Mc Kinsey. Comment le Maroc peut-il désormais se défendre et comment peut-il se repositionner dans un contexte pareil ? Au Maroc, la croissance est dépendante de l'agriculture au moment où la contribution de l'industrie stagne et oscille autour de 15 à 18 %. Le secteur industriel national contribue à hauteur de 16 % du PIB, de 12 % dans la création demplois. Il occupe en revanche une place prépondérante au niveau des exportations avec 52 % du total des exportations. Son taux de croissance historique de 4,4 % sur 10 ans est toutefois inférieur à celui de l'ensemble du PIB sur la même période (5,3 %) et cet écart s'est accentué sur les cinq dernières années. Néanmoins, le secteur industriel demeure fondamental et structurant pour l'économie marocaine, dans le sens où, d'une part, il participe à la stabilisation macro-économique du pays, et d'autre part, il est source importante d'exportations de produits et de devises étrangères. Le paysage industriel reste dominé par deux filières-phares (l'agroalimentaire et le textile) qui représentent à elles seules plus de 50 % du PIB industriel, plus de 70 % des emplois formels et plus de 75 % des exportations. Mieux encore, le Maroc a signé des accords de libre-échange d'où l'intérêt de ce programme. Cette politique industrielle ciblée et volontariste a fait l'objet d'une large consultation au sein du gouvernement ainsi qu'auprès des institutions professionnelles représentatives. Cette politique s'appuie sur une étude en trois grandes parties : un diagnostic et un benchmarking, une définition de la stratégie ciblée et, volontariste et enfin, un masterplan. Il s'agit aussi d'une stratégie qui s'appuie sur deux piliers, à savoir une modernisation compétitive qui traite l'existant avec des outils adaptés aux besoins et tout ce qui est assistance technique et financière. En matière de financement, il s'agit de retraiter les dettes de l'entreprise. L'État prend des garanties à hauteur de 40 % tout en mettant à la disposition des entreprises une expertise avec le soutien de l'État (80 à 100 %). Le second pilier est le ciblage volontariste sur certains secteurs qui ont émergé et qui sont appelés communément métiers mondiaux. Analyse de la compétitivité de la «Place Maroc» Une analyse de benchmarking détaillée a été réalisée pour évaluer le niveau de compétitivité de la « Place Maroc ». Cette analyse a permis de mesurer le niveau de compétitivité du Royaume par rapport à plusieurs pays répartis en 3 groupes (groupe de compétition, groupe d'aspiration et World class) en fonction de plusieurs critères, ce qui a permis d'identifier les filières sur lesquelles le Maroc avait les meilleures chances de se démarquer, du moins d'un point de vue théorique. Dans son groupe de compétition, l'analyse du benchmarking a permis de constater que le Maroc ne se distingue, ni positivement ni négativement, de son groupe de compétition au niveau des facteurs de compétitivité puisqu'il se trouve proche de la moyenne sur environ 80 % des indicateurs sélectionnés. Toutefois, il est à noter que le Maroc accuse encore un retard au niveau du coût de l'énergie, des télécoms, de la taille de son marché intérieur, de la qualité de l'Administration et de la réglementation des affaires et de la fiscalité. L'étude menée a permis de diagnostiquer les bouleversements introduits par la globalisation et la montée en puissance de l'Asie ainsi que ses répercussions au niveau des zones de production et du tissu industriel. Enfin, des études de cas internationaux (maquiladoras au Mexique, politique de ciblage en Malaisie, politiques de promotion à Dubaï ) ont été menées afin d'enrichir la réflexion au niveau de différentes approches en matière de développement économique. Une politique de développement volontariste produira certainement des retombées économiques considérables au niveau de l'ensemble de l'économie et notamment une accélération marquée de la croissance par rapport au scénario de référence (1,6 % de croissance du PIB, pour un taux de 4,5 % sur la période 2004-2013). Mais encore faut-il que les règles pré-établies soient respectées.