Bilan mitigé pour cette 17ème édition du Salon international de l'édition et du livre. Edgar Morin et Frédéric Mitterrand ont marqué les rencontres de cette édition. Une organisation à améliorer pour les années à venir. Le coup d'envoi de la cérémonie d'ouverture de la 17ème édition du Salon international de l'édition et du livre (SIEL) a été donné jeudi dernier par le Premier ministre Abbas El Fassi, en présence de nombreuse personnalités, notamment Mohamed Elyazghi, ministre d'Etat, Bensalem Himmich, ministre de la Culture, Abdellatif Maazouz, ministre de l'Intérieur et de nombreuses personnalités du monde de la littérature et de la culture. Cette rencontre, organisée sous le Haut Patronage de SM, sous le signe «la lecture, pilier de la société du savoir», est devenue le rendez-vous incontournable de l'année. Un espace d'échange entre philosophes, écrivains, éditeurs mais aussi un échange entre cultures avec la participation de plus de 42 pays. À l'heure où le Maroc vit une crise de lecture, le Salon joue un rôle essentiel dans la promotion du livre et reste un catalyseur indispensable pour inciter les plus jeunes à se réconcilier avec la lecture. Un effort remarquable a été déployé par les organisateurs de cette messe culturelle, comparativement à l'année précédente, notamment pour l'enfant auquel on a consacré un espace important. Des rencontres culturelles ont été organisées durant la première semaine avec la participation de personnalités de renom dans le monde de la littérature. C'est le cas de la rencontre inaugurale avec Edgar Morin, ancien résistant, ex-communiste, sociologue et philosophe et l'un des invités phares de cette édition. Agé de plus de 90 ans, Edgar Morin a pu plonger l'assistance dans une réflexion profonde sur la mondialisation, l'occidentalisation, la globalisation et surtout sa vision sur l'«intellectuel». L'intellectuel, aux yeux d'Edgar Morin, peut être un écrivain, un poète ou parfois un scientifique ; toutefois, il doit jouer un rôle irremplaçable, vu qu'aujourd'hui nous sommes soumis à des technocrates et des experts qui ne voient pas les choses dans leur globalité et complexité, D'après lui, l'intellectuel occupe une place importante dans notre société tout en signalant que des penseurs s'étaient trompés ainsi que de nombreuses hypothèses politiques se sont avérées avec le temps incorrectes. D'après Edgar Morin, dans l'être humain il y a «la raison», mais il y a aussi «le délire et la folie». Ce grand penseur et philosophe français a également parlé des différentes étapes de la mondialisation, son déclenchement au 15ème siècle, puis l'ère coloniale, post-coloniale, puis son accélération avec l'effondrement des pays de l'Est vers la fin du siècle dernier. Morin a relevé une réflexion sur la «mondialisation-occidentalisation», en incitant les Etats à préserver leur propre culture tout en prenant de l'Occident ce qui est bénéfique. À la fin de cette rencontre, Edgar Morin a félicité le Maroc pour sa démarche de développement humain et pour sa richesse culturelle. Une autre rencontre phare de cette édition a été la conférence-débat animée par Bensalem Himmich, ministre de la Culture, et Frédéric Mitterrand, son homologue français, sur la culture et les nouvelles technologies de l'information. Un débat chaud entre les deux responsables en désaccord sur le rôle de la culture et la présence de la littérature marocaine en France. Le ministre français a déclaré que les pays du Maghreb devaient fournir plus d'efforts pour faire voyager leur culture. Une réflexion qui a fait réagir Himmich, notamment sur l'absence d'une collection de la littérature marocaine chez la plus grande maison d'édition française, Gallimard. Les esprits se sont ensuite apaisés au cours du débat pour donner lieu à une rencontre riche où plusieurs points importants ont été évoqués. A savoir l'influence de la modernisation sur la culture, ainsi que le rôle de l'Internet dans le développement de la culture. Frédéric Mitterrand a signalé la mise en place d'une nouvelle stratégie pour développer la culture au Maroc. Il a également précisé que sa visite au SIEL lui a permis de découvrir des éditeurs et écrivains marocains. De son côté, Himmich a estimé que la culture joue un rôle important dans le développement économique, à savoir la création de l'emploi, citant à cet égard la contribution qu'apportent les secteurs du cinéma, du théâtre, du livre et de l'art en général. Plusieurs stands se sont démarqués lors de cette 7ème édition du SIEL, comme le stand du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCEM), avec un programme riche et diversifié de rencontres. Plus de 150 invités marocains et étrangers venant de plus de 15 pays, vont participer aux différentes rencontres organisées par le CCEM. La France est aussi présente en force avec un pavillon agrandi et réaménagé pour l'occasion, permettant d'accueillir des signatures mais également des ateliers pour enfants ainsi que des conférences en vue de faciliter les échanges entre les auteurs invités et le public. Tandis que l'Italie, l'invité d'honneur de cette année, promet un programme riche en histoire, art, musique, design, théâtre, archéologie et édition. Elle présente des œuvres qui reflètent le patrimoine d'un pays européen et méditerranéen protagoniste incontournable de l'art et de la culture, en tant qu'expression de vitalité et de modernité de l'Italie. Coup de gueule Malgré les efforts déployés par le ministère de la Culture en matière d'organisation, il reste tout de même des couacs dus en grande partie à l'organisation. Entre autres, des conférences annulées, un programme incomplet qui ne cesse de changer, des intervenants qui décident de ne pas assister… Les organisateurs du SIEL doivent revoir leurs copies et montrer plus de rigueur pour les prochaines éditions.