Malgré des indicateurs financiers en hausse au titre de l'exercice 2010, la valeur cède du terrain à Tunis, alors qu'elle est réservée à la baisse à la Bourse de Casablanca. Un expert-comptable et un juge nommés pour contrôler la gestion administrative et financière de la société. Les résultats 2011 pourraient être fortement compromis compte tenu de l'instabilité politique et économique qui règne dans le pays. Si cela peut éventuellement rassurer les investisseurs boursiers, notamment ceux de la place casablancaise, Ennakl Automobiles a vu ses indicateurs financiers, au titre de l'exercice 2010, s'inscrire en hausse. Les chiffres extraits de la situation provisoire comptable font, en effet, état d'un chiffre d'affaires de 411,5 MDT (2.357,7 MDH), soit une progression de 30% par rapport à l'exercice précédent, Ennakl s'appuyant notamment sur un réseau qui s'étend de plus en plus, passant d'une période à l'autre de 14 à 19 points de vente. Si au niveau du communiqué rendu public il n'est pas fait mention de certains agrégats comme le résultat d'exploitation ou encore le résultat financier, les données publiées par BMCE Capital Bourse font, elles, mention d'un résultat d'exploitation en progression de 41,3% à 43,3 MDT (248 MDH) grâce à la maîtrise des charges d'exploitation, notamment la masse salariale qui recule de 1,9% à 7,2 MDT (41,4 MDH). En conséquence, la marge opérationnelle gagne 0,8 point à 10,5%. Parallèlement, le résultat financier s'apprécie de 19,7% à 1,7 MDT (9,7 MDH), suite notamment à une baisse drastique des charges financières de 75% à 0,2 MDT (1,1 MDH), tandis que le résultat courant augmente de 40,3% à 45 MDT (257,8 MDH). Pour sa part, la trésorerie nette se bonifie de 49,6% à 61,4 MDT (351,6 MDH). Autre élément qui peut, tant s'en faut, rassurer les investisseurs : le management précise, en effet, que «Les événements postérieurs à la clôture de l'exercice comptable au 31/12/2010 ne remettent pas en cause la continuité d'exploitation de la société. Les dégâts constatés ne sont pas de nature à entraver la pérennité de la société». Des dégâts, il y en a eu effectivement, quand bien même la Direction d'Ennakl Automobiles les juge «minimes», assurant qu'«ils ne remettent en aucun cas en cause la continuité d'exploitation de la société et que cette dernière n'a aucun souci pour honorer ses engagements». Il s'avère ainsi que, suite aux émeutes, des véhicules se trouvant dans l'enceinte du port ont disparu ou ont été saccagés. Sont concernés 8 Porsche et 12 Seat estimés à 1,5 MDT. Néanmoins, «aucune détérioration n'a été constatée sur le stock de véhicules se trouvant aux parcs de la société Ennakl Automobiles». Les autorités rassurent Ces informations suffiront-elles à donner de nouveau confiance aux investisseurs ? C'est à voir. En tout cas, un gage de sécurité supplémentaire a été amené mardi dernier par la Justice tunisienne. En effet, le Conseil du marché financier (CMF) a annoncé que le président du tribunal de première instance de Tunis a décidé de désigner un expert-comptable et un juge ayant pour mission le contrôle de la gestion administrative et financière de la société. Chaque contrôleur sera ainsi tenu de présenter un rapport écrit au CMF et au juge contrôleur chaque fois que cela sera nécessaire, et au moins une fois tous les trois mois. Cette décision vise, entre autres, à garantir la continuité de l'exploitation de la société, sa bonne gestion, ainsi que la préservation de ses actifs. C'est d'ailleurs suite à cette annonce que la cotation de la valeur Ennakl a repris, mardi dernier, au niveau de la Bourse de Tunis, après plusieurs semaines de suspension. Et à l'évidence, tant les résultats au titre de 2010 que la désignation de contrôleurs n'ont pas été intégrés par les investisseurs. La valeur Ennakl a, en effet, dévissé, cédant 4,47% à 8,75 DT pour 41 titres échangés, soit une dépréciation de 25% depuis le début de l'année. A la Bourse de Casablanca, la cotation de la valeur a repris hier, mercredi. Dès l'ouverture de la séance, Ennakl a été réservée à la baisse. A l'évidence, les investisseurs n'ont plus foi en ce titre et essayent coûte que coûte de s'en débarrasser. S'il est vrai que les résultats 2010 sont jugés satisfaisants, rien ne garantit, en effet, que ceux de 2011 suivront la même tendance, eu égard au contexte économique et politique incertain qui prévaut en Tunisie. D'ailleurs, les analystes de BMCE Capital Bourse précisent qu'Ennakl «pourrait difficilement atteindre ses objectifs en 2011 eu égard à la situation politique actuelle pouvant remettre en cause même le système des quotas qui favorisent la société». Le leader tunisien de la distribution automobile bénéficiait, en effet, de largesses en la matière, quand bien même les quotas globaux d'importations sont fixés par le Conseil national du commerce extérieur. Il semble bien difficile, à cet égard, de restaurer la confiance auprès d'investisseurs qui n'ont, pour l'instant, aucune réelle visibilité sur l'avenir de la société Ennakl, malgré les bonnes intentions des pouvoirs publics tunisiens.